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Arts martiaux et culture pour une meilleure utilisation


Tahiti, le 23 novembre 2020 - Le club TFK Self défense a invité instructrices et instructeurs d'arts martiaux pour une journée d'échanges et de partages. Le but recherché étant d'aider les femmes à se défendre face aux agressions. L'occasion aussi pour sa présidente de "renouer surtout avec nos racines polynésiennes" afin de transmettre les techniques avec "passion et amour" et éviter que leurs enseignements ne soient utilisés à mauvais escient.
 
A l'initiative de la présidente du club TFK Self défense, Mere Fevre, plusieurs instructrices et instructeurs d'arts martiaux se sont rassemblés samedi pour la 9e édition du Fight like a girl (Flag). Un événement qui a pour but d'initier les femmes à se protéger par l'auto-défense. Cette manifestation s'inscrit dans le cadre de la journée de lutte contre toutes formes de violence faites aux femmes. La situation sanitaire restreignant le nombre de participants, des vidéos des clés principales relatives à l'auto-défense seront diffusées sur la page facebook de TFK afin que tout le monde puisse y avoir accès.
 
"Renouer avec nos racines polynésiennes" pour transmettre avec "passion et amour"
 
Mere Fevre a voulu, cette année, tresser avec ses collègues, la natte de la transmission, et aller au-delà de la technicité des arts martiaux pour replonger dans la culture et "renouer surtout avec nos racines polynésiennes", socles de notre peuple. Elle assure que chacun dans son domaine enseigne une discipline "qu'on qualifie de dure ou de brutale" et que malgré cela, ils peuvent l'enseigner en y mettant de la "passion et de l'amour". La présidente du club TFK Self défense a rappelé que toute cette violence "qui envahit notre société, notre vie au quotidien, nos quartiers et nos familles, ça ne va plus (...). Il est temps maintenant de se poser, de s'assoir et de parler entre nous".
 
Elle considère que si ces valeurs sont transmises, leurs élèves n'utiliseront pas les techniques apprises pour se battre dans la rue : "quand tu vois une personne, tu as déjà un ressenti, le feeling. Tu sais déjà ce qu'elle dégage et ce qu'elle attend, même si à la base c'est un peu négatif. Maintenant, avec tout ce que j'ai de positif, qu'est-ce que je peux lui apporter ?". Mais elle est consciente que dans notre société, il y a "des cas, tu auras beau tout faire, si le changement ne vient pas de cette personne, tu ne peux pas la changer. Mais transmets ton savoir avec ton coeur, avec cet amour. C'est un équilibre".
 
"Elles ont un peu plus d'espoir, d'amour et de confiance en elles"
 
Chaque année, Mere Fèvre choisit une marraine pour le Flag, et l'an dernier c'est Anna Yon Yue Chong qui a eu ce privilège. Une "belle expérience" assure-t-elle avec des témoignages poignants émanant de femmes battues. "Le premier pas, c'est de les convaincre à venir à nous puis de les accueillir et les écouter", et là ce sont les premiers signes qu'elles commencent à s'aimer. "Quand on se laisse taper dessus, c'est qu'on se réduit personnellement. Après nous avoir rencontrés, elles ont un peu plus d'espoir, d'amour et de confiance en elles (...). Il n'y a pas que la technique qu'on peut transmettre, il y a aussi les valeurs qui vont avec comme l'amour de son prochain et le respect de l'autre".
 
Pour 2020, Anna Yon Yue Chong a passé le flambeau à Edith Tavanae Toofa, championne de boxe anglaise. Mais si celle-ci considère cela comme un "honneur", elle sait que "représenter les femmes ça va être lourd car il y a énormément de choses à dire et 2021 sera chargée". Mais elle est prête à relever le défi.
 
La présidente du club TFK Self défense, Mere Fevre, pense que tous devraient travailler ensemble, instructeurs, associations de protection des femmes et même les services du Pays. "On va vers des choses qui font peur, donc qu'est ce qu'on peut apporter ? Ce n'est pas tu fais de ton côté et je fais de mon côté, non. C'est moi, qu'est ce que je peux t'apporter, toi, pareil. C'est comme cela qu'il faut voir les choses, sinon, jamais on ne pourra arriver à trouver des solutions".


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 23 Novembre 2020 à 07:14 | Lu 323 fois