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Caritatif 2.0: un entrepreneur français veut changer la manière de donner


L'entrepreneur français Alexandre Mars veut faire entrer le caritatif et le don dans le XXIe siècle avec sa fondation Epic en y appliquant les outils d'aujourd'hui, pour créer "un mouvement de fond" soutenu par entreprises, particuliers et dirigeants politiques.

Que vient faire dans l'humanitaire un homme d'affaires venu d'internet, qui reconnaît avoir été motivé par l'argent pour réussir?

L'argent n'était qu'une étape, dit-il aujourd'hui, pour se donner "les moyens de (ses) ambitions" dans le caritatif et "avoir un vrai impact".

Sa fortune, il l'a faite en créant (puis revendant) plusieurs sociétés avec un grand sens de l'anticipation quant à l'évolution d'internet, notamment une agence de publicité tournée vers le numérique dès 1996 (A2X) et une autre consacrée à l'internet mobile en 2001 (Phonevalley).

Devenu millionnaire, son ambition est désormais d'offrir aux entreprises et aux particuliers une manière de donner de l'argent à des entreprises sociales de manière simple, transparente, sécurisée, et de tracer ces dons pour identifier leur contribution concrète.

En France, il est souvent comparé à Bill Gates, Warren Buffet ou Mark Zuckerberg, qui se sont engagés à donner la quasi totalité de leur fortune.

Mais Alexandre Mars veut, lui, surtout faire de la sienne un levier pour amener la société civile et les politiques à s'engager davantage dans la philanthropie.

L'entrepreneur du net devient un entrepreneur social, mais sa logique reste celle d'une start-up.

L'univers dans lequel s'est lancé ce père de trois enfants est déjà bien occupé par une myriade d'organisations non gouvernementales, locales ou internationales.

Il leur rend hommage, mais estime pouvoir apporter autre chose.

Aujourd'hui, par manque de confiance, de temps et de connaissances, beaucoup d'entreprises et de particuliers ne donnent qu'aux géants de l'humanitaire, quand ils souhaiteraient aller plus loin, observe-t-il.

Lui se positionne comme un fonds de capital-risque, qui sélectionne avec minutie les sociétés dans lesquelles il veut investir, pour le compte de ses clients.

 

- 'Pas une fondation de plus' -

 

Epic se concentre sur l'enfance (jusqu'à 25 ans), à travers l'éducation, la protection, la santé et l'accès au premier emploi, dans six régions clé: les Etats-Unis, le Brésil, l'Europe de l'Ouest, l'Afrique de l'Ouest, l'Inde et l'Asie du Sud-Est.

La fondation cible des entreprises sociales n'ayant pas plus de 25 millions de dollars de budget annuel, dont "10, 20 ou 40%" seront amenés par Epic, explique Alexandre Mars, dans le restaurant situé sous ses bureaux de Soho, à New York.

Après analyse, pour valider ses choix, Epic envoie systématiquement des équipes sur le terrain pour rencontrer les entreprises sociales et mieux comprendre leur action.

Il installe ensuite des outils de suivi, qui permettront aux donateurs d'être informés, quasiment au jour le jour, des travaux de l'association.

"Le monde du caritatif n'a pas changé depuis des années. Les outils existent, mais ils n'ont pas été adaptés", estime-t-il, lui qui s'est livré à une étude de marché de trois ans avant de se lancer.

Pour les grands donateurs, Epic propose des rencontres avec les responsables des entreprises sociales qui en bénéficient.

"Un donateur de l'Upper East Side (quartier huppé de New York) qui emmène ses deux gamins de 14 ans dans un centre d'hébergement et qui passe deux heures avec un entrepreneur social, ça n'a pas de prix, pour moi", avance ce résident new-yorkais depuis six ans.

Autre élément de distinction, majeur celui-là, l'intégralité des dons est versée aux entreprises sociales partenaires, sans aucun prélèvement d'Epic, dont les coûts de fonctionnement sont assumés par Alexandre Mars sur ses deniers.

L'objectif pour 2016 a été fixé à dix millions de dollars de dons. Au dernier trimestre, Epic s'ouvrira aux particuliers.

Pour Alexandre Mars, l'argent n'est qu'un des éléments de l'équation.

"On crée un mouvement, pas une fondation de plus", annonce celui qui démarra sa carrière d'entrepreneur alors qu'il était encore lycéen en France à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

Grâce à un grand sens du contact, un projet séduisant, une présentation impeccable et un réseau très étendu, il attire à Epic chefs d'entreprise, célébrités et politiques, habituellement inaccessibles aux entrepreneurs sociaux.

"On crée une instance de pouvoir, apolitique", dit Alexandre Mars, "parce qu'à part avec les extrêmes, on bosse avec tout le monde."

avec AFP


Rédigé par RB le Jeudi 9 Juin 2016 à 04:26 | Lu 324 fois