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Comptes d'apothicaires à Bora Bora


Tahiti, le 17 mars 2021 - Le tribunal administratif de Papeete s’est penché ce mercredi sur le rejet d’une demande d’implantation d’une nouvelle pharmacie sur la Perle du Pacifique. L’administration veut combler un désert médical sur Anau alors que, selon une pharmacienne, l’implantation d’une deuxième officine sur Nunue se justifie plus.
 
La Polynésie a quelques difficultés dans l’implantation des pharmacies. Après l’ouverture illégale à trois reprises d’une deuxième pharmacie à Papara, le Pays avait été condamné à indemniser la première officine implantée à hauteur de 106 millions de Fcfp. S’il n’est pas encore possible de savoir si un nouveau feuilleton pharmaceutique s’ouvre au tribunal administratif, les modalités d’ouverture d’une deuxième pharmacie à Bora Bora ont déjà bien occupées le juge des référés ce mercredi matin.

De 7 000 à 5 000 habitants

Probablement vacciné par le contentieux sur Papara lié notamment à la possibilité de délivrance de dérogation pour l’ouverture d’une pharmacie, le Pays avait décidé de revoir sa copie. Une délibération prise fin 2019 avait ainsi quelque peu nettoyé la réglementation et dépoussiéré les conditions d’implantation jusqu’ici existantes. Le système de dérogation a disparu. Auparavant possible dans la limite d’une officine pour 7000 habitants, le seuil d’implantation était quant à lui rabaissé à 5 000 habitants. Bora Bora et ses 10 549 habitants peuvent ainsi recevoir un deuxième établissement dispensant des médicaments. Une opportunité dans laquelle une pharmacienne s’est engouffrée en déposant un dossier auprès de l’agence de régulation sanitaire (ARASS). Recalée pour une question de localisation, la candidate malheureuse a ainsi demandé la suspension de cette décision de rejet. Considérant que son dossier a été mal traité, elle demande en effet son réexamen.

Anau plutôt que Nunue

Elle souhaite en effet installer son officine sur Nunue, à quelque 1 250 m de celle déjà existante et, dans cette optique, loue déjà un local pour servir les 5 614 habitants de la commune associée. Le Pays quant à lui préférerait que cette professionnelle de la santé pose ses boîtes et autres sirops sur Anau. La zone ne disposerait pas de beaucoup de cachet au sens médicinal du terme. Le secteur est à privilégier car aucune offre médicale n’y est présente pour les 1 973 habitants. De par sa proximité avec de nombreux hôtels, il dispose cependant une clientèle de passage non négligeable. “Aucun intérêt” selon Me Millet, avocat de la pharmacienne qui ne veut pas avaler la pilule. Selon lui, il faut considérer, non pas la population de passage, mais la population résidente. “Est-ce que la Polynésie veut une pharmacie pour touristes ?”. Une interrogation à voix haute qui, compte tenu de la situation du tourisme sur l’île sonne étrangement. S’appuyant sur les chiffres de population mais également le fait que tous les docteurs sont installés à Nunue, implanter une pharmacie à Anau ne présente aucun intérêt et ne permet pas d’avoir une viabilité financière suffisante. Pour l’avocat, les critères utilisés par l’administration pour expliquer le rejet du dossier sont “subjectifs et flous”, les prescriptions –réglementaires celles là– n’ont pas été respectées. Une affirmation réfutée par le représentant du Pays qui, faisant une piqure de rappel des textes, considère que l’administration peut, pour assurer une desserte optimale de la population, “déterminer le ou les secteurs de la commune dans lesquels l’officine devra être située”. Le juge des référés devrait rendre son ordonnance dans la journée de jeudi. Après la saga de Papara, le cas de Nunue est à dénouer.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Mercredi 17 Mars 2021 à 19:39 | Lu 2768 fois