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Alcooliques Anonymes : "J'avais honte, mais un jour j'ai osé y aller"


L'association des Alcooliques Anonymes se réunit tous les mercredis de 18h30 à 19h30.
L'association des Alcooliques Anonymes se réunit tous les mercredis de 18h30 à 19h30.
Papeete; le 15 juillet 2019 - Chaque mercredi soir, l'association des Alcooliques Anonymes accueille discrètement dans une petite salle du Presbytère de Papeete les personnes souffrant d'addiction à l'alcool. Pendant une heure, ces personnes, toutes très différentes les unes des autres, vont se parler, s'écouter et se serrer les coudes dans leur combat contre l'alcoolisme.

"Bonjour, je m'appelle Hanavei* et je suis alcoolique. Cela fait un mois que je n'ai pas bu", annonce d'une voix timide la jeune femme en se présentant. Hanavei fait partie des personnes qui assistaient mercredi soir à la réunion hebdomadaire de l'association des Alcooliques Anonymes.
Ils sont une petite dizaine ce mercredi assis les uns à côté des autres dans cette salle prêtée par le Père Christophe. De prime abord, rien ne prédestine ces hommes et ces femmes à être attablés ensemble. Ils n'ont rien en commun. Il y a des personnes de tout âge, des hommes, des femmes, des Polynésiens d'origine, des Popa'a. Ils semblent tous provenir de milieux sociaux bien différents. Rien si ce n'est leur combat commun contre l'alcool. Certains n'ont pas bu une goutte d'alcool depuis plus de 30 ans, d'autres depuis quelques semaines, mais tous ont comme meilleur "ennemi" l'alcool.

" L'ALCOOL ALLAIT M'ENVOYER DANS LA TOMBE "

Chacun pendant une heure va témoigner de sa souffrance vécue à cause de l'alcool, échangeant ses expériences. Les abstinents depuis plusieurs années vont souvent être plus prolixes. "Au départ, c'est festif, on boit avec les amis. Mais l'alcool est sournois, facétieux, on tombe rapidement dans son piège. Un verre en amène un autre et puis on cherche l'ivresse ", explique Maia avec lucidité.
Et cette recherche de l'ivresse à tout prix va les emmener vers les affres de l'enfer. "Je n'étais plus moi-même, je devenais méchante avec mon mari et même avec mes enfants", avoue Maia. "L'alcool me bousillait à petit feu. Même complètement bourré, je me levais pour acheter mes bouteilles avant que le Chinois du coin ne ferme. L'alcool était devenu une prison sans barreaux, dans laquelle je m'enfermais. Il allait m'envoyer dans la tombe. Quand j'ai arrêté, c'était comme une libération", insiste Nicolas, un homme d'une cinquantaine d'années.

"MON PETIT GARÇON A FAILLI SE NOYER PENDANT QUE JE BUVAIS"

Au fil des témoignages et des échanges, les nouveaux venus comprennent qu'ils ne sont pas les seuls à souffrir de ce fléau. Oscillant entre la honte et le besoin d'être là, ils vont oser se livrer davantage. "Au départ, j'étais dans le déni de la maladie, je n'admettais pas que j'étais alcoolique. Un jour alors que j'étais en train de boire à la plage, mon petit garçon a failli se noyer. Le papa a voulu prendre mon fils. Je ne savais plus quoi faire, j'étais vraiment désespérée. Je n'avais pas les moyens d'aller voir un psychologue, mais il fallait que je trouve quelque chose pour m'en sortir. J'avais honte, mais j'ai téléphoné aux Alcooliques Anonymes et j'ai osé y aller", admet la jeune Hanavei, qui vient depuis un mois chaque mercredi aux Alcooliques Anonymes.

Et si pour Hanavei la bataille contre l'alcool est encore toute récente, elle espère tenir bon et ne pas rechuter. "Samedi, je me suis lancé un challenge, je suis allée à une bringue. J'ai réussi à ne pas boire, je regardais les autres s'enivrer, cela me faisait bizarre, c'était un peu comme un film. J'ai résisté en pensant aux phrases que j'avais entendues ici. 'Le premier verre en entraîne un autre', 'chaque heure sans alcool, c'est déjà cela de gagné' (…). Ma mère est venue sentir mon verre, il y avait du jus, elle m'a dit qu'elle était contente pour moi", confie une once de fierté dans la voix Hanavei, consciente que le combat sera long.



*Par respect de l'anonymat, tous les prénoms ont été changés.

Eric
"On gagne notre sobriété en la transmettant"

"Cela fait plus de 30 ans que j'ai arrêté de boire et pourtant je continue d'assister aux réunions des AA toutes les semaines. Si on ne m'avait pas aidé lorsque j'en avais besoin, je ne serais plus là. Maintenant à moi d'aider les autres. A chaque témoignage, c'est comme une piqûre de rappel de la souffrance que peut provoquer l'alcool. On gagne notre sobriété en la transmettant."

Infos pratiques :
Tél : 40 43 21 63
[email protected]
www.alcooliques-anonymes.fr ; www.aa.org
Facebook : Alcooliques Anonymes Tahiti
Réunion : L'association des Alcooliques Anonymes propose une réunion hebdomadaire tous les mercredis de 18h30 à 19h30 au 1er étage du presbytère de la cathédrale à Papeete.

le Lundi 15 Juillet 2019 à 17:54 | Lu 3057 fois