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Colombie: huit otages libérés, l'ELN appelée à cesser les enlèvements


Bogota, Colombie | AFP | mardi 09/05/2017 - Le gouvernement colombien a appelé mardi l'ELN à cesser de recourir aux enlèvements, après la libération par les forces de l'ordre de huit civils enlevés dimanche, une pratique qui "complique" les négociations en cours entre Bogota et la dernière guérilla active de Colombie.

"Sous la pression de la force publique, les huit séquestrés de Novita, Choco, ont été libérés. Ils sont déjà entre les mains de nos troupes", a tweeté le président Juan Manuel Santos. Ils sont "sains et saufs", a précisé le commandant de la police locale, le colonel John Arévalo.
Ces sept hommes et une femme avaient été enlevés dimanche par l'ELN à Sesego, zone rurale de la municipalité de Novita, dans le Choco, département pauvre du nord-ouest, confronté à la lutte entre groupes armés notamment pour le contrôle du trafic de drogue. 
"L'enlèvement de ces huit jeunes dans le Choco n'a été qu'une turpitude de plus d'un groupe de l'ELN", a déploré mardi Juan Camilo Restrepo, chef de la délégation gouvernementale pour les pourparlers avec l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), rébellion inspirée de la révolution cubaine et issue d'une insurrection paysanne en 1964.
Soulignant que la prise d'otages est une atteinte au droit international humanitaire, M. Restrepo a ajouté que le gouvernement "insistera à nouveau auprès de l'ELN (...) lors de la reprise des négociations le 16 mai prochain pour qu'elle renonce à la pratique de l'enlèvement afin que (...) les négociations puissent avancer".
 

- 'Intervention urgente' -

 
Le gouvernement avait estimé lundi que de tels faits "compliquent énormément" ces négociations entamées le 7 février à Quito et dont le deuxième cycle doit se tenir également en Equateur, l'un des pays garant de ce processus de paix.
Carlos Alfonso Negret, le Défenseur national du peuple, entité chargée de la protection des droits humains, a pour sa part appelé à une "intervention urgente" des autorités face aux "enlèvements, homicides, déplacements, confinements et menaces" dont est victime la population du Choco, selon un communiqué.
Le week-end dernier, son représentant dans le Choco, Luis Enrique Murillo, avait précisé à l'AFP que les huit otages étaient chez eux lorsqu'"ils ont été interpellés illégalement", puis emmenés en bateau.
En négociant avec l'ELN, M. Santos, prix Nobel de la Paix 2016, cherche à atteindre une "paix complète" après avoir signé en novembre un accord de paix historique avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), la principale et plus ancienne guérilla des Amériques.
Les quelque 7.000 combattants de cette rébellion sont actuellement rassemblés dans 26 zones de désarmement disséminées dans toute le pays, où ils doivent déposer les armes et préparer leur retour à la vie civile sous supervision de l'ONU.
 

- Lutte de contrôle du territoire -

 
Mais avec le retrait de ces guérilleros, l'ELN et d'autres groupes armés illégaux - dont les milices d'Autodéfense gaitanistes de Colombie (AGC) formées par d'ex-paramilitaires officiellement démobilisés - se disputent les anciennes zones de contrôle des Farc, notamment le Choco, stratégique pour l'exportation de la drogue via l'océan Pacifique et la mer des Caraïbes.
Un employé de l'Office des Nations unies contre la drogue et la criminalité (ONUDC), enlevé par des dissidents des Farc le 3 mai, peu avant la visite en Colombie des membres du Conseil de sécurité des Nations unies, n'avait d'ailleurs toujours pas été libéré mardi.
"Nous continuons à travailler main dans la main avec les autorités nationales et locales pour nous assurer que notre collègue de l'ONUDC soit libéré le plus rapidement possible", a déclaré à l'AFP Hélène Papper, directrice à Bogota du Centre d'information de l'ONU pour la Colombie, l'Equateur et le Venezuela.
Ce fonctionnaire avait été enlevé mercredi dernier dans le département du Guaviare (sud-est) pendant une campagne pour la substitution des cultures illicites, telles que la coca et la marijuana.
Les dissidents des Farc sont estimés à environ 400, selon Kyle Johnson, analyste d'International Crisis Group. 
Le conflit armé colombien a impliqué depuis le début des années 1960 une trentaine de guérillas d'extrême gauche, des milices paramilitaires d'extrême droite et les forces de l'ordre, faisant au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 7,1 millions de déplacés.

le Mercredi 10 Mai 2017 à 05:26 | Lu 143 fois