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À l'hôpital, le délicat cloisonnement du Covid


Tahiti, le 1er octobre 2020 – Alors qu'au moins deux patients hospitalisés à Taaone ont été testés positifs au Covid-19 après leur admission, l'équation entre le cloisonnement du risque Covid et le traitement du Covid est un équilibre délicat à l'intérieur du Centre hospitalier.

L'information a de quoi surprendre et agite les réseaux sociaux depuis quelques jours. Deux des sept décès polynésiens liés au Covid-19 ont été testés positifs au coronavirus après avoir été hospitalisés au Centre hospitalier de Taaone (CHPF) pour d'autres pathologies. Il est donc possible que certains patients aient contracté le virus à l'hôpital, même si ce n'est pas une certitude…

Ces personnes qui sont entrées à l'hôpital pour des pathologies lourdes ont déclenché des symptômes après leur admission. De source interne à l'hôpital, on explique que trois hypothèses peuvent expliquer une telle contamination malgré les mesures sanitaires imposées au sein de l'établissement : "On peut avoir le cas d'une contamination lors de la visite d'un patient hospitalisé par de la famille ou des proches porteurs asymptomatiques du virus. On peut également, il ne faut pas l'exclure, avoir le cas de personnels soignants contaminés sans le savoir car également asymptomatiques. Et enfin, on peut penser au cas d'un patient qui entrerait à l'hôpital pour une pathologie sans rapport avec le Covid, mais qui serait déjà porteur du virus et qui déclencherait des symptômes quelques jours après son admission."

Visites limitées

Côté visites, le CHPF a pourtant mis en place une limite d'un patient par jour et par personne. Évidemment, le port du masque est obligatoire, la désinfection des lieux et les gestes barrières de rigueur. "Mais on ne peut pas mettre un vigile dans chaque chambre une fois le visiteur entré", glisse-t-on à l'hôpital. Le Centre hospitalier n'est pas fermé, mais il tente de limiter l'activité humaine tout en maintenant un maximum de prises en charge. De fait, les capacités d'opérations ont été réduites pour pouvoir redéployer du personnel pour la gestion du Covid-19, ce qui induit moins de consultations en chirurgie. "Oui, il y a un effort sur la limitation du nombre de personnes qui rentrent".

Patients surveillés

Côté patients, l'hôpital a mis en place un test Covid systématique avant certaines opérations susceptibles d'entraîner une contamination des personnels soignants. En revanche, pour le commun des malades non atteints du Covid-19 à l'hôpital, il n'y a pas de politique de test systématique. La vigilance est spécifiquement renforcée sur cette maladie, notamment pour les patients à risque. Au premier doute sur un symptôme apparenté au Covid, le patient est isolé dans sa chambre et testé. Et ce n'est qu'au retour de son test positif qu'il est transféré en service dédié. Le Centre hospitalier y possède une capacité d'accueil maximale de 200 lits et 60 en réanimation.

Personnel pisté

Si le Centre hospitalier s'occupait au départ en interne du suivi des cas Covid et cas contacts au sein de son personnel, c'est désormais le Bureau de veille sanitaire de la Direction de la santé qui a repris la main sur cet aspect de la gestion du risque Covid. Un changement de stratégie qui s'est opéré, selon nos informations, lors de l'épisode du premier cluster du Piment Rouge. "On a eu quelques cas au moment du Piment Rouge, mais aujourd'hui c'est résorbé", confirme un représentant du personnel de l'hôpital.

Le virus étant néanmoins extrêmement contagieux, l'équation entre le cloisonnement du risque Covid et le traitement du Covid est un équilibre délicat à l'intérieur du Centre hospitalier. Délicat mais indispensable pour le premier rempart médical contre l'épidémie au fenua.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 2 Octobre 2020 à 12:45 | Lu 3084 fois