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Actes de vandalisme: 5 pieds de Tiare Apetahi détruits au Te Mehani rahi


Le Tiare' Apetahi: un trésor polynésien en voie de disparition
Le Tiare' Apetahi: un trésor polynésien en voie de disparition
Fred JACQ est consultant en charge du plan de conservation du Tiare 'apetahi depuis 2009. Avec de nombreux intervenants et des associations il veille de façon permanente sur l'un des trésors menacé de la Polynésie: le Tiare' apetahi. Cette fleur très rare, symbole de l'île de Raiatea est victime d'agressions multiples, et il est triste de constater que les dégradations humaines connaissent une forte croissance, que ces associations tentent d'endiguer.
Les mesures de préventions ne semblent pas satisfaisantes et les panneaux apposés par la DIREN menaçant les contrevenants d'amendes pouvant aller jusqu'à 1 Millions de francs, n'ont sut empêcher, le week-end dernier, des actes de vandalismes sur 5 pieds de Tiare'apetahi. La DIREN a sollicité le procureur qui a été prévenu dès lundi matin de ces méfaits pour lancer une procédure; l'enquête est en cours actuellement afin de tenter de trouver les malfaiteurs. Mais les dispositifs de répression manquent cruellement selon Fred Jacq "Il est urgent de réunir autour d'une table ronde les communes, le haut-commissariat, le ministère, la Diren afin de mener une vraie réflexion pour faire face à ces détériorations", explique t'il indigné par ces récents évènements, "il existe des solutions, comme par exemple constituer des brigades vertes comme il en existe dans le plupart des DOM-TOM, , des gardes champêtres qui patrouillent, contrôlent et verbalisent. OU alors mettre en place un partenariat avec la gendarmerie. Il est effarant de constater que depuis que le tiare' apetahi a été classé parmi les espèces protégées en 1996, aucune amende n'a été à ce jour promulguée, alors que des actes de détériorations ont bien été constatés!"




Communiqué des associations

Actes de vandalisme: 5 pieds de Tiare Apetahi détruits au Te Mehani rahi
C’est avec stupéfaction et très grande déception qu’il a été fait, lundi 1er août au matin, le constat du vandalisme de 5 pieds reproducteurs de Tiare ‘apetahi sur le plateau Te Mehani rahi. Ces actes se sont déroulés dimanche 31 juillet. C’est un constat affligeant que nous faisons ici :

• Un pied a été piétiné volontairement, le tronc a été sectionné en deux, la plante est quasi-morte,
• 8 branches entières ont été arrachées et gardées (cueillies) sur plusieurs pieds différents,
• Il n’y plus aucune fleur sur cette station vandalisée, elles ont toutes été cueillies,
• De nombreux Pandanus temehaniensis ont été coupés sur le chemin, espèce endémique des plateaux Te mehani et habitat du Tiare ‘apetahi dont il semble dépendre strictement
• Une centaine de plantules qui étaient suivies par la Direction de l’environnement ont été piétinées sciemment.
Une branche pouvant contenir plusieurs rameaux feuillés et fleurs.

Le tiare ‘apetahi est un arbuste protégé par la réglementation en Polynésie française depuis 1996. L'amende pour la cueillette des fleurs et des feuilles, et la dégradation des rameaux et de la plante entière est de 1 million F CFP.

Les inventaires sur plus de 10 années ont montré que le taux de disparition des plants reproducteurs dépasse 80 % sur 10 ans ! Cette plante emblématique, strictement endémique aux plateaux Te Mehani (300 ha), est donc gravement menacée d’extinction. Depuis 2009, un plan de conservation de cette espèce est en cours sur ces plateaux. Ses priorités sont la multiplication in situ de l’espèce par graine et la sauvegarde des populations naturelles, et une étude démographique. Ces pieds reproducteurs et leurs plantules sont donc suivis régulièrement par la Direction de l’environnement (DIREN). Ils ont fait l’objet de panneaux informant les visiteurs que cette espèce est protégée et du suivi par la DIREN. De même sous plusieurs pieds des centaines de plantules (moins de 1 centimètre) sont marquées par des étiquettes et numérotées afin que les visiteurs ne les écrasent pas. Hélas chaque panneau et chaque étiquette a été volontairement arrachée et jeter, et les plantules massacrées également.

L’homme est un des facteurs principaux, si ce n’est le principal, dans les causes de disparition de cette espèce si chère à l’île de Raiatea. Les rameaux cueillis ne repoussent pas ! Et cette mutilation tue lentement la plante et à terme l’espèce. C’est le premier acte de vandalisme observé à l’encontre de cette plante fragile ! Nous ne pouvons laisser perpétuer de tels méfaits gratuits. Des plaintes vont être déposées par plusieurs associations et par la Direction de l’environnement. Des mesures doivent être prises pour appliquer le code de l’environnement.

Que lèguerons-nous à nos enfants ? Une image d’archive imprimée sur un sac carrefour uniquement ?? A quoi bon tous ces efforts de conservation sur plusieurs années si de tels actes de méchanceté et de barbarie se perpétuent ? Pourquoi toujours cueillir cette fleur emblématique alors que nous avons presque tous au moins des téléphones appareil-photos maintenant ?


Aidez-nous à protéger cette plante symbolique si fragile : ne la cueillez pas !



Communiqué des associations :
« Tuihana »,
« Rainuiatea »,
« Te Rau Ati Ati a Tau a Hiti Noa Tu »,
et de la Fédération des Associations de Protection de l’Environnement de Polynésie française (FAPE)

Et en matière de droit, les résultats d'étude de Lucile Strahl

Lucile Stahl est titulaire d’un doctorat en droit de l’environnement. Elle s’est spécialisée dans le domaine du droit de la protection de la nature et de la diversité biologique dans les collectivités françaises d’outre-mer, objet de sa thèse soutenue en juin 2009. Elle a par ailleurs publié un article sur le « Code de l’environnement de la Polynésie française » à la Revue juridique de l’environnement (2003) et est membre du Groupe de travail outre-mer du Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).




Rédigé par () le Mercredi 3 Août 2011 à 09:45 | Lu 1795 fois