Washington, États-Unis | AFP | mardi 10/03/2025 - Pour Tom Di Liberto comme pour de nombreux scientifiques américains, le couperet est tombé par courriel: quelques lignes froides mettant fin à plus d'une décennie de travail pour l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique, la NOAA.
Le retour au pouvoir de Donald Trump, ouvertement climatosceptique, a précipité la vie de ce père de famille de 40 ans et son domaine de recherche - il étudiait notamment les phénomènes météorologiques El Nino et La Nina - dans l'inconnu.
"C'est terrifiant de penser à ce que ça signifie pour la science en Amérique", explique ce météorologue qui travaillait depuis 2010 comme contractuel puis fonctionnaire pour cette prestigieuse agence chargée des prévisions météorologiques, de l'analyse du climat et de la conservation des océans.
Comme lui, environ 700 employés ont été licenciés et d'autres limogeages sont attendus, l'agence faisant face à un assaut en règle de la nouvelle administration républicaine.
Cette dernière a procédé à des licenciements massifs dans plusieurs ministères et agences fédérales comme la NOAA, limité le contact des scientifiques américains avec leurs homologues étrangers, effacé des ressources et données climatiques des sites officiels ou encore annulé la participation d'experts climatiques américains à une réunion du Giec.
"Il y a beaucoup de peur à travers le gouvernement", décrit à l'AFP Tom Di Liberto, pour qui le message envoyé aux fonctionnaires est clair: "il ne faut pas parler du changement climatique."
- "Inestimable" -
Et cela pourrait n'être que le début. Les conservateurs derrière le "Project 2025", une feuille de route avec laquelle Donald Trump avait pris ses distances lors de sa campagne mais que son administration semble désormais suivre à la lettre, ont en effet appelé à démanteler la NOAA. Selon eux, l'agence constitue l'un des "principaux moteurs" de l'"alarmisme climatique".
Après une année 2024 record en termes de températures et de catastrophes climatiques, notamment aux Etats-Unis, cette menace inquiète fortement la communauté scientifique.
"Sans la NOAA, nous avancerons à l'aveugle vers un gouffre climatique", prévient Michael Mann, climatologue à l'université de Pennsylvanie, auprès de l'AFP.
Et pour cause: cette agence fédérale joue "un rôle fondamental dans la surveillance de l'état de notre atmosphère, de nos océans, de notre cryosphère (ensemble des glaces présentes sur le globe) et de notre biosphère (ensemble des écosystèmes)", explique-t-il.
"La NOAA fournit des données et des modélisations inestimables aux climatologues du monde entier", abonde Leonard Borchert, chercheur associé en statistiques climatiques à l'université d'Hambourg en Allemagne.
- Sécurité publique -
En entravant son travail, c'est donc la recherche climatique dans son ensemble qui est mise en danger, préviennent les observateurs. Avec, pour risque, nombre de répercussions à plus ou moins long terme.
Les licenciements, contestés en justice, "risquent de causer des dommages irréparables et d'avoir des conséquences considérables sur la sécurité publique, le bien-être économique et le rôle de premier plan joué par les États-Unis dans le monde", a notamment prévenu l'association American Meteorological Society.
Car même si d'autres entités aux Etats-Unis ou à l'international fournissent des données et des modèles climatiques, "la NOAA joue un rôle unique", insiste Sarah Cooley, qui y coordonnait un programme sur l'acidification des océans avant d'être licenciée sans ménagement.
Les universités, Etats ou associations qui pourraient prendre le relais n'ont par exemple pas les moyens de mener les mêmes missions océanographiques que l'agence, qui établit également les quotas de pêche, pointe-t-elle.
Elles ne disposent pas non plus "d'avions chasseurs d'ouragans", en référence aux vols menés par les scientifiques au coeur des tempêtes pour mieux prédire leurs trajectoires.
Avec des ressources limitées et des moyens humains à la baisse, les conséquences pourraient rapidement devenir tragiques, ont prévenu plusieurs employés ou ex-employés de la NOAA.
Selon une ingénieure ayant requis l'anonymat par crainte de perdre son emploi, les effets des licenciements récents se font déjà sentir. Son équipe, qui est chargée de plusieurs satellites utilisés pour réaliser les prévisions météorologiques, a ainsi été réduite de moitié.
"Les gens ne seront pas évacués à temps en cas de catastrophe naturelle", avertit-elle. "Et ils risquent de perdre leurs biens, voire leur vie."
Le retour au pouvoir de Donald Trump, ouvertement climatosceptique, a précipité la vie de ce père de famille de 40 ans et son domaine de recherche - il étudiait notamment les phénomènes météorologiques El Nino et La Nina - dans l'inconnu.
"C'est terrifiant de penser à ce que ça signifie pour la science en Amérique", explique ce météorologue qui travaillait depuis 2010 comme contractuel puis fonctionnaire pour cette prestigieuse agence chargée des prévisions météorologiques, de l'analyse du climat et de la conservation des océans.
Comme lui, environ 700 employés ont été licenciés et d'autres limogeages sont attendus, l'agence faisant face à un assaut en règle de la nouvelle administration républicaine.
Cette dernière a procédé à des licenciements massifs dans plusieurs ministères et agences fédérales comme la NOAA, limité le contact des scientifiques américains avec leurs homologues étrangers, effacé des ressources et données climatiques des sites officiels ou encore annulé la participation d'experts climatiques américains à une réunion du Giec.
"Il y a beaucoup de peur à travers le gouvernement", décrit à l'AFP Tom Di Liberto, pour qui le message envoyé aux fonctionnaires est clair: "il ne faut pas parler du changement climatique."
- "Inestimable" -
Et cela pourrait n'être que le début. Les conservateurs derrière le "Project 2025", une feuille de route avec laquelle Donald Trump avait pris ses distances lors de sa campagne mais que son administration semble désormais suivre à la lettre, ont en effet appelé à démanteler la NOAA. Selon eux, l'agence constitue l'un des "principaux moteurs" de l'"alarmisme climatique".
Après une année 2024 record en termes de températures et de catastrophes climatiques, notamment aux Etats-Unis, cette menace inquiète fortement la communauté scientifique.
"Sans la NOAA, nous avancerons à l'aveugle vers un gouffre climatique", prévient Michael Mann, climatologue à l'université de Pennsylvanie, auprès de l'AFP.
Et pour cause: cette agence fédérale joue "un rôle fondamental dans la surveillance de l'état de notre atmosphère, de nos océans, de notre cryosphère (ensemble des glaces présentes sur le globe) et de notre biosphère (ensemble des écosystèmes)", explique-t-il.
"La NOAA fournit des données et des modélisations inestimables aux climatologues du monde entier", abonde Leonard Borchert, chercheur associé en statistiques climatiques à l'université d'Hambourg en Allemagne.
- Sécurité publique -
En entravant son travail, c'est donc la recherche climatique dans son ensemble qui est mise en danger, préviennent les observateurs. Avec, pour risque, nombre de répercussions à plus ou moins long terme.
Les licenciements, contestés en justice, "risquent de causer des dommages irréparables et d'avoir des conséquences considérables sur la sécurité publique, le bien-être économique et le rôle de premier plan joué par les États-Unis dans le monde", a notamment prévenu l'association American Meteorological Society.
Car même si d'autres entités aux Etats-Unis ou à l'international fournissent des données et des modèles climatiques, "la NOAA joue un rôle unique", insiste Sarah Cooley, qui y coordonnait un programme sur l'acidification des océans avant d'être licenciée sans ménagement.
Les universités, Etats ou associations qui pourraient prendre le relais n'ont par exemple pas les moyens de mener les mêmes missions océanographiques que l'agence, qui établit également les quotas de pêche, pointe-t-elle.
Elles ne disposent pas non plus "d'avions chasseurs d'ouragans", en référence aux vols menés par les scientifiques au coeur des tempêtes pour mieux prédire leurs trajectoires.
Avec des ressources limitées et des moyens humains à la baisse, les conséquences pourraient rapidement devenir tragiques, ont prévenu plusieurs employés ou ex-employés de la NOAA.
Selon une ingénieure ayant requis l'anonymat par crainte de perdre son emploi, les effets des licenciements récents se font déjà sentir. Son équipe, qui est chargée de plusieurs satellites utilisés pour réaliser les prévisions météorologiques, a ainsi été réduite de moitié.
"Les gens ne seront pas évacués à temps en cas de catastrophe naturelle", avertit-elle. "Et ils risquent de perdre leurs biens, voire leur vie."