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Affaire Barbion : La minorité des victimes au cœur des débats


Tahiti, le 23 janvier 2020 - Le procès en appel de Sabine Boiron, Thierry Barbion et Marc Ramel, qui doit durer deux jours, a débuté jeudi en présence de trois témoins cités par le parquet. Les débats ont été notamment consacrés à la question de savoir si Thierry Barbion et Marc Ramel avaient connaissance de l’âge des jeunes filles mineures avec lesquelles il leur est reproché d’avoir eu des rapports sexuels.

Cinq mois après le procès en première instance de l’affaire impliquant le promoteur Thierry Barbion, son ancienne maîtresse, Sabine Boiron et l’ex-propriétaire du Ute Ute, Marc Ramel, leur procès en appel s’est ouvert jeudi. Toute la matinée a été consacrée à l’audition de Sabine Boiron. Condamnée en première instance à sept ans de prison ferme, l’ancienne institutrice, à laquelle il est reproché d’avoir prostitué de jeunes fille mineures en échange d’ice ou d’argent, a, tout comme lors de sa première comparution, évoqué son addiction à l’ice à l’époque des faits. Interrogée sur le fait de savoir si elle avait eu conscience de se servir de jeunes filles mineures “paumées”, l’ancienne maîtresse de Thierry Barbion a concédé qu’elle en avait pris conscience tardivement.

Boiron, Ramel et Barbion à la barre

Absent lors du procès en première instance, à l’issue duquel il avait été condamné à quatre ans ferme assortis d’un mandat de dépôt pour atteinte sexuelle sur mineure de 15 ans, Marc Ramel s’était livré aux forces de l’ordre deux jours après les délibérés. Incarcéré puis remis en liberté le 23 septembre en même temps que le promoteur Thierry Barbion, l’ancien propriétaire du Ute Ute a comparu libre jeudi devant la cour d’appel. Après avoir évoqué son enfance difficile, car il était le “fruit d’un adultère”, Marc Ramel a été longuement interrogé sur les faits qui lui étaient reprochés, notamment sur le fait d’avoir eu des rapports sexuels avec une mineure de 13 ans. A la barre, l’homme a reconnu cette relation en expliquant qu’il ignorait la minorité de l’adolescente et qu’il l’avait quittée lorsque quelqu’un lui avait expliqué qu’elle avait 15 ans et qu’elle consommait de l’ice.

Entendu à son tour, Thierry Barbion, qui avait écopé de quatre ans de prison ferme assortis d’un mandat de dépôt le 29 août dernier, a également affirmé jeudi qu’il ignorait l’âge de la mineure de 17 ans avec laquelle il lui est reproché d’avoir eu trois relations sexuelles. “Lorsque je l’ai rencontrée, elle m’a dit qu’elle avait 19 ans et qu’elle faisait des études”, a-t-il expliqué avant que Sabine Boiron ne s’oppose à cette déclaration en indiquant qu’elle avait dit à Thierry Barbion que l’adolescente n’était pas majeure.

Vacances à Bora

Citée en qualité de témoin par le parquet, une jeune femme s’est ensuite avancée à la barre pour expliquer qu’elle avait, à l’époque des faits, passé une soirée chez Thierry Barbion au cours de laquelle elle avait eu des rapports sexuels avec ce dernier ainsi qu’avec un autre homme alors qu’elle se sentait mal après avoir bu un verre d’alcool et ne pouvait “plus bouger”. Déclaration face à laquelle l’avocate du promoteur, Me Eftimie-Spitz, lui a opposé qu’elle avait eu une courte relation avec son client qui l’avait notamment emmenée en vacances dans l’un de ses hôtels à Bora Bora.

Autre témoin entendu : la jeune femme avec laquelle Thierry Barbion avait eu trois rapports sexuels alors qu’elle était encore mineure. Absente lors du procès en première instance, cette dernière a cette fois été citée par le parquet afin d’être interrogée par la cour d’appel. A la barre, elle a confirmé avoir menti sur son âge lors du premier rapport sexuel et n’a su indiqué si elle avait donné son âge réel au promoteur.


Convention

Deux semaines avant le procès qui s’est ouvert jeudi avait été révélée l’existence d’une convention, désormais objet d’une enquête préliminaire pour subornation de témoin, signée entre l’avocat des parties civiles, Me Jacquet et le conseil de Thierry Barbion, Me Eftimie. Ce document visait à indemniser trois victimes impliquées dans le dossier à hauteur d’un million de Fcfp chacune, dont le deuxième témoin entendu hier. Interrogée sur cet accord, la jeune femme a indiqué à la barre qu’un million, cela ne représentait “pas beaucoup”.

Le procès s’achèvera vendredi avec les plaidoiries des parties civiles, les réquisitions et les plaidoiries de la défense.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 23 Janvier 2020 à 21:23 | Lu 8837 fois