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Au Vent des îles fête ses 30 ans


Christian Robert, fondateur de Au Vent des îles.
Christian Robert, fondateur de Au Vent des îles.
TAHITI, le 12 novembre 2020 - La maison d’édition Au Vent des îles fête, cette année, ses 30 ans d’existence. À cette occasion, elle publie de nombreuses nouveautés dont les œuvres de l’auteur maori Witi Ihimaera.

L’aventure Au Vent des îles a démarré il y a 30 ans. Dans sa première phase de développement, Au Vent des îles s’est attachée à établir un fonds éditorial en lien avec les universitaires de la Polynésie française.

De nombreux enseignants de cet établissement ont rejoint les rangs des auteurs. Une première collection à vu le jour grâce à eux. Intitulée Culture océanienne, elle compte une vingtaine de titres à présent. Des auteurs non universitaires ont ensuite, et petit à petit, rejoint le catalogue.

La maison d’édition a très tôt élargi son champ éditorial au grand Pacifique. Avec le recul Christian Robert, le fondateur, constate que ce choix était nécessaire, "c’est sans doute ce qui nous a portés et maintenus en vie".

Ce sentiment, d’abord intuitif, a trouvé sa raison d’être. Il est partagé par les écrivains qui éprouvent le besoin d’échanger, de se découvrir et de d’avancer ensemble. Qu’ils soient de Polynésie française, de Nouvelle-Calédonie, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, de Tonga ou bien encore des Sāmoa, ils se reconnaissent les uns les autres. Ils ont en commun un même esprit de famille.

Au fil du temps, Au Vent des îles s’est construite autour d’une identité forte. Elle rassemble des textes contemporains d’auteurs originaires d’Océanie : polynésiens, maoris, samoans, mélanésiens, papous, australiens, fidjiens. Les auteurs autochtones, dont la revendication identitaire est marquée, se reconnaissent dans les valeurs portées par la maison d’édition.

Les titres (plus de 200) se répartissent dans neuf collections : littérature, Noir Pacifique, Beaux-livres, Guides, ouvrages documentaires et pratique, sciences-humaines, biographies, bandes dessinées et jeunesse. Toutes les collections contribuent à mettre en avant les différentes facettes de l’Océanie, tout en sortant des clichés et des lieux communs.

L’idée est de faire découvrir les trésors d’une culture confidentielle et le quotidien tel qu'il se vit dans le Grand Pacifique.

Crédit : Philippe Bacchet.
Crédit : Philippe Bacchet.

Faux-semblant
  • Faux-semblant
  • Le Patriarche
  • Witi Ihimaera
Witi Ihimaera, 1er auteur maori

Son recueil de nouvelles Pounamou, Pounamou, paru en 1972, est le premier du genre à avoir été publié par un auteur māori. Cet ouvrage s’adresse au jeune public, des élèves du secondaire.

L'auteur a signé ensuite différents romans et nouvelles qui lui valent d’être considéré comme un auteur majeur de la littérature postcoloniale. Avec ses textes, Witi Ihimaera explore les conflits entre les valeurs culturelles des Māori et celle des Blancs d’origine européenne, les Pakehas. En 2005, il a reçu la médaille de l’ordre du mérite en littérature dans son pays.

Cette année, Au Vent des îles publie Faux-semblant et Le Patriarche. Faux-semblant raconte Paraiti qui sillonne la Nouvelle-Zélande. Cette femme soigne, soulage et sauve des vies. Mais lorsqu’une bourgeoise blanche de la ville la convoque pour l’aider à interrompre une grossesse déjà très avancée, elle se trouve face à un dilemme et à un secret terrible...

Paraiti est un personnage qui s’inspire d’une vraie guérisseuse traditionnelle connue sous le nom de la Balafrée. "Ma mère m’a fait consulter cette femme quand j’étais petit garçon. Je souffrais alors de problèmes respiratoires auxquels les médecins blancs ne pouvaient rien."

En tant que personnage, "la Balafrée s’est imposée à moi et j’ai décidé d’écrire son histoire, qui se passe au début du 20e siècle, une période où les guérisseurs étaient hors-la-loi et pouvaient être emprisonnés pour pratiquer la phytothérapie". Witi Ihimaera affirme que si sa mère ne l’avait pas fait consulter la Balafrée, il serait sans doute mort.

La quête de Paraiti a inspiré la réalisatrice Dana Rotberg qui a tourné White Lies (Tuakiri Huna en maori) en 2013. Ce film a été sélectionné l’année suivante aux oscars du cinéma dans la catégorie "meilleur film en langue étrangère".

Le Patriarche paraît également chez Au Vent des îles. Ce livre est une grande saga. Il plonge le lecteur au cœur d’une famille maorie qui vit au cœur de la Nouvelle-Zélande au milieu des années 1950. Il est porté par le jeune Simeon qui se rebelle contre l’autoritarisme du patriarche de sa famille élargie et qui, en grandissant, ouvre les yeux sur l’amour, l’injustice, la compétition, la religion et l’hypocrisie. Avec humour et perspicacité, avide de liberté, il fait des présentations sans filtre.

Le samedi 14 novembre à 19h30, soirée du livre à l’écran avec diffusion du film Mahana (Inspiré du livre Le Patriarche) et rencontre avec Witi Ihimaera.

À découvrir sur le site internet Lire en Polynésie.


Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 12 Novembre 2020 à 14:35 | Lu 991 fois