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Antoine Kombouare, la force tranquille du Pacifique


Walles Kotra et Antoine Kombouare.
Walles Kotra et Antoine Kombouare.
PAPEETE, le 17 juin 2016 - Le football n'est pas qu'un monde d’argent, de transferts, de médiatisation et polémiques. En atteste le témoignage d’Antoine Kombouare, alias Koulone, un gabarit imposant, une stature de plomb et un tempérament audacieux. Kuoloune est l’un des rares footballeurs internationaux à être originaire du Pacifique, de Nouméa exactement, quartier de Plum, il est devenu entraîneur des clubs les plus prestigieux de France et d’Europe. Rencontre.

"Nous avons beaucoup parlé. De la racine et de l'horizon. L'horizon qui nous aspire vers le large et la racine qui nous rappelle toujours d'où nous venons. Éternel débat d’insulaires…", confie Walles Kotra. C’est lui qui a reçu les confidences d’Antoine Kombouare, un "gamin aux pieds nus" devenu sportif international. Son ouvrage Antoine Kombouare, paroles de footballeur kanak vient d‘être salué par la critique (voir encadré).

Avec une plume vivante, littéraire et dynamique, articulée autour de questions/réponses, Walles Kotra est parvenu à produire un ouvrage au contenu sincère, où le parcours exceptionnel d’Antoine Kombouare devient un exemple parmi tant d’autres de mouvance vers la Grande Terre, sans pour autant renier ses racines.

Style et engagement

Dans son ouvrage, Walles Kotra raconte Antoine Kombouare. Il raconte qu’il s’est fait repérer à tout juste 18 ans, ce qui lui valut une entrée dans le prestigieux club de Nantes. Arrivé en décembre 1983, Antoine Kombouare est rapidement passé du centre de formation pour jeunes à l’équipe professionnelle. Physiquement lourd à son arrivée, il ne possédait pas vraiment de culture technique ni tactique sur le terrain, mais son engagement et son style ont été de suite appréciés. Il a signé un premier contrat de 4 ans à Nantes où il a appris les fondements professionnels: discipline, rigueur, assiduité au travail, respect de l’esprit collectif… et compétition.

Il a fait ensuite un bref passage au FC Toulon (au moment de l’affaire dite de "la caisse noire" du club) avant d’intégrer l’équipe du PSG. C’était en 1990. L’équipe était vieillissante (à 26 ans, il était le plus jeune !), mais il y a côtoyé des joueurs de renom, expérimentés et au caractère bien trempé comme Susic ou encore Bats. En mars 1993, Antoine Kombouare s’est démarqué grâce à but en quart de finale retour de la Coupe de l’UEFA, contre le Real Madrid. "Nantes m’a construit, structuré, donné les bases et les fondamentaux du métier. C’est là que je suis devenu un joueur professionnel, mais paradoxalement, je n’ai rien gagné à Nantes. Au PSG, j’ai appris à développer la culture de la gagne."

En fin de contrat avec le PSG, à quasiment 32 ans, il est passé d’un club suisse à un club écossais, Aberdeen. Retour aux sources du football : plus de panache dans le jeu et surtout, moins de pression médiatique. Ainsi sonne la fin de 18 ans de carrière professionnelle sur le terrain… pour devenir entraîneur au Centre de formation du PSG dès 2001.

Une nouvelle carrière

Fort d’une méthode qui porte ses fruits, et secondé par un adjoint hors pair (Bernard Guignedoux) dont il ne se séparera plus, Antoine Kombouare poursuit depuis son chemin d’entraîneur. Il est passé du racing club de Strasbourg à partir de 2003 au club de Valenciennes en 2006. En 2009, il est revennu au PSG, alors que le club vivait une période délicate vis-à-vis des supporters et au sein même de l’équipe. C’est dans ce contexte qu’un "plan de pacification" a été mis en place pour redorer la côte d’amour du club. Un plan qui a porté ses fruits. L’apaisement s’est accompagné d’une remontée du PSG en terme de notoriété et de résultats. Ce qui a poussé les Qataris à s’y intéresser de près en 2011. Ils ont racheté le club qui est devenu plus attractif. Des joueurs comme Gameiro, Douchez, Ménez, Matuidi, Sissoko, Pastore... ont intégré l’équipe et le club s’est doté d’un directeur sportif de renom : Leonardo. Mais la cohabitation avec Antoine Kombouare a été perturbée par des turbulences et s’est soldée par un limogeage, en faveur de Carlo Ancelloti.

La fin du contrat d’Antoine Kombouare avec le PSG lui a offert, enfin, de pouvoir profiter du soulagement (personnel, moral et familial) de la fin d’une période de tension psychologique et médiatique. Une petite escapade d’un an à Ryad comme entraîneur du club d’Al-Hilal lui a permis de prendre un peu de distance, de faire un point sur son parcours, tout en enchaînant les réussites : évolution du club en national et sur le championnat d’Asie.

Le retour en France à la fin de la saison 2013 a marqué son entrée au club de Lens, sous l’impulsion du président Gervais Martel. Un homme passionné qui se démène corps et âme pour dynamiser son club. Résultat : montée du club en Ligue 1 lors de la dernière journée de qualification. Après deux belles saisons au RC Lens, Antoine Kombouare a annoncé son retour en Ligue 1 : il vient tout juste d’intégrer le club de Guinguamp.

D'après un communiqué de Au vent des îles

Un style "élégant"

"Antoine Kombouare, Paroles d’un footballeur kanak", vient de recevoir le Grand prix UCPF. Un prix décerné depuis 9 ans par l’Union des clubs professionnels de football (UCPF). Il récompense les meilleurs ouvrages relatifs au football. Pour la saison 2015/2016, les membres du jury ont salué Walles Kotra pour son style littéraire "élégant" ainsi que "sa capacité à rendre compte des valeurs profondes du sportif".

De Tiga à Paris

Originaire de l’île de Tiga en Nouvelle-Calédonie, Walles Kotra vient d’être nommé directeur exécutif en charge de l’Outre-Mer chez France TV. Président du conseil d'administration du Centre culturel de Tjibaou, il est également fondateur du Festival international du film océanien (FIFO) et de l'université de la communication de l’Océanie. Ancien journaliste, il s’intéresse particulièrement à l’évolution de la société néo-calédonienne et couvre de nombreux évènements politiques, produisant plusieurs ouvrages portant sur des personnalités singulières (dont Jacques Lafleur, et à paraître prochainement, Nidoïsh Naisseline), ainsi qu’un documentaire sur Tjibaou.

Rédigé par Au Vent des îles le Vendredi 17 Juin 2016 à 14:09 | Lu 186 fois