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Condamné pour avoir frappé son fils atteint d'un cancer


Tahiti, le 29 mars 2021 - Déjà mis en examen dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour coups mortels, un homme sans emploi de 25 ans a été présenté lundi en comparution immédiate pour répondre cette fois de graves violences commises sur sa compagne et de coups portés à son enfant de deux ans atteint d'un cancer. Le prévenu, dont le procureur a indiqué qu'il semblait présenter un profil "psychopathique", a été condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis probatoire.
 
Un certain effroi mêlé d'un fort sentiment d'incompréhension a gagné lundi le tribunal correctionnel lors de l'audience de comparution immédiate. La juridiction jugeait en effet un homme de 25 ans, originaire de Huahine, qui était poursuivi pour des violences commises sur sa compagne mais aussi sur son fils de deux ans issu d'une précédente relation et atteint d'un cancer.
 
Les violences commises sur sa compagne, rencontrée il y a à peine quatre mois, avaient eu lieu durant toute la soirée du 26 mars dernier. Le prévenu, qui comptait avoir des relations sexuelles avec elle ainsi qu'avec une autre jeune femme, avait emmené ces dernières dans différents endroits. A chaque fois et sans autre raison, selon lui, que le fait d'avoir bu, il avait rossé sa concubine en lui assénant des coups de pied et de poing. La victime avait fini par s'enfuir et demander de l'aide en sonnant à la porte d'une maison. Elle avait été hospitalisée et avait bénéficié de 10 jours d'incapacité totale de travail.

Sentiment de malaise

Quant aux autres violences commises sur son petit garçon de deux ans, elles avaient été signalées par le corps médical du CHPF qui avait, à plusieurs reprises, été témoin de gifles portées à l'enfant alors qu'il était hospitalisé pour être soigné d'un cancer. Entendu suite à ces signalements, le jeune homme a expliqué qu'il ne supportait pas que le personnel soignant fasse pleurer son enfant et que cela l’“énervait”. Entre les infirmiers et le petit garçon, il a donc choisi de déverser sa colère sur ce dernier.
 
A la barre du tribunal lundi, le prévenu, actuellement mis en examen dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour des violences ayant entraîné la mort sans la donner, a reconnu les faits sans y apporter d'autre explication que sa consommation d'alcool. Le témoignage de sa compagne, dont le cou et la moitié du visage étaient complètement tuméfiés, a plongé l'assistance dans un grand sentiment de malaise. Lors de sa plaidoirie, l'avocate de la victime a d'ailleurs rappelé que la justice se devait parfois de “protéger les victimes d'elles-mêmes”.

“Gestes adaptés”

Selon le procureur, qui a requis trois ans de prison dont un avec sursis probatoire, le prévenu est un “être violent et malveillant” qui semble s'inscrire dans “la lignée des profils psychopathiques”. Lors de ses réquisitions, le représentant du ministère public a cependant mentionné que le corps médical avait aussi relevé que le jeune homme avait les “gestes adaptés” avec son enfant et qu'il semblait s'en soucier sincèrement lorsqu'il l'accompagnait à l'hôpital.

Face à la tâche particulièrement lourde de la défense du prévenu, Me Fromaigeat a rappelé la nécessité d'aider ce dernier : “La difficulté vis-à-vis de mon client est que l'on manque de moyens pour le comprendre et que l'on risque donc de ne pas essayer de l'aider. Il y a cette violence en lui qui n'est pas du tout gérée et lui-même ne comprend pas pourquoi il passe à l'acte.” Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a finalement suivi les réquisitions du parquet en condamnant le prévenu à trois ans de prison dont un avec sursis probatoire assortis du maintien en détention.

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 29 Mars 2021 à 18:45 | Lu 5834 fois