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Cancer: le Pr Vernant donne des pistes pour limiter les inégalités


Cancer: le Pr Vernant donne des pistes pour limiter les inégalités
PARIS, 30 août 2013 (AFP) - Le rapport du professeur Jean-Paul Vernant remis vendredi au gouvernement formule des recommandations pour le futur 3e Plan cancer afin de réduire les inégalités sociales face à cette maladie et impliquer davantage les médecins généralistes.

Le cancer demeure en France la principale cause de mortalité avec 148.000 décès estimés en 2012 et 355.000 nouveaux cas par an, rappelle ce rapport intitulé "Recommandations pour le troisième plan cancer".

C'est une pathologie pour laquelle les inégalités restent "très marquées", souligne le Pr Vernant, un spécialiste d'hématologie chargé en décembre dernier par François Hollande d'un travail préparatoire au 3e Plan cancer.

Le spécialiste propose de mettre en place des "indicateurs de mesure et de contrôle" des inégalités face au cancer et aussi des "actions correctrices" parmi lesquelles "l'exigence d'une absence de reste à charge", à savoir les frais non remboursés entraînés par la maladie.

"L'absence de reste à charge est une chose importante" commente pour l'AFP, le Pr Vernant, qui indique avoir "énormément travaillé" sur le problème des inégalités sociales pour ce rapport.

Après le plan 2004-2008 sous Jacques Chirac et celui de 2008-2013 sous Nicolas Sarkozy, M. Hollande avait demandé à l'ancien chef de service de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière d'élaborer des pistes pour le nouveau Plan 2014-2018.

Remis vendredi aux ministres de la Santé, Marisol Touraine, et de la Recherche, Geneviève Fioraso, cet "important travail" fournit des pistes en matière de "réduction des inégalités", de "prévention, en réduisant notamment le tabagisme", relèvent dans un communiqué les deux ministères.

"Les deux premiers plans cancer ont été à l'origine de progrès majeurs dans le domaine de l'organisation de la recherche comme dans celle des soins. Le 3e plan cancer doit poursuivre les actions entreprises mais doit également anticiper les nouvelles organisations qu'imposeront les innovations thérapeutiques", souligne le rapport mis en ligne sur le site de l'Institut national du cancer (www.e-.fr).

"actions correctrices"

Face à une "technicité" de plus en plus importante, "il conviendra de prendre garde que les innovations thérapeutiques ne soient pas l'occasion d'accentuer les inégalités sociales et territoriales déjà trop importantes" prévient le rapport qui incite les pouvoirs publics à "négocier avec les industriels afin que ces innovations soient commercialisées à leur juste prix".

Il propose "plusieurs actions correctrices" pour réduire les inégalités, en particulier limiter les frais directs ou indirects de la maladie qui restent à la charge du patient.

Alors que les hospitalisations sont de plus en plus courtes et que les soins "en ambulatoire" --en hôpital de jour ou en médecine de ville--, prennent de plus en plus d'importance, le rapport préconise une plus grande implication des médecins généralistes.

"Le généraliste doit être beaucoup impliqué qu'il n'est actuellement dans la prise en charge du malade" alors qu'il en est aujourd'hui globalement "exclu", explique à l'AFP le Pr Vernant qui propose des "liens plus directs" et une communication plus fluide entre hôpitaux et généralistes.

Il veut aussi qu'une "consultation de fin de traitement" soit systématiquement organisée pour signifier au patient son entrée dans "l'après cancer".

A cette réunion devraient participer le cancérologue référent, un "infirmier coordonnateur", un psychologue et aussi le médecin traitant du patient.

Pour les ministères de la Santé et de la Recherche, les propositions du Pr Vernant "viendront enrichir le travail" des groupes de travail mis en place par le gouvernement avec l'INCa (Institut national du cancer) pour élaborer le Plan cancer 3 qui sera "annoncé en début d'année 2014".

Le Pr Vernant indique avoir "bon espoir (...) que la plupart de ces recommandations soient suivies d'effet", notamment la consultation de fin de traitement qui est déjà pratiquée dans certains centres anti-cancer mais pas systématique en France.

ot/pjl/fm

Rédigé par Par Olivier THIBAULT le Vendredi 30 Août 2013 à 06:36 | Lu 473 fois