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Cérémonies de l’ANZAC Day : 96 ans après, la ferveur est toujours là


Anzac Day et Pacific Partnership à Vanuatu et en haute mer : dépôt de gerbe à Port-Vila, à Luganville (Santo), sonnerie au clairon et recueillement à bord de l’USS Cleveland (Source photos : US Pacific Command)
Anzac Day et Pacific Partnership à Vanuatu et en haute mer : dépôt de gerbe à Port-Vila, à Luganville (Santo), sonnerie au clairon et recueillement à bord de l’USS Cleveland (Source photos : US Pacific Command)
WELLINGTON, lundi 25 avril 2011 (Flash d'Océanie) – Pour cette édition 2011 des traditionnelles cérémonies de l’ANZAC Day, marquant notamment le 96ème anniversaire de la première bataille de Gallipoli (le 25 avril 1915 dans les Dardanelles) des corps expéditionnaires australiens et néo-zélandais, des dizaines de milliers de personnes, bravant le plus souvent la pluie battante, ont assisté lundi aux cérémonies du point du jour, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Europe, mais aussi en Océanie.
Au plan régional, ces cérémonies ont aussi été organisée sur des théâtres actuels de déploiement de force australiennes et néo-zélandaises, comme les îles Salomon (où se trouve depuis juillet 2003 la force de stabilisation « RAMSI », sous mandat du Forum des Îles du Pacifique), le Timor oriental (où les troupes australiennes et néo-zélandaises participent à une opération de stabilisation et de surveillance sous mandat de l’ONU).
En Nouvelle-Calédonie, des cérémonies conjointes ont aussi eu lieu ce week-end et lundi, réunissant représentants locaux et officiels, y compris militaires, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, sur les lieux de cimetières de soldats néo-zélandais et notamment non loin de Bourail (Nessadiou, côte Ouest de l’île principale) ou encire près de Pouembout (sur le lieu dit de la Plaine des Gaïacs).
La Nouvelle-Calédonie fut une base avancée stratégique américaine au cours de la guerre du Pacifique, entre 1942 et 1945.
Ces cérémonies de l’ANZAC Day en Nouvelle-Calédonie marquent aussi le coup d’envoi d’une exposition photographique baptisée « Bleuets et coquelicots » inaugurée le 22 avril (ouverte jusqu’au 22 mai 2011) et dédiée à la fraternité d’armes entres soldats français (y compris ceux d’Océanie) et australiens au cours des deux conflits mondiaux.
D’autres cérémonies ont aussi eu lieu en Afghanistan, où troupes australiennes et néo-zélandaises sont présentes dans le cadre des efforts de stabilisation et de reconstruction.
Cette année aussi, les cérémonies de l’ANZAC Day coïncident avec le début d’une série de manœuvres régionales, baptisées « Pacific Partnership » et qui ont déjà achevé une première étape dans les îles du Nord de Tonga.
Ces manœuvres, à caractère humanitaire, associent notamment les forces australiennes et néo-zélandaises, mais aussi françaises et américaines (autour d’un nouvel axe « FRANZUS ») avec comme point d’orgue la mise à l’épreuve du principe d’interopérabilité entre puissances riveraines de l’Océan Pacifique.

Cette année aussi, à l’occasion de ces cérémonies (toujours marquée par un dépôt de gerbes, un lever des drapeaux et une sonnerie au clairon), une place toute particulière a été accordée aux récentes victimes des catastrophes qui ont frappé l’Australie et la Nouvelle-Zélande depuis fin 2010, parmi lesquelles d’énormes inondations dans le Queensland australien, deux séisme puissants ayant frappé la ville néo-zélandaise de Christchurch (île du Sud début septembre 2010 et le 22 février 2011, faisant plus de 180 victimes) et une catastrophe minière également en Nouvelle-Zélande en fin d’année dernière.
Le Premier ministre néo-zélandais, John Key, pour sa part, participait aussi ce week-end aux cérémonies liées à l’ANZAC, mais sur le sol français, dans la ville du Quesnoy (Nord) où sont tombés des centaines de soldats néo-zélandais vers la fin de la Première Guerre Mondiale.

Gallipoli

Tous les ans, fin avril (pour 2011, la date retenue sera celle du 25 avril), en Australie, en Nouvelle-Zélande et au-delà, dans tout le Pacifique et jusqu'en France, ainsi que sur les plages de Gallipoli (Dardanelles, Turquie), des cérémonies commémorent l'ANZAC Day marquant le jour du souvenir des morts australiens (que leurs compatriotes appellent les « Diggers », équivalent des « poilus » français) et néo-zélandais tombés au combat durant la première guerre mondiale.
Cette participation des troupes australiennes et néo-zélandaises au corps expéditionnaire allié est depuis considérée comme un acte fondateur de ces deux nations.
L’une des plus sanglantes batailles des ANZAC au cours de la Première Guerre Mondiale, a eu lieu les plages de Gallipoli, dans la péninsule des Dardanelles (Turquie), à partir du 25 avril 1915.
Lors de ce débarquement qui s'est révélé être un massacre pour des dizaines de milliers de soldats du corps expéditionnaire australien et néo-zélandais, le débarquement a fait 2.300 morts et plus de 8.000 blessés.
Huit mois durant, sur les cinquante mille soldats Australiens de l’ANZAC engagés dans cette campagne de Gallipoli contre les troupes de l’empire ottoman, vingt six mille ont été tués.
Cette offensive, qui se traduisait dans sa phase initiale par un débarquement sur une plage au pied d'une falaise, s’est soldée par un véritable massacre.
Au total, ce furent quelque 16.000 soldats australiens et néo-zélandais qui participèrent à ce débarquement censé libérer l'accès de la Mer Noire et permettre aux forces alliées de venir en aide à la Russie.
Au cours des huit mois suivants, 50.000 autres « ANZAC » participèrent à cette bataille, aux côtés de 36.000 autres soldats français, britanniques et indiens.

Un passé toujours présent

Tout récemment, mardi 19 avril 2011, les restes d’un pilote australien dont l’appareil, un Spitfire de la Royal Australian Air Force avait été abattu cinq jours après le débarquement allié en Normandie, au cours de l’opération « Overlord », le 6 juin 1944, ont été enterrés avec les honneurs militaires sur le sol français.
La cérémonie d’inhumation lieutenant Henry ‘Lacy’ Smith a eu lieu au cimetière militaire de Ranville (Normandie) en présence de hauts dignitaires australiens, dont le ministre des anciens combattants Warren Snowdon et le commandant de l’armée de l’air australienne, le général de division aérienne Mark Binskin, ainsi que des descendants de ce pilote tombé sur le sol français et qui était originaire de Sydney, du quartier de « Sans Souci » (en Français dans le texte), selon la biographie officielle communiquée par le ministère de la défense.
Les restes du Spitfire, abattu par la DCA allemande le 11 juin 1944, et ceux du soldat à l’intérieur, avaient été découverts en novembre 2010, par hasard, dans l’Orne, près de Caen.
Les restes de l’avion devraient dans un premier temps être maintenus sous l’eau afin de les préserver en attendant un voyage prévu mi-2011 vers l’Australie, où la carcasse devrait être restaurée et à terme exposée au musée de la Royal Air Force, dans l’État du Victoria.
Le ministre Snowdon a rappelé le sacrifice de centaines d’Australiens ayant participé à la libération de la France et de l’Europe occidentale en 1944-45.
Le 8 avril 2011, le ministre Snowdon annonçait une autre découverte, ainsi qu’une identification concernant cette fois-ci les restes de 14 soldats australiens tombés au cours de la Première Guerre Mondiale et en particulier dans les batailles du Nord de la France (Somme), à Fromelles, mi-juillet 1916.
Le site de Fromelles, et en particulier les restes découverts ces dernières années sur lieu dit « Bois aux Faisans », a tout récemment rendu à l’Australie, en juillet 2010, 94 ans après sa mort, le corps d’un de ces « poilus » australiens morts sur le sol français.
Le 20 juillet 2010, 94 ans jour pour jour après la meurtrière bataille de Fromelles, près de Lille (France), le dernier d’un groupe de quelque deux cent cinquante soldats britannique et australiens, jusqu’ici portés disparus et toujours non identifiés, a été inhumé avec les honneurs militaires, au cours d’une cérémonie qui a réuni les autorités françaises, australiennes et britanniques, non loin du lieu-dit « Bois aux Faisans ».
Grâce à l’usage de la technologie ADN, des témoignages des familles et des archives militaires, sur les restes des deux cent cinquante hommes retrouvés au cours d’excavations au cours des deux dernières années sur ce site, deux cent cinq ont été identifiés comme Australiens, et parmi ceux-là quatre vingt seize ont pu être nommés.
C’est l’un de ces soldats inconnus à qui les honneurs ont été rendus au cours de cette cérémonie.

« Connu de Seul Dieu »

Sur sa pierre tombale a été inscrite l’épitaphe : « Connu de Seul Dieu » (Known unto God).
La cérémonie s’et déroulée en présence de la Gouverneure Générale d’Australie, représentante officielle de la Reine d’Angleterre dans ce pays appartenant toujours a Commonwealth, Mme Quentin Bryce, ainsi que du commandant en chef des armées australienne, le Général de Corps d’Armée Ken Gillespie et du ministre australien de l’époque en charge des anciens combattants et du personnel de la défense, M. Allain Griffin.
Le Royaume-Uni était notamment représenté par le Prince Charles d’Angleterre.
Côté français, participait notamment aux cérémonies le Général d'armée Elrick Irastorza, chef d'état-major de l'armée de Terre.
Cette cérémonie a aussi été l’occasion d’inaugurer le nouveau site, construit sur financement conjoint de l’Australie et du Royaume-Uni dans le cadre d’un projet du Commonwealth, où reposent désormais ces soldats.
La bataille de Fromelles a eu lieu deux jours durant, les 19 et 20 juillet 1916, au Sud-ouest de Lille.
Entre toutes les guerres auxquelles il aura participé, elle se révéla la plus meurtrière pour le corps expéditionnaire australien : 1.780 soldats y trouvèrent la mort et près de cinq mille autres furent blessé, faits prisonniers ou portés disparus, rappelait lundi le ministère australien de la défense, qui continue par ailleurs à appeler les familles à se manifester au cas où elles pensent qu’un de leurs membres fasse partie des victimes de cette bataille.
Les travaux d’excavation et d’exhumation des restes de ces soldats australiens et britanniques tombés en juillet 1916 lors de la bataille de Fromelles au cours de la Première Guerre Mondiale avaient commencé en mai 2009 après une découverte l’année précédente.
Une première série de cérémonies d’inhumation a eu lieu en février 2010 pour ces « poilus » australiens (que leurs compatriotes appellent « diggers », en référence directe à la guerre des tranchées), a-t-il ajouté.
La bataille de Fromelles avait pour objectif premier de faire diversion pour ensuite « fixer » les troupes allemandes dans la Somme.

Lourd passé franco-australien

Durant la Premier Guerre mondiale, sur le sol français, la bataille de la Somme a aussi emporté des milliers de soldats australiens et néo-zélandais.
Les cérémonies les plus importantes de ces dernières années ont eu lieu sur les champs de ces batailles, et en particulier Villers-Bretonneux et à Bullecourt.
Au cours de cette seule bataille, les pertes australiennes se sont élevées à quelque 1.200 hommes et autant de blessés.
Dans ce village français, les rappels historiques sont permanents, de la plaque "N'oublions jamais l'Australie" à l'hôtel de ville à la "Rue de Melbourne", principale artère du village, en passant par… le restaurant "Kangourou".

Récent enterrement d’un soldat inconnu néo-zélandais

Sur ce même mode d’hommage, le 17 février 2011, c’était un soldat néo-zélandais dont l’identité n’a jamais été connue qui a été enterré avec les honneurs au cimetière néo-zélandais de la commune française de Longueval (Somme) 95 ans après sa mort sur le front de la Première Guerre Mondiale, lors de la bataille de la Somme, en septembre 1916.
Les restes de ce soldat avaient été découverts par hasard par un agriculteur, fin 2009.
Les restes de ce soldat ont été inhumés avec les honneurs au cours d’une cérémonie officielle à laquelle assistaient notamment l’ambassadrice néo-zélandaise en France, Rosemary Banks, plusieurs officiers supérieurs de la New Zealand Defence Force (dont l’attaché de défense à Paris, le Général de Brigade Phil Gibbons), ainsi que Jany Fournier, Maire de Longueval.
À l’occasion des cérémonies commémorant l’armistice du 11 novembre 1918, en 2004, la Nouvelle-Zélande avait rapatrié de France les restes de celui qui est désormais considéré comme son soldat inconnu, pour lequel un monument a été érigé dans la capitale Wellington, pour la première fois.
Ce poilu Kiwi, dont l’identité n’a jamais été établie, est mort au combat sur le sol français pendant la bataille de la Somme, en 1916, au cours de la Première Guerre Mondiale.
Au cours d’une cérémonie au cimetière néo-zélandais de Longueval, un hommage avait simultanément été rendu aux quelques douze mille soldats kiwis qui (parmi les 100.000 hommes ayant combattu) morts pendant le premier conflit mondial du vingtième siècle.
Le soldat inconnu a été enterré à Wellington, capitale néo-zélandaise, avec les honneurs militaires.


Cérémonies de l’ANZAC Day : 96 ans après, la ferveur est toujours là
Le Quesnoy, autre lieu de mémoire

Un autre village française de la même région, possède lui aussi une histoire chargée de mémoires néo-zélandaise : la petite commune du Quesnoy.
Depuis la première guerre mondiale et en raison du passage de ce bataillon sur le sol français et en particulier dans cette région, les liens sont restés forts entre Le Quesnoy et ces soldats du bout du monde.

« Carrière Wellington » : un nouvel historial néo-zélandais à Arras

En février 2008, à Arras, un autre hommage a été rendu, cette fois-ci aux soldats néo-zélandais qui, durant la première guerre mondiale (et en particulier lors de la bataille d'Arras, à partir d'avril 1917), ont creusé un véritable réseau sous-terrain sous la ville d'Arras, afin de permettre aux troupes d'avancer le plus possible vers le front avant que de surgir face à l'armée allemande.
Cette « Carrière Wellington », creusée dans la craie plus de vingt mètres sous terre par près de cinq cent soldats néo-zélandais est désormais un musée historial grandeur nature, dédié à la mémoire de ces soldats qui, dans le civil, travaillaient alors dans des mines néo-zélandaises d'or ou de charbon.
Ces tunnels ont fini par constituer une véritable ville souterraine, avec ses allées (dont les noms étaient ceux de villes néo-zélandaises), son système de production électrique, l'eau courante, ses cuisines, un petit hôpital comportant bloc opératoire et même une petite voie ferrée.
L'ensemble était capable d'héberger jusqu'à vingt mille hommes.


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Rédigé par PAD le Lundi 25 Avril 2011 à 18:07 | Lu 1077 fois