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A la foire agricole, l’Etat et le Pays s’entendent sur le développement du secteur primaire


A la foire agricole, l’Etat et le Pays s’entendent sur le développement du secteur primaire
Cette foire agricole marquerait-t-elle le réchauffement des relations entre l'Etat et le Pays ? Jeudi matin, lors de l’inauguration de l’événement, place Vaitupa à Faa’a, les représentants du gouvernement, mais aussi, plus surprenant, du Haut-commissariat, ont parlé d'une seule voix pour soutenir le redéploiement de l'économie polynésienne vers le secteur primaire, au détriment du tertiaire. Face à un modèle économique en crise, le vice-président Antony Géros veut « ramener les gens à la terre ». Il a reçu le soutien de Richard Didier, qui approuve la démarche gouvernementale de « replacer l’agriculture au centre de la société ».

C’est avec beaucoup de fierté que le ministre de l’agriculture, Kalani Texeira, lui-même membre de la profession, a inauguré cette foire qui regroupe 336 exposants, agriculteurs, horticulteurs, éleveurs, pêcheurs… tous rassemblés sur le motu Ovini à Faa’a. Tout le gratin de la politique polynésienne était présent, y compris le président de l’assemblée, Jacqui Drollet, qui avait décidé de reporter l’ouverture de la séance budgétaire de plusieurs heures pour ne pas rater l’événement. Le ministre a appelé à la constitution d'un « nouveau projet de société » devant ce public acquis à sa cause

Son objectif : doubler la production agricole en 5 ans. « Aujourd’hui, on est dans une autre conception de l’économie du pays, il faut qu’on travaille avec ce qu’on a dans le ventre, avec nos ressources propres, c’est comme ça qu’on va s’en sortira » a-t-il expliqué à Tahiti Infos. Oui, mais comment ? « Je pense à la forêt, à l’élevage, avec une délocalisation de l’agriculture dans les îles, à la mise en valeur des spécificités de chaque archipel, et à la création de zones de stockage et de conservation » explique Kalani Teixeira, qui ne « peut pas en dire plus pour le moment », puisque le budget 2012 est encore en préparation.

Le vice-président, lui aussi enthousiaste, se charge toutefois de ramener un peu de réalisme dans le débat. « On ne peut pas tout changer du jour au lendemain, et ne faire que de la pêche, de l’agriculture, ou de l’élevage », temporise Antony Géros, qui veut au préalable rendre leurs lettres de noblesse aux métiers liés à la terre. « Dans le primaire, il n’y a pas que des agriculteurs : il y a des chercheurs, des ingénieurs agronomes. .. Tous les métiers existent dans ce secteur. Or ce qui rebute les jeunes aujourd’hui, c’est qu’ils ne voient ces métiers que par l’ornière de la pelle, de la pioche et de la fourche » se désole le vice-président, qui affirme faire lui-même pousser du pota, du chou et des carottes dans son « petit potager hors sol » à son domicile.

Ces ambitions agricoles du gouvernement ne sont pas nouvelles. Le soutien affiché ce jeudi par le Haut-commissaire l’est plus. En déclarant que l’agriculture avait été « un peu oubliée par le passé », et que la France apporterait son assistance concrète à la Polynésie pour une plus grande souveraineté alimentaire, le Haut-commissaire Richard Didier a (pour une fois) été chaleureusement accueilli par le gouvernement indépendantiste. « Ce soutien n’est pas nouveau, puisqu’il ne faut pas oublier l’existence du lycée agricole d’Opunohu. Mais le gouvernement actuel nous demande d’accentuer ce soutien au secteur primaire, et nous y répondons favorablement » affirme Richard Didier.

Le Haut-commissaire annonce du concret : le « renforcement du lycée professionnel », de « nouveaux baccalauréats professionnels aux Marquises », et l’appui technique de techniciens agricoles dans des domaines bien ciblés. « Il s’agit pas de faire de nouveaux rapports ou de grandes inspections générales » précise le Haussaire. « Je prends l’exemple d’un élevage porcin qu’on a visité avec le ministre Kalani, qui rencontre des difficultés dans l’alimentation du bétail. On va essayer de faire venir des techniciens de la chambre d’agriculture de Bretagne, soit de l’Outre-mer, qui viendront leur donner des conseils pour améliorer cette alimentation, et surtout qu’elle soit moins chère » détaille Richard Didier. Et le Haut-commissaire le rappelle, l’objectif premier est d'améliorer la productivité de l'agriculture polynésienne. « Le taux de couverture est faible sur un certain nombre de productions locales que l’on sait produire bien, ce n’est pas normal que cela n’augmente pas »

le Jeudi 29 Septembre 2011 à 15:47 | Lu 691 fois