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À Te u’i rau “on essaie de faire au mieux”


TAHITI, le 16 février 2022 - L’association d’insertion par activité économique Te u’i rau dirigée par Henri Mou Sin existe depuis plus de trente ans. Treize accompagnateurs sont répartis en trois lieux à Faa’a, la maison mère, Pirae et Moorea. Ils font le maximum pour aider ceux qui sont dans le besoin. Henri Mou Sin y œuvre depuis 2004.

Cela fait dix ans. Dix ans qu’Henri Mou Sin dirige Te u’i rau. “Lorsque le poste s’est présenté, j’étais le plus à même de prendre la place. Je suis entré dans l’association en 2004.” Il connaissait bien son fonctionnement, mais aussi tout le réseau tout autour, tissé au fil des ans. Toutefois il a quand même souhaité se former pour répondre au mieux aux besoins du poste. Avec la Chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers notamment, il s’est mis à jour en comptabilité et en management.

“Ce qui m’intéresse ce sont les relations À la personne”

Ses parents, originaires des îles (sa mère est des Tuamotu, son père de Raiatea), se sont installés à Tahiti où Henri Mu Sin a vu le jour. Il a grandi à Mahina. Il a étudié au lycée du Taaone et à Paul Gauguin. “J’ai un baccalauréat en sciences médicosociales.” Avec ce diplôme, il avait le choix entre les métiers de la santé et ceux du social. “J’étais attiré par le social, ce qui m’intéresse ce sont les relations à la personne, pouvoir aider les gens à s’en sortir. C’est là que je trouve satisfaction.” Ce qui le ravit le plus est d’entendre les gens lui dire : “Ça y’est j’ai un travail, je ne viendrai plus chez vous à Te u’i rau! ” Il aime revoir ceux que l’association a accompagné au hasard de ses déplacements.

Il a intégré l’Institut régional de formation des éducateurs qui a existé pendant dix ans sur le territoire. Aujourd’hui, le personnel du secteur social est formé via l’Institut polynésien de formation sanitaire et social de la Croix-rouge française. Henri Mou Sin est devenu en deux ans moniteur éducateur. Il a démarré sa carrière professionnelle à Sainte-Amélie, au foyer éducatif Uruai a tama qui accueille des mineurs suivis par la justice. En journée, les résidents étaient à l’école, les éducateurs travaillaient en horaires décalés accompagnant la vie de l’internat.


“J’était confronté à un public d’adolescents, ce qui m’a permis de mieux comprendre cette tranche d’âge.” Son expérience a duré dix ans. Il a eu, au bout de cette période, besoin de changer de rythme pour se consacrer à sa propre famille. “J’ai décidé de partir sans savoir ce qui m’attendait ou ce que j’allais pouvoir faire. Il me fallait réfléchir.”

“J’attends un engagement”

À peine un mois plus tard, il a été contacté pour intégrer l’équipe de Te u’i rau à Faa’a. Il a accepté le poste, à mi-temps d’abord pendant une année, puis à temps plein. Pendant des années, il a reçu les gens en entretien, s’est occupé de leur dossier, a proposé du travail. Il a découvert un public différent des adolescents : celui des adultes et des jeunes adultes.

En cas de situation vraiment difficile, Henri Mou Sin a toujours essayé de faire de son mieux. “C’est vrai que parfois, on se sent un peu démuni, mais on essaie toujours de faire ce qu’on peut”. Il connaît les limites de sa mission, ses moyens et, au besoin, il réoriente ses interlocuteurs vers d’autres structures. Par ailleurs, il insiste : “je suis là pour aider, c’est vrai, mais j’attends un engagement”. Lorsque des personnes se présentent il répète : “tu es venu frapper à notre porte, j’ai ma part à faire, tu as la tienne. Je ferai 50%, tu feras le reste pour qu’on puisse obtenir un résultat de 100%. J’ai besoin de ton adhésion, je ne peux pas tout faire à ta place pour que ton projet se réalise”.

Depuis qu’il est à la direction, il ne mène plus d’entretiens : “Je dois rester concentré sur la gestion. Il faut de la rigueur, ce n’est pas toujours évident”. Mais il n’est jamais très loin, il reste disponible et continue à intervenir en cas de demandes particulières. “Je reste au contact de notre public.

30 années de service

L’association Te u’i rau est née il y a plus de trente ans, fondée par d’anciens travailleurs sociaux. “Ils étaient quatre et ont avancé sur la base de constat. Ils suivaient des familles de Faa’a." L’équipe proposait des activités périscolaires aux enfants du quartier non loin de Nuutania, les emmenaient à la bibliothèque, au cinéma. Bien vite, ils ont pris conscience de l’ampleur des besoins. Les familles avaient besoin d’argent. Mais au lieu de donner, ils ont mis en place un système de journées travaillées et de rémunérations. “Te u’i rau a cherché et trouvé des petits travaux à la journée, comme du jardinage pour offrir une activité aux parents souvent sans compétences particulières.”

On s’est agrandi, professionnalisé, l’association a recruté des éducateurs spécialisés et a mis en place toute une procédure d’accompagnement.” Un pôle d’accompagnement administratif et social a vu le jour. “Chaque personne qui se présente chez nous passe par ce pôle qui permet de mettre à jour les documents de base : carte d’identité, affiliation CPS, compte en banque. On vise un accompagnement personnalisé sur le long terme.” L’association offre par ailleurs des ateliers pour apprendre à se présenter, à rédiger CV et lettre de motivation, elle organise des simulations d’entretien avec des chefs d’entreprise pour être au plus près de la réalité. Elle est à cheval sur la ponctualité, l’hygiène… Aujourd’hui, Te u’i rau compte 13 salariés et a ouvert deux antennes, l’une à Pirae, l’autre à Moorea. En moyenne, entre 25 et 30 personnes sont suivies sur deux années au total.

En cas d’échec, “on s’interroge toujours, on cherche ce qui ne va pas pour actionner les bons leviers. Parfois on travaille sur les problématiques au sein de la famille, du couple”. Henri Mou Sin a le souci d’accomplir sa mission. Il se réjouit de l’évolution réglementaire récente dans le secteur du social. “Un dossier que l’on portrait depuis des années !” Un schéma décennal d’insertion sociale par l’activité économique devrait voir le jour rapidement. Le secteur va se structurer, obtenir reconnaissance et cadre juridique. Le cadre des interventions, missions, compétences s’éclaircit. “Et les aides suivront”, espère Henri Mou Sin. Le budget de fonctionnement de l’association est pris en charge par le ministère, mais cela reste insuffisant pour concrétiser tous les projets. D’autant que, depuis la crise, l’affluence est significative. “Le petit personnel des hôtels par exemple s’est tourné vers nous.

Contacts

FB : Association TE U’I RAU

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 16 Février 2022 à 17:11 | Lu 5767 fois