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Au cœur des cuisines marquisiennes durant le Matavaa


Nuku Hiva, le 19 décembre 2023 - Le Matavaa o te Henua Enana bat son plein. Retour sur la journée de dimanche, où un immense banquet était organisé dans la vallée de Taipivai à Nuku Hiva, pour renouer avec les traditions locales mais aussi pour permettre aux visiteurs de découvrir les spécialités culinaires des Marquises. Tahiti Infos, témoin privilégié de cet événement, vous convie dans les coulisses de ce gueuleton, où chaque délégation a mis la main à la pâte et où l’ambiance était à son paroxysme.

Le Matavaa est avant tout une porte ouverte sur la culture des Marquises. Bien plus qu'une célébration axée sur la danse, le chant ou la sculpture, cette culture s'étend également à la gastronomie. Pour partager les délices de leur archipel avec les visiteurs, les délégations marquisiennes ont organisé un gigantesque banquet, ce dimanche, dans la vallée de Taipivai. Chaque délégation a présenté une multitude de plats, servis avec élégance dans des récipients en bois sculpté ou des tissages de feuilles de bananier. Tahiti Infos, témoin privilégié de l'événement, vous convie dans les coulisses des cuisines des délégations, où l'effervescence règne depuis 3 heures du matin pour servir le kaikai (ma'a) à plus de 1 500 convives. Et ce, gratuitement.

Un tour en cuisine

C'est au milieu de l'agitation des derniers préparatifs que nous débutons notre périple culinaire du côté des cuisines de Hiva Oa. Là, Fabienne, accompagnée de plusieurs autres personnes, s'attèle à la confection des ipo, de petites boules de farine sucrée cuites dans de l'eau bouillante. “On rajoute du lait de coco à la fin”, nous explique-t-elle. “C'est un accompagnement du poisson cru, c'est très bon.” À proximité, du côté de Ua Huka, le poe est travaillé avec maestria à l'aide d'un pilon en pierre sculptée. C'est également au sein de cette délégation que l'on s'affaire à la préparation des crabes. Nuku Hiva, l'île hôte du Matavaa cette année, se concentre sur des beignets de banane, la cuisson des fe'i, ainsi que la création des mélanges qui agrémenteront, lors du banquet, les plats de cochon salé. Pour clore notre exploration des cuisines, nous nous tournons vers celles de Ua Pou, dédiées à la réalisation du kakau, une purée d'une texture soyeuse composée de manioc râpé, de banane et d'un peu d’eau.

Bien sûr, outre ces merveilleux plats cuisinés par les petites mains des différents îles, chaque délégation a préparé un four marquisien, où ont été plongés durant de longues heures des cochons rôtis.

Un show permanent

Bien vite, arrive l’heure du déjeuner. Dans l'air électrique de l'excitation, évoquant les rugissements d'une foule en plein concert, chaque île dévoile avec fierté ses pua’a et le reste de ses préparations, disposées délicatement dans des feuilles de bananier. Les plats portés fièrement sur leurs épaules, les danseurs, transcendés, dansent et chantent pour lancer le banquet. Chaque pas, chaque note fait bouillonner les spectateurs affamés. Une ambiance à faire pâlir les plus grands stades d’Europe.

Les pahu (tambours) résonnent sous ce chapiteau dressé dans la vallée de Taipivai, comme le pouls de cette célébration. Les voix des chanteurs s'élèvent, portées par la passion et la connexion profonde avec leur héritage. La délégation de Tahuata est inarrêtable. Tellement prise par cette euphorie contagieuse, que le speaker, en charge de faire circuler les informations aux spectateurs, dépassé par l'euphorie, doit s'adresser à elle, demandant brièvement de suspendre la danse, tant l'effervescence est débordante.

Des papilles ravies

À l’issue du banquet, les visiteurs, assis où ils le peuvent, sont repus. Parmi eux, Isabelle, une visiteuse venue spécialement pour le Matavaa, qui se dit conquise par la gastronomie locale. “J’ai pu avoir du cochon, des crabes et du poe. C’était super bon. Mon mari et moi nous sommes régalés. Déjà que le festival est super, c’est génial d’organiser un événement comme ça, gratuitement qui plus est.” Même son de cloche pour Teiki, qui assiste pour la deuxième fois à un festival. “J’étais venu à Ua Pou en 2019, c’était tellement génial que je suis revenu cette année. La journée d’aujourd’hui confirme mon sentiment. Organiser un repas pour autant de monde et faire goûter leurs plats comme ça, le principe est merveilleux.” Le Matavaa, lui, se termine mercredi.





Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 19 Décembre 2023 à 15:08 | Lu 1389 fois