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Au procès de l'appropriation des îles Actéon, les ayants droit se font connaître


Tahiti, le 19 avril 2021 – Le tribunal foncier a examiné pour la toute première fois lundi matin le dossier du recours du Pays contre l'acte de notoriété acquisitive du Camica sur les îles Actéon, en présence de nombreux ayants droit venus revendiquer leur droit de propriété. L'audience a permis un premier appel des parties en présence et a été renvoyée au 2 juin prochain.
 
La première audience du tribunal foncier destinée à examiner le recours du Pays contre l'acte de “notoriété acquisitive” du Conseil d'administration de la mission catholique (Camica) sur les îles Actéon s'est déroulée lundi matin au palais de justice de Papeete. Une audience purement procédurale durant laquelle les juges ont procédé à un appel des parties parmi lesquelles les représentants du Pays, du Camica, du notaire auteur de l'acte attaqué, mais surtout des nombreux ayants droit revendiquant leur droit de propriété sur une partie des sept atolls constituant les fameuses îles Actéon au Sud des Tuamotu.
 
Le tavana de Rikitea, Vai Gooding, était également présent lundi matin. “On est venu voir, mais nous allons retirer le dossier de cette affaire jeudi. Et peut-être que la commune prendra un avocat pour se défendre. Je suis venu pour rappeler que les îles Actéon font partie du territoire de la commune des Gambier", a expliqué l'élu. Vai Gooding a également indiqué avoir été “très surpris” en découvrant l'action permettant au Camica de faire reconnaître sa propriété des îles Actéon, dans la mesure où sa commune n'avait pas été informée de la procédure.
 
“Nous vivons sur l'île de Tematangi”
 
Du côté des ayants droit présents lundi matin à l'audience, l'absence de transparence dans cette opération est d'ailleurs le premier reproche adressé au Camica. "On a appris ça sur le tard", déplorait l'un des habitants de l'atoll de Tematangi aujourd'hui directement concerné par cette appropriation de son île par le Camica : “Nous contestons cet acte de notoriété acquisitive du Camica, parce qu'avant le Camica il y avait une SCI. Nos grands-parents ont œuvré avec le père Victor Vallons à l'époque. Et aujourd'hui, nous sommes les petits-enfants et nous vivons sur l'île de Tematangi.” Un peu plus loin, une autre habitante originaire du Sud des Tuamotu tente elle-aussi de faire entendre sa voix. "Cela fait 20 ans que je suis sur ce dossier. Mon grand-père a écrit un livre. Nous sommes propriétaires…"
 
Première personne à avoir alerté sur cette situation, Astrid Brander, descendante directe d'un des sociétaires de la SCI montée avec le père Vallons sur place, était présente au palais de justice. “Je remercie le Pays de nous soutenir et particulièrement la juriste de la DAF pour son travail et le tavana hau de nous avoir mis au courant de cette affaire”, a tenu à souligner l'héritière, elle-aussi évidemment très remontée contre le Camica. “C'est sidérant de voir ça de la part de l'église qui est déjà si immensément riche par rapport à la population, je parle de celle de Tureia, qui est tellement démunie. On ne vit pas du coprah à Tureia, on survit du coprah.”
 
Finalement, l'audience a été renvoyée au 2 juin prochain pour un nouvel épisode de la procédure devant le tribunal foncier.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 19 Avril 2021 à 16:42 | Lu 2242 fois