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Bagarre mortelle à Taha'a : Heimanu Vautier écope de 6 ans ferme et part en détention


Christian Heimanu Vautier était arrivé libre mardi au premier jour d'audience. Il est reparti menottes aux poignets.
Christian Heimanu Vautier était arrivé libre mardi au premier jour d'audience. Il est reparti menottes aux poignets.
PAPEETE, le 2 décembre 2015 - L'agresseur de Stellio Tiatia, tabassé à mort en mars 2013 à Taha'a, a été condamné ce mercredi à 6 ans de prison ferme. Placé sous surveillance électronique en avril 2014 après un an de détention provisoire, Christian Heimanu Vautier était arrivé libre à l'audience. Il est reparti menottes aux poignets entre deux policiers pour purger la fin de sa peine à Nuutania.

L'avocat général a requis ce mercredi matin une peine comprise "entre 8 et 12 ans" de prison contre Christian Heimatu Vautier, 27 ans, coupable d'avoir "involontairement causé la mort" de Stellio Tiatia en l'assommant de coups, il y a un peu plus de deux ans lors d'une violente bagarre à Taha'a. Les jurés de la cour d'assises de la Polynésie française se sont montrés beaucoup plus cléments en condamnant l'accusé à 6 ans de prison ferme. Arrivé libre à l'audience -il était assigné à résidence sous surveillance électronique depuis avril 2014 après avoir passé un an en détention provisoire-, Heimanu a été directement conduit à la maison d'arrêt à l'issue de l'audience pour y purger le reliquat de sa peine.

Un affront insurmontable

L'accusé et sa victime ne se connaissaient pas. Le 8 mars 2013 vers 21 h, Heimanu, bien alcoolisé, traînait son mal de vivre du côté de Patio. Il venait de se prendre la tête avec sa femme dont il doutait de la fidélité. Arrivé à hauteur de Stellio Tiatia qui buvait et rigolait avec ses copains sur un banc de la place Maina Nui en ce vendredi soir, le jeune homme avait tenté de taper l'incruste. Mais Stellio avait rembarré cet inconnu visiblement ivre, sous l'emprise du paka et de mauvaise humeur. Un affront pour Heimanu.

"Il s'est senti défié et, comme l'a souligné l'expert psychologue, l'accusé est rentré dans une logique d'affrontement plus ou moins guerrière", a analysé le représentant du ministère public dans ses réquisitions. "Incapable de passer son chemin, il entendait se faire respecter et a passé son énervement sur Stellio". D'abord dominé par sa future victime, l'accusé avait ensuite pris le dessus jusqu'à s'acharner sur Stellio, sonné et à terre, à coups de pied et de poing sur le corps et à la tête. Le malheureux, père de famille sans histoire, était décédé des suites d'un violent coup de pied porté sur la face avant du cou, l'asphyxiant jusqu'à l'arrêt cardiaque. "Un coup si violent que le légiste a d'abord cru à un étranglement" a fait remarquer l'avocat général.

"Ce n'est pas seulement Stellio qui est mort ce jour-là, c'est un peu tout le monde dans cette famille"

Depuis le box des accusés, Heimanu a demandé pardon, regrette, redit qu'il n'a jamais voulu en arriver là, qu'il ne voulait pas tuer Stellio. "C'est lui qui le dit... Mais est-on obligé de le croire ?" se demande le parquet qui rappelle les propos du gendarme qui a dirigé l'enquête : "Une telle violence, je n'avais jamais vu ça". Pour sa défense, Heimanu a continué de soutenir qu'il est entré en rage car il se sentait en danger, menacé de mort par Stellio quand celui-ci avait pris brièvement l'ascendant dans la bagarre, l'étranglant avec une clé de bras.

L'avocate des parties civiles, Me Lorna Oputu, s'est attachée quant à elle à rappeler qui était Stellio Tiatia, et dans quel état se trouve son clan aujourd'hui. Une famille unie qui vivait dans le bonheur, aujourd'hui brisée : "Ce n'est pas seulement Stellio qui est mort ce jour-là, c'est un peu tout le monde dans cette famille". Agé de 40 ans, marié depuis vingt ans et père de trois enfants, Stellio Tiatia avait quitté son poste d'agent communal à Paea en 2011 pour suivre sa femme originaire de Taha'a et en mal de son île. Très bon joueur de futsal, pêcheur émérite, apprécié de tous et pas bagarreur, il s'était vite intégré dans la communauté, travaillait à sa reconversion dans l'agriculture. "Malheureusement il a croisé la route de cet homme qui a fait de sa vie un ring", "un lâche", "un boxeur des rues", "un prédateur" qui s'est "immiscé dans la vie de cette famille sans y avoir été invité et qui a bouleversé l'ordre établi", a déploré Me Lorna Oputu.

Tué à coups de bocal en verre au visage, la carotide sectionnée

La deuxième affaire soumise aux jurés de la cour d'assises cette semaine sera examinée sur deux jours, demain jeudi et vendredi. Noël Mervin, un sans domicile fixe de 33 ans, est accusé du meurtre, en juillet 2013 à Huahine, d'un membre d'une famille qui lui avait offert un abri sur son terrain.

Rapidement chassé des lieux en raison de son comportement, il y revenait malgré tout de temps à autre pour rencontrer un second SDF avec qui il avait sympathisé. Complètement ivre le jour du drame, il s'en était pris à sa victime, Christophe Nauta, qui lui demandait de faire moins de bruit, tout en lui faisant remarquer qu'il en avait assez de payer pour sa consommation d'électricité alors même qu'on lui avait conseillé de tracer la route.

Noël Mervin s'était acharné sur le visage du malheureux avec un bocal en verre, allant jusqu'à lui entailler la carotide. Détenu depuis les faits, il encourt 30 ans de réclusion criminelle. La victime, 50 ans, était décédée d'une hémorragie.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mercredi 2 Décembre 2015 à 14:24 | Lu 2200 fois