Sydney, Australie | AFP | jeudi 26/09/2018 - La bataille fait rage autour de la Grande barrière de corail australienne, joyau du patrimoine mondial de l'Humanité où les entreprises de tourisme redoutent que les avertissements apocalyptiques des scientifiques ne fassent fuir les visiteurs.
Chaque année, plus de deux millions de touristes armés de masques et de tubas se rendent sur le récif qui constitue le plus vaste ensemble corallien du monde. Ils dépensent l'équivalent de 3,7 milliards d'euros et donnent du travail à 64.000 personnes.
Mais la hausse des températures de l'eau liée au réchauffement climatique a endommagé le récif qui a été victime de graves épisodes de blanchissement. L'industrie du tourisme craint les répercussions sur le nombre de visiteurs.
Le Centre de recherche sur les récifs et les forêts pluviales vient cependant de crééer la surprise dans un rapport annonçant "des signes significatifs de régénération" dans les principaux spots de plongée autour de Cairns.
Le rapport, qui a donné lieu à des articles enthousiastes dans la presse, contredisait à dessein une flopée d'études inquiétantes récentes sur l'état de la Grande barrière.
Il faut montrer que ce n'est pas le récif tout entier qui est devenu un désert aquatique, souligne Col McKenzie, de l'Association des opérateurs touristiques du parc maritime (AOTPM) qui a collaboré à ce rapport.
"On assiste globalement à une baisse de la fréquentation à cause de la mauvaise publicité", dit-il à l'AFP. "Ca ne fait aucun doute".
D'après lui, le nombre de visiteurs sur les récifs et les îles a chuté de 10% en 2017 par rapport à l'année précédente, et ce chiffre devrait encore reculer de 15% cette année.
Les chiffres du gouvernement contredisent ces données, montrant une augmentation du nombre de touristes se rendant dans la région au sens large mais ces données datent et ne prennent pas en compte les activités liées au corail (plongée etc...).
Pour M. McKenzie, il est vital de faire passer le message selon lequel certaines zones du gigantesque écosystème sont toujours pleines de vie et de couleur.
Ses commentaires sont la dernière illustration en date du combat entre les écologistes et une industrie confrontée aux nouvelles réalités de la Grande barrière de corail.
Si certains coraux récupèrent leur couleur au bout de quelques mois, d'autres ont besoin d'une décennie pour se remettre, souligne le professeur Terry Hughes de l'Université James Cook, qui dirige les études sur le blanchissement des coraux.
Le blanchissement survient sous la pression de facteurs comme le réchauffement. Les coraux stressés expulsent les algues avec lesquelles ils ont une relation symbiotique, et qui leur donnent couleur et énergie.
"Il est encore très tôt", dit le professeur Hugues à l'AFP. "On est à l'an un en ce qui concerne le milieu du récif, à l'an deux s'agissant de la partie septentrionale, dans un processus de guérison décennal".
Selon l'Institut australien de la science marine, une institution publique, la couverture corallienne "a continué ces quatre dernières années à décliner à cause de l'effet cumulé de perturbations sévères et multiples".
Outre le risque lié aux températures extrêmes de l'eau en surface -- certaines zones étant plus exposées que d'autres-- la Grande barrière est menacée par les ruissellements agricoles, le développement économique et les cyclones tropicaux sévères, poursuit l'Institut.
L'acanthaster pourpre, une étoile de mer invasive, également connue sous le nom de "couronne d'épines" ou "coussin de belle-mère", dévore aussi les coraux.
Au sein même du gouvernement, des intérêts différents s'affrontent.
Canberra a réussi pour l'heure à éviter que l'Unesco n'inscrive la Grande barrière sur la liste du patrimoine en péril, ce qui aurait des conséquences nuisibles pour le tourisme.
Le gouvernement a débloqué 1,2 milliard d'euros pour protéger le site. Mais il soutient en même temps un projet gigantesque de mine de charbon proche de la Grande barrière du groupe indien Adani. Canberra a également renoncé à inscrire dans la loi les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'accord de Paris.
Les Australiens eux-même ne s'accordent pas sur les dégâts subis.
Seuls 50% croient que le changement climatique a déjà provoqué des destructions sur la Grande barrière, selon un sondage annuel Ipsos sur ces questions.
En attendant, les scientifiques sont au taquet pour étudier les variations du récif. "Nous sommes dans une période critique de récupération", dit le professeur Hugues. "L'inconnue, bien sûr, c'est l'éventualité d'un autre épisode de blanchissement. Si nous avons une canicule, cela pourrait arriver tôt l'année prochaine."
Chaque année, plus de deux millions de touristes armés de masques et de tubas se rendent sur le récif qui constitue le plus vaste ensemble corallien du monde. Ils dépensent l'équivalent de 3,7 milliards d'euros et donnent du travail à 64.000 personnes.
Mais la hausse des températures de l'eau liée au réchauffement climatique a endommagé le récif qui a été victime de graves épisodes de blanchissement. L'industrie du tourisme craint les répercussions sur le nombre de visiteurs.
Le Centre de recherche sur les récifs et les forêts pluviales vient cependant de crééer la surprise dans un rapport annonçant "des signes significatifs de régénération" dans les principaux spots de plongée autour de Cairns.
Le rapport, qui a donné lieu à des articles enthousiastes dans la presse, contredisait à dessein une flopée d'études inquiétantes récentes sur l'état de la Grande barrière.
Il faut montrer que ce n'est pas le récif tout entier qui est devenu un désert aquatique, souligne Col McKenzie, de l'Association des opérateurs touristiques du parc maritime (AOTPM) qui a collaboré à ce rapport.
"On assiste globalement à une baisse de la fréquentation à cause de la mauvaise publicité", dit-il à l'AFP. "Ca ne fait aucun doute".
- Trop tôt pour savoir -
D'après lui, le nombre de visiteurs sur les récifs et les îles a chuté de 10% en 2017 par rapport à l'année précédente, et ce chiffre devrait encore reculer de 15% cette année.
Les chiffres du gouvernement contredisent ces données, montrant une augmentation du nombre de touristes se rendant dans la région au sens large mais ces données datent et ne prennent pas en compte les activités liées au corail (plongée etc...).
Pour M. McKenzie, il est vital de faire passer le message selon lequel certaines zones du gigantesque écosystème sont toujours pleines de vie et de couleur.
Ses commentaires sont la dernière illustration en date du combat entre les écologistes et une industrie confrontée aux nouvelles réalités de la Grande barrière de corail.
Si certains coraux récupèrent leur couleur au bout de quelques mois, d'autres ont besoin d'une décennie pour se remettre, souligne le professeur Terry Hughes de l'Université James Cook, qui dirige les études sur le blanchissement des coraux.
Le blanchissement survient sous la pression de facteurs comme le réchauffement. Les coraux stressés expulsent les algues avec lesquelles ils ont une relation symbiotique, et qui leur donnent couleur et énergie.
"Il est encore très tôt", dit le professeur Hugues à l'AFP. "On est à l'an un en ce qui concerne le milieu du récif, à l'an deux s'agissant de la partie septentrionale, dans un processus de guérison décennal".
Selon l'Institut australien de la science marine, une institution publique, la couverture corallienne "a continué ces quatre dernières années à décliner à cause de l'effet cumulé de perturbations sévères et multiples".
- Intérêts contradictoires -
Outre le risque lié aux températures extrêmes de l'eau en surface -- certaines zones étant plus exposées que d'autres-- la Grande barrière est menacée par les ruissellements agricoles, le développement économique et les cyclones tropicaux sévères, poursuit l'Institut.
L'acanthaster pourpre, une étoile de mer invasive, également connue sous le nom de "couronne d'épines" ou "coussin de belle-mère", dévore aussi les coraux.
Au sein même du gouvernement, des intérêts différents s'affrontent.
Canberra a réussi pour l'heure à éviter que l'Unesco n'inscrive la Grande barrière sur la liste du patrimoine en péril, ce qui aurait des conséquences nuisibles pour le tourisme.
Le gouvernement a débloqué 1,2 milliard d'euros pour protéger le site. Mais il soutient en même temps un projet gigantesque de mine de charbon proche de la Grande barrière du groupe indien Adani. Canberra a également renoncé à inscrire dans la loi les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'accord de Paris.
Les Australiens eux-même ne s'accordent pas sur les dégâts subis.
Seuls 50% croient que le changement climatique a déjà provoqué des destructions sur la Grande barrière, selon un sondage annuel Ipsos sur ces questions.
En attendant, les scientifiques sont au taquet pour étudier les variations du récif. "Nous sommes dans une période critique de récupération", dit le professeur Hugues. "L'inconnue, bien sûr, c'est l'éventualité d'un autre épisode de blanchissement. Si nous avons une canicule, cela pourrait arriver tôt l'année prochaine."