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Amui, un plan commun contre le Covid


Tahiti, le 26 octobre 2020 - Le plan de communication et de mobilisation communautaire Covid a été débattu avec les représentants des communes des îles du Vent, lors d’un séminaire lundi matin à la Présidence. L’objet de ce plan Covid Amui est d’améliorer dès à présent les moyens d’intervention et de communication à l’échelle des collectivités locales de Tahiti et Moorea, alors que les deux îles sont aujourd’hui en alerte Covid maximale.

Une vingtaine de représentants des communes de Tahiti et Moorea ont répondu à l’invitation de la Direction de la santé, lundi, pour assister au séminaire de présentation du plan de communication et de mobilisation communautaire Covid, à la présidence. Avec un effectif en hausse de 2 315 cas Covid actifs essentiellement regroupés sur ces deux îles et particulièrement en zone urbaine, l’objet de cette conférence promettait des applications pratiques immédiates. Elles devraient entrer en action dès la semaine prochaine. 
 
Les collectivités locales ont une connaissance de terrain, une capacité de communication et d’intervention qui peuvent s’avérer fondamentales dans le combat contre l’explosion épidémique qui frappe actuellement l’archipel de la Société. Mais ces communes peuvent pâtir d’incertitudes quant à la bonne manière de contribuer à ce combat contre le coronavirus. Chacune dispose de brigades sanitaires chargées de sensibiliser la population des quartiers à l’hygiène et aux gestes barrières pour limiter la circulation communautaire du virus, mais avec les informations, la méthode et les outils adéquats cette réponse est largement perfectible. C’est en tout cas le crédo de la cellule Covid.
 
C’est le docteur Biarez, médecin chef de l’hôpital de Moorea, en charge du programme  Modernisation des soins de santé primaires en Polynésie, qui est à l’initiative du séminaire organisé lundi avec les communes. C’est également lui qui s’est chargé d’animer les débats, pendant toute la matinée. "Il s’agissait surtout d’apporter des éléments de connaissance en santé communautaire et de proposer un certain nombre d’outils et d’accompagnements techniques pour les communes dans leur travail, au niveau des quartiers. Ça été une approche d’échanges, de pratiques et pédagogique aussi", explique-t-il. 
 
Il ressort de cette rencontre que, si ce n’est pas déjà acté, chaque commune est invitée à désigner un coordinateur de la mobilisation communautaire Covid. Pour améliorer leur connaissance de la situation sanitaire et sociale dans leur secteur, des outils d’enquêtes de connaissance "attitudes et pratiques" sont en place et seront partagés pour permettre de cerner plus finement à l’échelle municipale ce que pense objectivement la population de cette maladie et comment elle y réagit. De même, un plan de communication locale devrait être mis en place, géré par les municipalités par le biais de leurs réseaux sociaux.
 
Egalement suggéré, la création de centres communautaires de soins pouvant accueillir les personnes positives qui auraient des personnes vulnérables dans leur entourage, des structures pour lesquelles certaines collectivités locales ont exprimé le souhait de travailler en intercommunalité. Enfin, des comités de santé pourraient voir le jour dans les communes, afin de profiter de cette catastrophe sanitaire pour améliorer de manière globale la santé de leur population.
"Etrangement, nous n’avons pas eu aujourd’hui de message d’inquiétude", constate Manutea Gay, le coordonnateur de la plateforme Covid. "Les communes sont aujourd’hui dans l’action, elles demandent simplement à être accompagnées et un peu plus soutenues. C’est très encourageant. Ensuite c’est normal qu’elles se posent des questions. Dans une pandémie comme celle-là on ne peut pas être spécialiste en tout. On a besoin de tout le monde. Et notre rôle, c’est de coordonner tout ça au niveau de la plateforme."
 
Référent dédié 
 
Et visiblement, le retour d’information a plaidé lundi en faveur d’un meilleur soutien de ces communes dans l’effort de guerre, comme le constate Philippe Biarez à l’issue de ce séminaire : "Elles ont besoin de compétences, d’accompagnement technique et de réponses à leurs questions."
 
Pour contenter cette attente forte, un pôle de mobilisation communautaire pourrait être créé dès cette semaine au sein de la plateforme Covid avec une personne en charge d’être le correspondant spécifique des communes. "C’est une information que je vais faire remonter au niveau du ministère. On va mettre en place quelqu’un qui sera en charge de l’aspect communautaire, comme cela a été le cas pendant la période de confinement de mars à mai", explique Manutea Gay. "Il faut que l’on trouve la bonne personne pour l’animer avec les partenaires communaux. Son rôle sera de coordonner les décisions, les conseils et transmettre les informations utiles.
 
Un besoin fort également exprimé lundi par les auditeurs : celui d’avoir une meilleure connaissance du nombre de cas dans leur commune et de la localisation de ces derniers, pour mieux valoriser et évaluer leurs actions. Une information pas évidente à communiquer compte tenu du principe du secret médical. "Sans citer les gens, sans cibler les domiciles, mais en indiquant les quartiers les plus touchés on peut permettre de mieux orienter l’effort au plan local", estime cependant Manutea Gay.
 
Le partage d’informations et d’accompagnement technique initié formellement lundi par ce séminaire doit se poursuivre avec une fréquence hebdomadaire dès la semaine prochaine. Cela se fera à distance entre le pôle dédié de la plateforme santé et les référents communaux de la mobilisation Covid. 
 
L’initiative portée par ce séminaire pourrait être élargie dans les autres archipels de Polynésie aussi. "Pour l’instant, ça concerne les îles du Vent, parce que la circulation virale y est élevée", explique cependant Philippe Biarez. "On est en alerte maximale. Il est clair que les autres communes vont être contactées. Cela se fera bien sûr en visioconférence, à la fois pour la distance mais surtout pour protéger les populations."  
 

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 27 Octobre 2020 à 07:00 | Lu 1870 fois