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Alerte sur la salamandre européenne, menacée par un mystérieux champignon


BRUXELLES, 22 mai 2014 (AFP) - Des dizaines de cadavres de salamandres ont été découverts récemment en Belgique, laissant planer la menace d'une expansion à toute l'Europe d'un mystérieux champignon fatal à ces amphibiens, mettent en garde les experts.

Signalée pour la première fois au Pays-Bas en 2008, cette mycose y a tué près de 96% des salamandres terrestres du pays, contraignant les autorités à isoler des spécimens sains dans des zoos, selon l'association belge Natagora, de protection de la nature.

Jusqu'il y a peu, le foyer des Pays-Bas semblait toutefois isolé. Mais la découverte en avril de dizaines de salamandres mortes dans une forêt du sud de la Belgique, après le signalement d'un premier cas fin 2013, près de la frontière néerlandaise a sonné l'alerte.

D'autant que des informations alarmantes, en voie de confirmation par la communauté scientifique, arrivent aussi du sud de l'Allemagne, non-loin de la frontière belge.

"La situation est inquiétante pour la salamandre terrestre européenne", estime pour l'AFP Francks Pasmans, professeur en mycologie vétérinaire à l'université de Gand, parmi les spécialistes de l'agresseur, le batrachochytrium salamandrivorans. Il juge notamment qu'une contagion à la France "est une question de temps".

Un mal venu d'Amérique ou d'Asie?

Connue sous le nom de salamandre de feu, pour sa peau noire tachetée de jaune, l'espèce menacée, salamandra salamandra, est la star de sa famille d'amphibiens. La capacité de pouvoir traverser le feu sans se brûler que lui ont longtemps prêtée les croyances populaires lui ont notamment valu d'être élue comme emblème royal par François Ier.

Le champignon qui la cible ne laisse aucune chance à ses victimes, dont il ronge la peau, les conduisant sous deux semaines à la mort par étouffement. Selon le directeur de Natagora, Philippe Funcken, le mal, qui se transmet par contact entre batraciens ou dans l'eau, "progresse de quelques dizaines de km chaque année".

Pour agir, les scientifiques manquent encore de données, notamment sur l'origine de cette maladie et ses capacités de nuisance envers d'autres espèces. Alors que le commerce international des batraciens est propère, notamment pour la recherche en laboratoire, "une hypothèse serait qu'elle soit arrivée des Etats-Unis ou d'Asie, où elle ne faisait pas de dégâts du fait de l'adaptation des spécimens locaux", indique M. Pasmans.

Une autre mycose tueuse de batraciens, le Batrachochytrium dendrobatidfis, est tenu responsable depuis des années de l'extinction de quelque 200 espèces, essentiellement en Amérique centrale et Australie.

Mais si elle a gagné l'Europe, elle semble y avoir perdu en nocivité, au delà de la zone pyrénéenne, où elle est apparue il y a une quinzaine d'années, selon M. Pasmans.

Dans l'immédiat la seule parade préconisée par les experts est de désinfecter ses semelles après une promenade dans les sous-bois, pour ne pas propager le champignon. Mais selon M. Pasmans, il faut désormais envisager une mobilisation à l'échelle européenne.

Rédigé par () le Jeudi 22 Mai 2014 à 05:27 | Lu 466 fois