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Assurance vieillesse : Les retraités plaident pour une réforme


Émile Vernier, le président du Sdiraf, mardi matin lors de la conférence de presse organisée par son syndicat de retraités.
Émile Vernier, le président du Sdiraf, mardi matin lors de la conférence de presse organisée par son syndicat de retraités.
Tahiti, le 2 novembre 2021 - Le Sdiraf appelle le gouvernement à mettre en place dès 2022 la "contribution sociale exceptionnelle d’équilibre" préconisée par le Conseil d’orientation et de suivi des retraites afin soutenir financièrement la tranche A. Une "mesurette" pour le Sgarp, l’autre syndicat de retraités, qui souhaite une "réforme d’ampleur" et exclut toute charge nouvelle sur les retraites.
 
Moins d’une semaine après la remise du dernier rapport du Conseil d’orientation et de suivi des retraites (Cosr), et alors que devait se finaliser dans la journée le projet de budget 2022 du régime général des salariés de la Caisse de prévoyance sociale, Émile Vernier a provoqué une conférence de presse mardi matin pour appeler en urgence le gouvernement à l’adoption de mesures propres à renflouer la caisse de retraites de la tranche A. "Qu’ils prennent leurs responsabilités !", martèle le président du Syndicat pour la défense des intérêts des retraités actuels et futurs (Sdiraf). "Pour l’instant, ils ne sont pas capables de prendre des décisions. Ça fait 30 ans que tous les spécialistes nous disent que, si on ne fait rien, la CPS est foutue. Aujourd’hui, je m’inquiète. Il y a quand même 40 000 personnes qui vivent de la retraite. Et quand je dis retraités, je ne compte pas les enfants et petits-enfants qui vivent de ces pensions."
 
Malgré la réforme paramétrique mise en œuvre en juillet 2019, le système de retraite par répartition polynésien reste gangréné par un déficit structurel trop lourd. Allongement de l’espérance de vie, durée de récupération des cotisations trop avantageuses, taux de couverture de 1,9 cotisant pour un retraité : pour le président du Sdiraf, des décisions radicales s’imposent maintenant, alors que le ralentissement économique lié à la crise Covid n’a fait qu’aggraver la situation des comptes sociaux polynésiens depuis 18 mois. Pour plaider sa cause, Émile Vernier devait rencontrer la représentante Tapura et présidente de la commission de la Santé à l’assemblée, Virginie Bruant, mardi après-midi. Il annonce qu’il va faire le "tour des partis politiques" pour signaler le besoin de mesures de soutien au système de retraites. Le syndicat de retraités organise en outre une réunion publique d’information à l’hôtel Le Tahiti (ex-Radisson) , en matinée le samedi 20 novembre prochain, avec entrée libre pour expliquer la situation au plus nombre.
 
Besoins urgents…
 
Pour la caisse de retraite de la tranche A, "on a besoin de 5 milliards tout de suite", estime Émile Vernier. Et pour lui, "tout le monde devra payer". Il défend ainsi l’une des préconisations émise la semaine dernière par le Conseil d’orientation et de suivi des retraites (Cosr) dans son dernier rapport annuel. Pour restaurer la situation financière de la caisse des retraites, le Cosr préconise en effet l’instauration temporaire d’une "contribution sociale exceptionnelle d’équilibre" prélevée sur tous les salaires dès 2022. Il pourrait s’agir d’un surplus de cotisations retraites de 1,5%, qui serait supporté pour les deux-tiers par l’employeur et complété par 0,5% de prélèvement supplémentaire sur la part salariale. Parallèlement, cet effort serait complété par une contribution de 1% prélevée sur l’ensemble des pensions de retraite. Une bouffée d’air frais pour les finances de la caisse de retraites qui permettrait à la CPS de passer l’année en honorant plus facilement ses engagements d’assurance vieillesse. Mais "les syndicats vont être contre", croit savoir Émile Vernier, patrons et salariés. "Alors on n’est pas sortis de l’auberge."
 
… vs "mesurette"
 
D’autant que même parmi les syndicats de retraités on est dubitatif face à une telle préconisation. Pour le Syndicat général autonome des retraités de Polynésie (Sgarp), cette "contribution sociale exceptionnelle d’équilibre", est une "mesurette" qui, de même que la TVA sociale envisagée par le gouvernement, n’aura pour effet que de plomber un peu plus le pouvoir d’achat des retraités. Comme l’explique Roland Clavreul, vice-président de cette organisation, plus de la moitié des ayants droit "ont déjà des retraites modestes et rencontrent des difficultés à faire face à leurs charges". Pour lui, "si on veut faire face au vieillissement de la population, c’est une réforme d’une autre ampleur qu’il faut engager. Nous avons besoin d’un système plus juste et plus solidaire". Pour le Sgarp, l’avenir des retraites doit passer par une nouvelle réforme paramétrique, certes, avec augmentation des cotisations et allongement de la durée de contribution obligatoire, mais aussi par l’instauration en Polynésie d’une fiscalité "plus équitable", à savoir un impôt progressif sur le revenu.
 
Après le changement dans la gouvernance de la Protection sociale généralisée (PSG) qui doit mettre un terme au paritarisme, le ministère de l’Économie et des Finances prévoit de lancer, en 2022, les deux prochains chantiers de la réforme du système polynésien d’assurance sociale : l’identification de nouvelles ressources financières pour assurer la pérennité du service des prestations, et la révision du périmètre de couverture des risques. En attendant, de telles prises de position contribuent à "alimente le débat", nous explique-t-on dans l’entourage d’Yvonnick Raffin. "On sait que 2022 est une année de transition. Que les partenaires sociaux s’interrogent sur les équilibres, ça nous permettra d’avancer."

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 2 Novembre 2021 à 18:22 | Lu 1810 fois