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Climat: ultimes efforts à Cancun pour éloigner le spectre de Copenhague


Climat: ultimes efforts à Cancun pour éloigner le spectre de Copenhague
CANCUN, 9 décembre 2010 (AFP) - Les pays de la planète tentaient jeudi à Cancun, à 24 heures de la clôture des débats, de trouver un compromis sur le climat, en particulier sur la question sensible de l'aide financière aux pays du Sud, et éviter, un an après Copenhague, une nouvelle déconvenue.

"Je suis prudemment optimiste car toutes les délégations sont déterminées à aboutir (...) et font preuve de créativité", a déclaré, Luiz Alberto Figueiredo, chef de la délégation brésilienne, visiblement épuisé.

A l'issue d'une nouvelle nuit de négociations, de nombreux points qui semblaient assez mûrs il y a quelques jours, tels le transfert de technologies propres vers le Sud ou l'aide financière, faisaient l'objets de réels blocages.

L'accord de Copenhague prévoit 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour aider les pays en développement à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre mais aussi à s'adapter aux impacts du changement climatique (sécheresses, inondations, montée du niveau des océans, fonte des glaciers de montagne...)

Une partie des fonds doit transiter par un "Fonds Vert". Les pays développés, Etats-Unis en tête, insistent pour utiliser, dans une large mesure, des institutions existantes telles que la Banque Mondiale, garantes selon eux d'une gouvernance financière solide. Les pays en développement rejettent par contre cette idée, souhaitant un accès plus direct aux ressources, une meilleure représentation dans les organismes de décision, et une gouvernance essentiellement onusienne.

Selon la ministre française de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, les discussions restaient très difficiles sur ce point.

"Il y a un vrai débat sur la gouvernance. A partir du moment où cela ne plaît pas aux pays du Sud et que c'est un Fonds qui leur est destiné, il est évident que cela pose un problème", a-t-elle expliqué.

Par ailleurs, concernant l'alimentation de ce fonds, "l'idée de financements alternatifs, comme des taxes sur les transports et les transactions financières, mise en avant récemment par un groupe de travail de l'Onu, fait son chemin", s'est-elle félicité.

La question de l'avenir du protocole de Kyoto, seul traité juridiquement contraignant existant à ce jour dont la première période d'engagement s'achève fin 2012, empoisonnait toujours les discussions.

Les négociateurs sont "en quête d'une tournure", selon les termes du négociateur brésilien, qui permette de satisfaire ceux qui ne veulent pas entendre parler d'une seconde période d'engagment (Japon en tête), et ceux, tels les grands pays émergents (Inde, Chine, Brésil, Afrique du Sud), qui en font une condition "non négociable".

Mercredi soir, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a jugé crucial de parvenir à des résultats concrets dans la station balnéaire mexicaine, en particulier dans la lutte contre la déforestation, reconnaissant que le rendez-vous de Copenhague avait eu un impact très négatif sur un processus dans lequel il s'est personnellement beaucoup impliqué.

"Nous devons apporter une note d'espoir à une opinion publique qui est de plus en plus désabusée par rapport aux faibles progrès enregistrés dans les négociations sur la changement climatique", a-t-il lancé.

Si cette conférence échoue, "c'est un drame absolu, ça casse la machine", résumait l'expert français Pierre Radanne, qui conseille les Etats africains.

Le texte d'une trentaine de pages rédigé par la présidente du principal groupe de travail, la Zimbabwéenne Margaret Mukahanana-Sangarwe, pour servir de base à ce qui pourrait être adopté vendredi soir, continuait d'être débattu pied à pied, en petits groupes de travails mêlant ministres et négociateurs.

Izabella Teixeira, ministre brésilienne de l'Environnement a averti: "A partir de maintenant, nous entrons dans la phase où, dans des salles fermées, à l'abri des regards, des négociateurs tendus, épuisés, travaillent sans manger jusqu'au bout de la nuit".

jca/cls/dro

Rédigé par Par Jérôme CARTILLIER le Jeudi 9 Décembre 2010 à 05:53 | Lu 418 fois