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Aluminium dans les vaccins: le retour d'une question polémique


Paris, France | AFP | vendredi 22/09/2017 - L'aluminium des vaccins peut-il avoir des effets neurologiques ? Cette question polémique a ressurgi vendredi par la voix d'un chercheur mais la communauté scientifique et médicale insiste sur la sécurité de ces vaccins, utilisés depuis 90 ans sur des centaines de millions, voire des milliards, de personnes.
 

. Dangereux, l'aluminium?

Certains vaccins contiennent des adjuvants, substances utilisées pour accroître leur efficacité en augmentant la réponse immunitaire. Les sels d'aluminium sont le plus ancien adjuvant utilisé (depuis 1920) et sont dans le viseur d'associations qui les jugent dangereux.
En 2014, un mouvement de protestation d'une association de malades, E3M, a conduit l'Agence du médicament, l'ANSM, à confier une étude sur l'aluminium dans les vaccins au professeur Romain Gherardi, chef de service à l'hôpital Henri-Mondor (Créteil).
Il estime de longue date que les particules d'aluminium pourraient être à l'origine, chez des personnes génétiquement prédisposées, d'une série de symptômes (fatigues extrêmes, douleurs, troubles cognitifs...) constitutifs d'une nouvelle maladie, la myofasciite à macrophages.
Chez certaines personnes, l'aluminium peut provoquer à terme un "burn out immunitaire", a déclaré le professeur Gherardi vendredi lors d'une conférence de presse commune avec E3M.
"Une faible dose de la population n'arrivera pas à détoxifier son système immunitaire des particules d'adjuvant", a-t-il poursuivi.
E3M dit vouloir interpeller les députés sur cette question.
Par ailleurs, l'avocate Jacqueline Bergel a affirmé à l'AFP avoir déposé deux demandes auprès de la ministre de la Santé pour que les fabricants retirent l'aluminium de leurs vaccins, au nom de 3.000 personnes.
Me Bergel assure qu'elle ira devant le Conseil d'Etat dès le 5 octobre en cas de "refus ou de non-réponse de la ministre".
 

. Une hypothèse controversée

"Dans les données dont on dispose, il n'y a rien de suffisamment solide pour étayer un rôle négatif de l'aluminium", assure à l'AFP le professeur Antoine Pariente, directeur d'une équipe de recherche à l'Inserm.
"L'aluminium dans les vaccins, ce sont des quantités infinitésimales. Or, l'aluminium, on en mange partout, dans les capsules de café par exemple", poursuit-il.
Chef de l'unité de génomique virale et vaccination à l'Institut Pasteur, Frédéric Tangy met en garde contre "une espèce d'acharnement envers l'aluminium".
"En 90 ans d'utilisation, il y a eu des dizaines de milliards de doses injectées et il n'y a jamais eu d'accident signalé" de façon statistiquement significative, dit à l'AFP M. Tangy, co-auteur du livre "Les vaccins pour les nuls", qui sortira le 19 octobre.
Au-delà de la question de l'aluminium, la vaccination fait l'objet d'un sentiment de défiance grandissant, en France comme ailleurs. 
Pour lutter contre la baisse du taux de couverture vaccinale, le gouvernement va porter de trois à onze le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants dès 2018.
 

. Des travaux et un avis

Les travaux supervisés par le professeur Gherardi ont déjà fait l'objet de trois publications dans des revues scientifiques. Ils s'articulent selon deux axes. 
D'abord, étudier la persistance dans l'organisme et les effets neurologiques de l'aluminium sur des souris qui ont reçu des injections.
L'autre volet de cette recherche, qui fait l'objet d'un dépôt de brevet, s'intéresse à une éventuelle prédisposition génétique pouvant expliquer une intolérance à l'aluminium.
Dans un avis rendu le 8 mars, dévoilé par Le Parisien vendredi et dont l'AFP a obtenu copie, le conseil scientifique de l'ANSM juge que ces recherches nécessitent "des approfondissements".
"Globalement, il y a une véritable logique dans ce projet, même s'il peut sembler avancer par petites touches sans construire encore un ensemble abouti", note le Conseil scientifique. Selon lui, "l'apport de l'étude aux connaissances sur la sécurité des vaccins semble significatif, sans être encore déterminant".
"Il s'agit d'une recherche très préliminaire, essentiellement sur la souris, qui ne change rien à l'analyse bénéfice/risque des vaccins qui contiennent de l'aluminium", a réagi auprès de l'AFP le directeur général de l'ANSM, Dominique Martin.
"On a été totalement transparent avec les associations", a-t-il ajouté, en assurant que l'avis avait été transmis en août à France Assos Santé, dont E3M fait partie.
 

. La question du financement

Pour poursuivre ses recherches, le Pr Gherardi dit avoir besoin de 670.000 euros, après avoir reçu 150.000 euros de l'ANSM pour les travaux initiaux.
Selon lui, une demande portant sur 550.000 euros a été déposée à l'ANR (Agence nationale de la recherche) et "a été mise sur liste d'attente". "C'est une décision non motivée", a-t-il déploré.

le Vendredi 22 Septembre 2017 à 06:24 | Lu 357 fois