Tahiti Infos

Brexit: l'UE veut croire à un accord rapide malgré un gouffre sur la pêche


Bruxelles, Belgique | AFP | jeudi 17/12/2020 - Le négociateur européen Michel Barnier juge "difficile mais possible" de parvenir à un accord post-Brexit d'ici à vendredi avec le Royaume-Uni, à condition qu'un compromis se dégage sur la pêche, principal point de blocage qui doit être discuté jeudi.

Les propos du Français ont eu lieu lors d'un point sur les pourparlers jeudi matin avec les chefs des groupes politiques au Parlement européen, au cours duquel il a aussi souligné qu'un échec en fin d'année restait une éventualité.

Londres a d'ailleurs rapidement tempéré les espoirs d'un accord rapide, un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson déclarant à la presse qu'un "no deal" restait "l'issue la plus probable".

Sans accord commercial, les échanges entre l'UE et le Royaume-Uni se feront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, avec ses lourdes conséquences pour des économies déjà secouées par la pandémie.

A l'issue de leur rencontre avec M. Barnier, les eurodéputés ont averti que s'ils ne recevaient pas le texte d'un accord d'ici à "dimanche minuit", ils ne pourront pas le ratifier à temps pour qu'il entre en vigueur le 1er janvier 2021, quand le Royaume-Uni --qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier-- abandonnera définitivement le marché unique.

Le chef de fil des écologistes, Philippe Lamberts, a cependant souligné que le délai laissé au Parlement était déjà trop court et qu'une ratification cette année porterait "un coup sévère à la crédibilité du Parlement européen".

"De par sa taille et son importance politique, l’approbation de ce traité par le Parlement ne peut être expédiée en quelques jours seulement", a-t-il protesté.

Sans ratification parlementaire cette année, un éventuel accord pourrait entrer en vigueur de manière provisoire le 1er janvier, une option considérée par les Etats membres comme "la meilleure", selon un haut responsable européen --malgré l'opposition du Parlement, qui en serait réduit à l'examiner et à le valider a posteriori.

Compensations 

Downing street a pour sa part précisé que le Parlement britannique, qui suspend ses travaux jeudi, pourrait être rappelé sous 48 heures, y compris le week-end, en cas d'accord.

Avant sa rencontre avec les eurodéputés, Michel Barnier, avait noté "de bons progrès" dans les discussions, malgré d'ultimes "obstacles" et rappelé que l'UE ne signerait "qu'un accord protégeant (ses) intérêts et (ses) principes".

De fait, l'horizon semble se dégager depuis quelques jours vers un accord en raison de progrès récents, la question de la pêche, explosive pour quelques Etats membre, France et Pays-Bas en tête, semblant constituer la principale pierre d'achoppement des discussions.

M. Barnier a expliqué aux eurodéputés que l'UE avait accepté le principe d'une "période de transition" -- sans préciser sa durée-- à l'issue de laquelle le Royaume-Uni récupérera le contrôle de ses eaux et pourra théoriquement les fermer aux pêcheurs européens. Dans ce cas, l'UE réclame des compensations.

"Le Royaume-Uni sait que sans accord sur la pêche, il n'y aura pas d'accord du tout", a-t-il insisté, selon des participants.

Les deux autres sujets qui bloquaient jusqu'alors les discussions --les conditions de concurrence équitable et la gouvernance du futur accord-- semblent en voie de résolution.

Sur les garanties réclamées par l'UE en matière de concurrence afin de se prémunir contre tout dumping social, fiscal ou environnemental de la part des entreprises britanniques, le Royaume-Uni a apparemment basculé. Il attend en conséquence que les Européens bougent sur la pêche.

Selon des participants à la réunion, Londres s'engage non seulement à ne pas régresser dans ces domaines, mais il accepte aussi la possibilité de rester "le plus proche" possible de l'UE au fil du temps.

Si l'une des deux parties s'estimait lésée, elle pourrait prendre des contre-mesures, comme des droits de douane et ce sur n'importe quelle partie de l'accord: l'UE pourrait par exemple appliquer des taxes sur les automobiles britanniques si Londres ne respectait plus les règles environnementales sur un autre produit.

le Jeudi 17 Décembre 2020 à 05:55 | Lu 177 fois