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Carrefour opte pour le Black Friday en ligne


Tahiti, le 19 novembre 2020 – En pleine crise Covid, l'enseigne Carrefour en Polynésie a opté pour un Black Friday entièrement dématérialisé, uniquement sur une boutique éphémère en ligne et sans aucune promotion en magasin. L'opération est une première à cette échelle au fenua, avec son lot de contraintes.
 
A la veille du lancement de la première opération commerciale entièrement dématérialisée du premier groupe de grande distribution en Polynésie française, Nancy Wane oscille entre "excitation et appréhension". En pleine crise du Covid, la directrice générale Grande distribution des entreprises du groupe Wane –l'enseigne Carrefour– a pris le pari de lancer la célèbre opération annuelle "Black Friday" entièrement et uniquement en ligne. Alors qu'en métropole le débat oppose notamment Amazon et les petits commerçants sur le report de l'opération à début décembre en raison du confinement, le groupe polynésien a fait le choix du maintien de l'opération. Mais sans aucune animation ou promotion en magasin. Une nécessité pour éviter les attroupements, lors de cet événement commercial qui compte parmi les plus attendus de l'année…
 
Importé des Etats-Unis, où le "Vendredi noir" désigne la journée de promotions exceptionnelles le vendredi suivant la fête de Thanksgiving, le Black Friday est également synonyme depuis plusieurs années en Polynésie d'une période de soldes étalée sur plusieurs jours et préparée de longs mois à l'avance chez le poids lourd de la grande distribution au fenua. Mais cette année, les restrictions sanitaires rendent impossible les animations et autres ventes flash en magasin. "On a essayé de se réinventer", explique Nancy Wane, "tout en poursuivant notre orientation digitale initiée ces dernières années". Le groupe a donc opté pour une opération déclinée uniquement cette année sur une "boutique éphémère" de vente en ligne. Boutique qui sera accessible du samedi 21 novembre à 8 heures précises au dimanche 29 novembre à 23h59.
 
"L'organisation en back office est lourde"
 
Très concrètement, l'opération porte sur une sélection très resserrée de 21 produits en électro-ménager, image et son, informatique et bazar (outillage/jardinage). Des boombox, téléviseurs ou autres réfrigérateurs soldés en moyenne à 40% et disponibles uniquement en paiement en ligne par carte bancaire. La plateforme digitale conçue pour l'occasion par quatre développeurs et marketeurs du groupe indiquera en temps réel l'état des stocks pour chaque produit et dans chacun des quatre magasins de Tahiti. Côté "check out" pour la réception des produits, l'enseigne a prévu des systèmes de drive sur des créneaux horaires fixés à l'avance ou un système de livraison. "Le but, c'est le sans contact maximum", explique la directrice.
 
Si d'autres enseignes du fenua ont déjà opté pour des systèmes de vente en ligne ces dernières années, comme Tesa ou Hyper Brico notamment, l'opération initiée par le groupe Carrefour s'annonce comme la première à une telle échelle. Et surtout la première avec de tels moyens. "Cette crise du Covid nous force à nous adapter", détaille Nancy Wane qui explique que la mise en place du e-commerce "nécessite une organisation en back office spécifique et particulièrement lourde". Pour l'heure, le groupe estime d'ailleurs que la taille du marché local et les modes de paiement en ligne à disposition ne permettent pas d'absorber le coût d'une telle organisation. "Sur une opération ponctuelle oui, mais pas sur le plus long terme". En cause : la trop petite taille du marché polynésien pour rentabiliser une telle activité, les modes de paiement en ligne limités pour l'heure au système PayZen d'OSB et donc réservés uniquement aux cartes bleues et cartes locales Socredo, et enfin les "habitudes de consommation" -dixit Nancy Wane- selon qui "les Polynésiens semblent toujours aimer faire les courses en personne".
 
Reste à savoir, pour l'avenir, si la nouvelle offre entraînera de nouveaux comportements. Eléments de réponse grandeur nature dès ce week-end.
 

Nancy Wane, DG Grande distribution des entreprises du groupe Wane : "On va rester sur une tendance d'opérations éphémères"

Qu'est-ce qui vous a poussé à opter aujourd'hui pour un black Friday entièrement dématérialisé ?
 
"La situation sanitaire. Il fallait qu'on puisse se réinventer par rapport à cette situation. Ne pas générer un cluster au niveau des magasins, puisque c'est un gros événement annuel au niveau commercial dans nos surfaces de vente. Et il fallait pouvoir trouver un moyen de continuer à dynamiser les ventes, par des moyens différents et une approche commerciale différente."
 
Ca vous a demandé une réorganisation conséquente ?
 
"Ca nous a demandé de recruter des ressources et d'organiser nos ressources internes différemment, pour les faire travailler de façon transversale notamment. Et au niveau des magasins, de réfléchir à des solutions de récupération de marchandise et de logistique différentes."
 
Est-ce que cette expérience ponctuelle pourrait être pérennisée avec des systèmes de vente en ligne plus récurrents, hors opérations exceptionnelles ?
 
"Pas forcément. En tous cas, pas à l'heure actuelle. Je pense qu'on va rester sur une tendance d'opération éphémère et voir comment ça prend, parce qu'on est limité par les solutions de moyens de paiement. Sur les paiements en ligne, on a uniquement la plateforme de l'OSB avec PayZen qui est disponible. On est donc limités par le taux de détention en cartes de paiement des foyers et on est limités également par notre culture… Parce qu'on aime faire les courses en personne quand même. Et aller au magasin ne serait-ce que pour se promener."

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 19 Novembre 2020 à 21:27 | Lu 9017 fois