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Avis divergents sur la création de salles de consommation de drogues


PARIS, 3 mars 2014 (AFP) - L'Académie nationale de pharmacie s'est prononcée lundi contre l'ouverture de salles de consommation de drogues tandis que l'association anti-addictions ANPAA a apporté son soutien à ce projet du gouvernement.

"L'Académie nationale de pharmacie émet un avis défavorable à l'expérimentation de salles d'injection contrôlée de +drogues de rue+ telle qu'elle est actuellement définie dans le projet" du gouvernement, a déclaré l'Académie, société savante qui a pour rôle d'émettre des avis.

Au contraire ,l'Association nationale de prévention de l'alcoologie et de l'addictologie (ANPAA) a tenu à rappeler lundi "son soutien constant à l'expérimentation des salles de consommation à moindre risque".

Le projet gouvernemental d'ouverture de premières salles expérimentales de consommation de drogues a reçu un coup d'arrêt temporaire à l'automne 2013 par le Conseil d'État.

La haute juridiction a à cette époque recommandé au gouvernement d'élaborer une loi spécifique sur ce sujet avant toute ouverture, même expérimentale, de salles.

La ministre de la Santé Marisol Touraine avait alors indiqué que le gouvernement présenterait un projet de loi pour "sécuriser juridiquement" le projet.

Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) a déclaré fin janvier qu'un "texte de loi" était bien en "préparation" pour permettre d'ouvrir une première salle à Paris, près de la Gare du Nord.

Les membres de l'Académie de pharmacie ont expliqué dans un communiqué leur "avis défavorable" par le fait qu'il n'est pas possible de garantir la qualité, l'identité et la non contamination des produits injectés et que l'objectif est de "venir en aide à ces patients et non d'entretenir leurs addictions".

L'Académie a demandé un "renforcement des moyens alloués aux centres de soins pour toxicomanes et aux unités d'addictologie" qui prennent en charge 170.000 patients pour des "traitements de substitution" à la drogue, en vue d'un sevrage.

Elle a souligné au passage que les "rares études plutôt favorables à ce genre d'expérimentation concernent l'héroïne médicinale" et que certains pays comme la Suède ont supprimé leurs salles d'injections après des résultats "peu convaincants".

Prenant le contre-pied de l'Académie, l'ANPAA souligne au contraire que ces salles "encadrées par des professionnels de santé offrent un espace de consommation sécurisée dans des conditions d'hygiène acceptables, avec notamment un contrôle des substances apportées".

Ces lieux s'adresseraient en priorité "à une population urbaine d'usagers de drogues dépendants et particulièrement précarisés qui ne peuvent pour l'instant s'engager dans une démarche de soins".

Ils permettraient "de réduire les overdoses" et de "freiner la transmission des agents infectieux", en premier lieu des virus du sida et de l'hépatite C par les seringues usagées, et contribueraient "également à l'amélioration de la sécurité publique", assure l'ANPAA.

Rédigé par () le Lundi 3 Mars 2014 à 05:30 | Lu 193 fois