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Cataracte: les ophtalmologues craignent une chirurgie au rabais


PARIS, 13 juin 2014 (AFP) - Plus d'un Français sur deux sera opéré de la cataracte au cours de sa vie mais ne pourra pas forcément bénéficier des derniers progrès médicaux, ont averti vendredi des ophtalmologues.

"La chirurgie de la cataracte est l'un des plus grands progrès médicaux du XXe siècle et continue à faire l'objet d'innovations mais sa prise en charge devient problématique", a déclaré le Pr Béatrice Cochener, présidente de l'Académie française d'ophtalmologie (AFO) qui redoute que le niveau de remboursement de l'acte soit à nouveau revu à la baisse dans le cadre des nouvelles mesures d'économies de la Sécurité sociale.

La cataracte est un processus de vieillissement naturel du cristallin qui perd progressivement de la transparence et peut aboutir à la cécité s'il n'est pas opéré.

L'opération de la cataracte consiste à remplacer le cristallin abîmé par un cristallin artificiel. C'est l'intervention la plus pratiquée en France, toutes chirurgies confondues, et elle a lieu à un âge moyen de 73 ans.

Quelque 400.000 Français en ont bénéficié en 2013, mais leur nombre devrait augmenter rapidement au cours des prochaines années, avec l'augmentation des personnes de plus de 60 ans et les exigences visuelles croissantes des seniors, qui veulent continuer à pouvoir utiliser des écrans, tablettes, smartphones et à conduire de nuit.

L'intervention est aujourd'hui parfaitement rodée et pratiquée à 90% en ambulatoire, avec la plupart du temps une simple anesthésie topique (qui consiste à mettre des gouttes d'anesthésique dans l'oeil).

"Grâce à des efforts extrêmement importants réalisés par le monde hospitalier et les ophtalmologistes ces dernières années, le coût moyen d'une cataracte pour l'assurance maladie est passé de 1.552 à 1.227 euros entre 2005 et 2013, soit une baisse de 20% alors même que l'inflation cumulée pendant la période atteignait 15%" font valoir dans un communiqué l'AFO et le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF).

Mais pour le Dr Thierry Bour, secrétaire général adjoint du SNOF, comme pour le Dr Cochener, une nouvelle réduction du remboursement risque de pénaliser les personnes âgées les plus fragiles, notamment celles qui n'ont pas de mutuelles, en leur interdisant tout accès aux techniques de pointe.

Seulement un quart des cataractes sont aujourd'hui opérées à l'hôpital public, précise-t-il.

Les autres sont prises en charge par des cliniques privées où les dépassements sont en moyenne de l'ordre de 160 euros auxquels s'ajoutent des suppléments importants pour les implants les plus perfectionnés.

Même en secteur 1, des suppléments allant de 250 à 700 euros peuvent aujourd'hui être demandés pour un implant permettant également de corriger myopie ou astigmatisme.

D'autres innovations se profilent comme l'utilisation du laser dit "femtoseconde" permettant des incisions et des découpes beaucoup plus précises, mais qui en raison de son coût élevé, pourrait se traduire par un surcoût de 300 euros par intervention, selon le Dr Cochener.

Rédigé par () le Vendredi 13 Juin 2014 à 06:08 | Lu 804 fois