Tahiti Infos

A la mi-temps du grand débat, Macron cherche à garder l'avantage


Paris, France | AFP | mardi 12/02/2019 - A mi-chemin, le grand débat a redonné de l'air à Emmanuel Macron, qui va continuer à sillonner la France pendant un mois avant des annonces très attendues pour sortir de la crise la plus grave de son quinquennat.

"Plus rien ne sera comme avant", avait promis le chef de l'Etat en lançant, à la mi-janvier, cette grande consultation inédite.
Un mois plus tard, ses partisans ne cachent pas leur satisfaction et leur soulagement d'avoir retrouvé un Président "combatif", celui de la campagne présidentielle victorieuse de 2017.
"Avec ce grand débat, il a repris l'initiative et est sorti de la zone la plus dangereuse", celle qui l'avait contraint à rester cloîtré à l'Elysée en décembre, constate Bruno Cautrès, du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).
Pour cela, Emmanuel Macron a mis en suspens les réformes programmées et en sourdine son agenda international. Avant de monter en première ligne en animant six débats marathons, dont trois de plus de six heures et demie, dans des gymnases ou des salles de fête. Debout, en bras de chemise, il a tenu à répondre, parfois longuement, à toutes les questions, donnant un air d'"oral de Sciences Po" à ces débats, selon le politologue. Avec "le risque d'apparaître narcissique, comme étant celui qui sait tout", souligne-t-il.
Retransmises en direct par les chaînes d'information, ces grandes réunions ont été très suivies au début par les téléspectateurs mais l'audimat a récemment chuté, signe d'une lassitude.
L'Elysée est pour cela attentif à faire évoluer le format des déplacements présidentiels. Le septième d'entre eux, prévu jeudi dans l'Indre, ne comportera pas de grand débat avec plusieurs centaines de personnes. Le chef de l'Etat échangera plutôt avec une trentaine de maires à Gargilesse-Dampierre, la commune du président de l'Association des maires ruraux de France, Vanik Berberian, avant une rencontre avec des acteurs économiques l'après-midi.  
 

- "Campagne électorale" -

  
Emmanuel Macron a promis que ces deux mois de "délibération dans la société" ne "se clôtureront pas de manière classique". "On voit bien qu'on crée une attente (...) et il ne faudrait pas que la montagne accouche d'une souris", souligne un conseiller de l'exécutif. 
Mais il est encore "trop tôt pour parler de l'atterrissage", selon lui. "Nous ne sommes pas le 15 mars. Laissons les Français débattre et attendons de voir ce qui émergera de ces échanges", a plaidé lundi Marc Fesneau, le ministre chargé des Relations avec le Parlement. 
"Il est faux de croire que nous avons déjà tous les éléments", insiste-t-on dans l'entourage du Président, en précisant que "l'important, c'est aussi la restitution des milliers de débats organisés dans tout le pays". Les conclusions devraient être établies vers la mi-mars avant l'annonce attendue de premières mesures en avril.
"Pour retourner l'opinion" qui soutient encore les "gilets jaunes", "il faudra du temps et des mesures compréhensibles", prévient Franck Louvrier, ex-chargé de communication de Nicolas Sarkozy.
Il préconise la piste d'"un référendum qui poserait des questions pas seulement institutionnelles mais aussi économiques et sociales", et qui "peut très bien s'organiser au même moment que les élections européennes" du 26 mai. Cette hypothèse, étudiée par l'exécutif, est vivement critiquée par de nombreux ténors de la majorité comme de l'opposition.
Surpris au début par l'offensive d'Emmanuel Macron, les opposants dénoncent désormais une "campagne électorale déguisée que l'Elysée est en train de s'offrir grâce aux moyens de l'État et aux frais du contribuable", selon les députés LFI. Des élus LR ont également annoncé avoir saisi la commission nationale des comptes de campagne et le conseil supérieur de l'audiovisuel.
En réponse, l'Elysée met en avant le caractère des institutions de la Ve République qui place le président au centre des regards et des attentes de la population.
Signe de l'avènement de "l'acte II du quinquennat", les changements se succèdent dans l'entourage d'Emmanuel Macron. L'annonce mardi soir du prochain départ d'Ismaël Emelien, son "conseiller spécial", illustre le retrait progressif des "Mormons", ces trentenaires qui l'ont accompagné dans sa conquête du pouvoir.
L'Elysée a récemment vu arriver Philippe Grangeon, 62 ans, un nouveau conseiller bien plus expérimenté.

le Mardi 12 Février 2019 à 05:24 | Lu 214 fois