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Après le bilan du grand débat, l'exécutif pose ses "enjeux" devant les députés


Paris, France | AFP | mardi 09/04/2019 - Après le bilan des contributions au grand débat national, Edouard Philippe présente mardi après-midi devant l'Assemblée nationale le sens politique qu'il donne à cette consultation, un exercice d'équilibriste devant des députés dans l'attente de propositions concrètes pour pouvoir débattre.

Alors qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer dans les jours à venir, le Premier ministre compte "préciser les enjeux" devant l'Assemblée, puis mercredi devant le Sénat, comme il l'a dit lundi après avoir rendu compte de la synthèse de deux mois de grand débat en réponse à la crise des "gilets jaunes".
"C'est une étape cruciale", selon le délégué général de LREM Stanislas Guerini; il va donner "un premier sens politique à la consultation", abonde le président du groupe LREM Gilles Le Gendre. "Le Premier ministre doit passer du grand débat au grand projet", approuve le MoDem.
Un long après-midi d'échanges est prévu à partir de 16H30 dans l'hémicycle avec une déclaration du chef du gouvernement, suivie d'environ 3H30 d'interventions des présidents de groupe et d'un député non-inscrit, et la réponse du Premier ministre, mais sans vote.
M. Philippe s'était déjà exprimé le 5 décembre devant l'Assemblée pour présenter de premières mesures face à la crise des "gilets jaunes", sans engager sa responsabilité, comme le prévoit l'article 50-1 de la Constitution, et les députés ont déjà eu l'occasion de s'exprimer sur le grand débat durant deux jours la semaine dernière.
Près de 15 heures d'échanges, qualifiés par certains de "mascarade" ou "grand blabla", durant lesquels les orateurs, dans un hémicycle souvent clairsemé, ont montré des convergences sur l’état du pays et des positions irréconciliables sur les solutions à apporter.

- "Ce qui arrange" l'exécutif -

 
"Le Premier ministre nous dit que c'est le président qui va donner les grandes orientations. A partir de là, le débat à l'Assemblée me paraît un peu inutile", note Jean-Christophe Lagarde, chef de file des députés UDI-Agir, qui attend "qu'Emmanuel Macron commence un nouveau mandat". 
Les Républicains ont critiqué mardi, par la voix de leur président Laurent Wauquiez, un premier discours lundi du chef du gouvernement "pas à la hauteur", sans "éléments concrets de direction".
Au PS, le porte-parole Boris Vallaud juge qu'il ne faut pas attendre "de changement de ligne". "La restitution correspondant beaucoup à ce que le gouvernement espérait, aux orientations prises depuis des mois", constate le député des Landes, s'étonnant des faibles scores de la consultation sur les demandes de "rétablissement de l'ISF", de "justice fiscale ou de taxation du capital".
Un sentiment partagé par Sébastien Jumel (PCF) qui a "l'impression que le gouvernement ne tire du grand débat que ce qui l'arrange".
Le discours "du +tout ça pour ça+", porté par l'opposition, c'est "une forme de mépris": "On ne balaie pas ce que 1,5 million de Français ont dit", a répondu mardi Sébastien Lecornu, un des ministres coanimateurs des consultations, en prenant l'exemple de la taxe carbone: elle était "dans les projets initiaux" du gouvernement mais est finalement "définitivement enterrée" par le grand débat.
Lors de son intervention au Grand Palais lundi, le Premier ministre a évoqué quatre grands axes de réformes, à commencer par une baisse plus rapide des impôts pour répondre à "une immense exaspération fiscale". Sans toutefois préciser quels impôts, et selon quelles modalités.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire plaide pour que baisse "en priorité" l'impôt sur le revenu.
Autre exigence soulignée par Edouard Philippe, un rééquilibrage entre métropoles et petites communes pour répondre "à une exigence de fraternité et de proximité". En matière d'environnement, les Français "ne veulent plus que des taxes leur dictent ce qu'ils doivent faire", a-t-il noté. Et il faut "construire les outils d'une démocratie plus délibérative" pour répondre à "une exigence démocratique".
Les cinq garants du grand débat, se sont félicités mardi de ce "moment démocratique exceptionnel", prévenant toutefois que "ne sera réellement crédible qu'à la double condition qu'il soit bien suivi d'effets et que la richesse de ses résultats soit pleinement exploitée".

le Mardi 9 Avril 2019 à 06:34 | Lu 211 fois