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Coco Deane s’enfonce dans le déni


Tahiti, le 29 octobre 2020 - L’ancien premier adjoint de la mairie de Arue, Jacques dit "Coco" Deane, a comparu jeudi devant la cour d’appel de Papeete pour les faits de harcèlement sexuel pour lesquels il avait déjà été condamné en première instance à un an de prison avec sursis et deux ans d'inéligibilité. A la barre, il a vivement nié les faits qui lui étaient reprochés face aux éléments accablants du dossier. La cour rendra sa décision le 12 novembre.
 
Comportement issu d’un "autre siècle", d’un "autre temps", où les hommes se prévalaient d’un "droit de cuissage", ou de "promotions canapé" dans un cadre professionnel à des femmes soumises à leur pouvoir hiérarchique… L’avocat général n’a pas manqué, jeudi, lors du procès en appel de l’ancien premier adjoint de la mairie d’Arue, de soulever le comportement pour le moins "déplacé" de l’ex-premier adjoint de la commune de Arue, Jacques dit "Coco" Deane.
 
Condamné en première instance, le 26 novembre dernier, à un an de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité assortis d’une "exécution provisoire" pour le harcèlement sexuel de la directrice des ressources humaines de la commune, l’homme politique avait fait appel de sa condamnation. L’audience devant la juridiction a donc eu lieu jeudi matin.
 
"Passion non partagée"
 
Rappelons que, dans cette affaire, le premier adjoint de la commune de Arue s’était "pris d’une passion non partagée" pour la cadre de la commune, pour reprendre les termes du tribunal administratif en 2018. Pendant près d’un an, l’élu avait envoyé des e-mails et pas moins de 68 SMS pour déclarer sa flamme de façon très insistante à l’employée : "Bonne nuit ma petite chatte", "Bonne nuit. J’ai envie de te serrer contre moi"… Mais surtout, l’élu n’avait pas supporté que l'agent lui résiste et s’était ensuite vengé sur l’employée communale. Coco Deane s’est "montré difficile et colérique, perturbant la gestion du service" relevait d’ailleurs le tribunal administratif dans sa décision de 2018.
 
A la barre, jeudi, et face aux témoignages accablants issus du dossier, Jacques Deane a pourtant continué de nier les faits. Et l'évidence… L'ancien élu qui s'est montré particulièrement exécrable avec la victime. Cette dernière, présente à l'audience, est apparue effondrée devant le comportement jusqu'au-boutiste de l'ancien adjoint. L'avocaty général, déplorant un "autre temps" où les hommes politiques se sentaient investis d’un "pouvoir absolu", a requis la confirmation de l'année de prison avec sursis mais avec un sursis probatoire porté à trois ans et une peine d’inéligibilité augmentée à trois ans.
 
Justice "Instrumentalisée"
 
L'avocat de Jacques Deane, Me Bennouar, a de son côté recentré le débat sur le harcèlement moral reproché à son client. Il a regretté que la plainte ait été portée devant le tribunal en raison des suspicions reprochées à son client de "liguer des salariés de la commune à sa cause". L'avocat s'est également interrogé sur le délai du dépôt de plainte de la victime, déclaré en août 2017, "soit plus d'une année après les faits incriminés". "Le dossier n'est constitué pour l'essentiel que de déclarations de quelques agents communaux sous l'autorité de la victime, responsable des ressources humaines, dont la gestion a été fortement critiquée par le sentiment de toute puissance qui l'animait", a défendu le conseil de Jacques Deane. "Finalement, la juridiction pénale est instrumentalisée pour permettre à la victime de se soustraire à toute action à son encontre". 
 
La cour d’appel a mis sa décision en délibéré. Décision qui sera rendue le 12 novembre prochain.
 

Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 30 Octobre 2020 à 01:09 | Lu 4827 fois