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A Saint-Martin, les pros du déblayage tentent de rendre l'île plus vivable


Marigot, France | AFP | jeudi 20/09/2017 - Sitôt l'alerte de confinement déclenchée pour l'ouragan Maria levée, ils sont parmi les premiers à attaquer le nettoyage des piles de débris à Saint-Martin : les jeunes recrues du service militaire adapté sont spécialement formées aux catastrophes naturelles.
Le déploiement de ces 260 volontaires venus de Guadeloupe (200) et de Martinique avait été annoncé la semaine dernière par Emmanuel Macron lors de son passage aux Antilles après l'ouragan Irma.
"C'est la première fois qu'ils sont engagés en tant que bataillon autonome sur une opération d'urgence", indique le colonel Pellissier, qui commande le RSMA de Guadeloupe.
Sous ce sigle se cache un régiment de formation professionnelle, qui propose une trentaine de filières à des jeunes âgés de 18 à 25 ans et "éloignés de l'emploi", sur les territoires et départements d'Outre-mer.
Habituellement sous tutelle du ministère de l'Outre-mer, les recrues basculent dans un régiment de l'armée en cas de catastrophe naturelle, et sont formées à cet effet au déblayage et à l'élagage.
Dans une ruelle du quartier défavorisé de Sandy-Ground, complètement obstruée par des déchets en tous genres, les volontaires en treillis militaires forment une chaîne humaine pour évacuer les débris dans une grande benne.
"C'est pas mal mais faut avancer! Cette rue-là, on la dégage en deux heures", les rabroue un instructeur sous le regard mi-curieux mi-amusé des habitants du quartier.
Des bouts de tôles et de ferrailles, des fils électriques, une baignoire, un vieux sommier, des branchages... les jeunes recrues maintiennent un rythme soutenu.
Assise sur une chaise à l'ombre en face de chez elle, Salina contemple le spectacle. La jeune femme aux bras entièrement tatoués se dit soulagée car elle va enfin pouvoir sortir sa voiture, jusqu'ici bloquée par les débris, pour aller chercher de l'eau.
 

-Motivée-

 
Pour les habitants du quartier, avec une vingtaine de recrues saint-martinoises dans le bataillon, certains visages sont familiers.
"Ma cousine habite ici. Je suis prêt à tout nettoyer, je ferai tout pour aider, c'est mon île", raconte Ernest Labissière, 19 ans, originaire de Marigot.
En formation depuis un an en charpenterie au RSMA de Guadeloupe, il a eu un choc en arrivant après Irma : "c'était affreux, comme s'il n'y avait rien qui restait sur l'île".
Originaire de Sandy-Ground, Omisha Adams a choisi d'intégrer le RSMA depuis un peu plus d'un an pour apprendre le métier de serveuse, et aussi parce que "c'est beaucoup de portes ouvertes et on peut passer le permis".
"Etre dans mon quartier, ça me pousse encore plus, je suis motivée. Mes amis me voient, avec mon uniforme, j'aurais bien aimé les faire sortir de la rue pour aller à l'armée comme moi", confie-t-elle.
"Je ne sais pas combien de temps nous allons être amenés à rester. Ici on a de quoi faire des chantiers d'application pendant des mois", estime le colonel Pellissier, précisant que les recrues sont rémunérées 300 euros par mois.
 

- Priorité aux écoles -

 
Logé à l'hôtel Mercure, un luxueux établissement en bord de mer très endommagé, le RSMA y a fait du déblayage "par politesse".
Parmi leurs priorités de nettoyage : les écoles.
Initialement prévue lundi puis repoussée à cause de l'arrivée de Maria, une rentrée des enseignants est reprogrammée pour jeudi.
Aux côtés du RSMA, les pompiers remettent en état les établissements scolaires, avec trois missions : refaire les toits, brûler les immondices et sécuriser.
A Marigot, dans l'école primaire Nina Duverly, un détachement de pompiers venus de Martinique s'active : opération de bâchage pour les uns, nettoyage de la cour avec un souffleur à feuilles, prêté par un habitant, pour les autres... 
"On essaie de rendre l'établissement accueillant", résume l'adjudant chef Boriel.

le Jeudi 21 Septembre 2017 à 03:08 | Lu 260 fois