Mamoudzou, France | AFP | jeudi 25/10/2023 - "Pénurie de médecins" et "coupures d'eau": ces avertissements s'affichent sous feuilles plastifiées sur les grilles du centre de soins de Kahani à Mayotte, résumant une situation alarmante, à l'heure où l'archipel enregistre son pire épisode de sécheresse depuis un quart de siècle.
A moins de 20 km de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, les soignants de Kahani peine à gérer l'afflux de patients.
L'un d'eux prévient, anonymement, à l'entrée: "Il y a trop de monde actuellement. Il faut essayer de revenir cet après-midi. Et ça ne sert à rien d'aller au dispensaire de Sada (à 8 km), il n'y a pas de médecins, ils sont ici. Soit vous attendez, soit vous allez à Mamoudzou".
Soumis à d'immenses difficultés d'accès à l'eau potable, nombreux sont pourtant les habitants des alentours qui auraient besoin d'une consultation.
A 10 minutes en voiture plus au nord, une adolescente de 15 ans, Housnati, décrit la situation dans son bidonville de Combani: "Ici, la majorité des enfants sont malades..."
Comme c'est le cas pour près d'un tiers de la population de Mayotte, son quartier de fortune n'est pas raccordé en eau courante.
Seul accès au précieux liquide pour son voisinage: un trou creusé en périphérie des habitations, dans lequel stagne une eau sombre. Moustiques et larves y ont trouvé refuge. C'est pourtant ici que chacun vient puiser ses réserves.
"C'est la deuxième cuve creusée par les habitants. La première est vide", déplore Housnati. En attendant que la pluie remplisse ce réservoir, les familles comptent les jours et les taches sur la peau des enfants.
Dans son cabinet situé à Pamandzi, en Petite-Terre, le docteur Ahmed Abdou Mohamed connaît bien ces traces blanches qui se multiplient sur le corps des enfants. Une maladie dermatologique probablement due au manque d'hygiène qui découle de la pénurie d'eau.
"En ce moment, un patient sur cinq vient consulter pour un trouble plus ou moins lié au manque d'eau", assure par téléphone le médecin.
Globalement, les habitants de Mayotte - environ 310.000 - vivent au rythme des restrictions depuis début septembre.
A terme, ce patricien craint le développement de maladies graves telles que "la typhoïde ou le choléra".
"Saturé de bébés"
Sur ce point, le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS), Olivier Brahic, insiste auprès de l'AFP: "A ce jour, on ne connaît pas de recrudescence ou de flambée épidémique de maladies hydriques. Il n'y a aucun cas de choléra enregistré".
Concernant la fièvre typhoïde, "nous avions 123 cas l'année dernière contre 13 depuis le début de cette année. En partant du principe que la crise de l'eau a débuté mi-août, nous avons eu quatre cas sporadiques".
En référence au manque de soignants, M. Brahic reconnaît que "la situation est parfois compliquée dans les services", tout en indiquant que "les renforts de personnel se sont accélérés depuis le mois de juin". "On se donne comme timing de disposer de renforts au moins jusqu'à fin janvier 2024", dit-il.
Aux urgences du Centre hospitalier de Mayotte à Mamoudzou, la pénurie de soignants, sur fond de crise de l'eau, se révèle éprouvante.
"Le service est saturé de bébés avec des diarrhées et des vomissements", résume anonymement une urgentiste.
Au service de réanimation, un autre soignant, qui demande également à ne pas être nommé, affirme que des patients "arrivent à un stade de déshydratation avancé". Il cite le cas d'un bébé qui "va se retrouver avec séquelles neurologiques irrémédiables".
Le directeur de l'ARS reconnaît "des cas de déshydratation suite à des gastro-entérites aiguës qui arrivent avec un retard de prise en charge", mais il martèle qu'"aucun nourrisson n'est décédé à cause du manque d'eau, contrairement aux +fakes news+ qui ont pu circuler".
Et l'épidémie de gastro-entérite "à cette période n'a strictement rien d'inhabituel", relève-t-il.
Pour le Dr Ahmed Abdou Mohamed, l'urgence est pourtant là et Mayotte fait déjà "face à un problème de santé publique majeur". Selon lui, "il faut impérativement accélérer la distribution d'eau en bouteille", censée être ouverte à tous à partir de la mi-novembre.
A moins de 20 km de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, les soignants de Kahani peine à gérer l'afflux de patients.
L'un d'eux prévient, anonymement, à l'entrée: "Il y a trop de monde actuellement. Il faut essayer de revenir cet après-midi. Et ça ne sert à rien d'aller au dispensaire de Sada (à 8 km), il n'y a pas de médecins, ils sont ici. Soit vous attendez, soit vous allez à Mamoudzou".
Soumis à d'immenses difficultés d'accès à l'eau potable, nombreux sont pourtant les habitants des alentours qui auraient besoin d'une consultation.
A 10 minutes en voiture plus au nord, une adolescente de 15 ans, Housnati, décrit la situation dans son bidonville de Combani: "Ici, la majorité des enfants sont malades..."
Comme c'est le cas pour près d'un tiers de la population de Mayotte, son quartier de fortune n'est pas raccordé en eau courante.
Seul accès au précieux liquide pour son voisinage: un trou creusé en périphérie des habitations, dans lequel stagne une eau sombre. Moustiques et larves y ont trouvé refuge. C'est pourtant ici que chacun vient puiser ses réserves.
"C'est la deuxième cuve creusée par les habitants. La première est vide", déplore Housnati. En attendant que la pluie remplisse ce réservoir, les familles comptent les jours et les taches sur la peau des enfants.
Dans son cabinet situé à Pamandzi, en Petite-Terre, le docteur Ahmed Abdou Mohamed connaît bien ces traces blanches qui se multiplient sur le corps des enfants. Une maladie dermatologique probablement due au manque d'hygiène qui découle de la pénurie d'eau.
"En ce moment, un patient sur cinq vient consulter pour un trouble plus ou moins lié au manque d'eau", assure par téléphone le médecin.
Globalement, les habitants de Mayotte - environ 310.000 - vivent au rythme des restrictions depuis début septembre.
A terme, ce patricien craint le développement de maladies graves telles que "la typhoïde ou le choléra".
"Saturé de bébés"
Sur ce point, le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS), Olivier Brahic, insiste auprès de l'AFP: "A ce jour, on ne connaît pas de recrudescence ou de flambée épidémique de maladies hydriques. Il n'y a aucun cas de choléra enregistré".
Concernant la fièvre typhoïde, "nous avions 123 cas l'année dernière contre 13 depuis le début de cette année. En partant du principe que la crise de l'eau a débuté mi-août, nous avons eu quatre cas sporadiques".
En référence au manque de soignants, M. Brahic reconnaît que "la situation est parfois compliquée dans les services", tout en indiquant que "les renforts de personnel se sont accélérés depuis le mois de juin". "On se donne comme timing de disposer de renforts au moins jusqu'à fin janvier 2024", dit-il.
Aux urgences du Centre hospitalier de Mayotte à Mamoudzou, la pénurie de soignants, sur fond de crise de l'eau, se révèle éprouvante.
"Le service est saturé de bébés avec des diarrhées et des vomissements", résume anonymement une urgentiste.
Au service de réanimation, un autre soignant, qui demande également à ne pas être nommé, affirme que des patients "arrivent à un stade de déshydratation avancé". Il cite le cas d'un bébé qui "va se retrouver avec séquelles neurologiques irrémédiables".
Le directeur de l'ARS reconnaît "des cas de déshydratation suite à des gastro-entérites aiguës qui arrivent avec un retard de prise en charge", mais il martèle qu'"aucun nourrisson n'est décédé à cause du manque d'eau, contrairement aux +fakes news+ qui ont pu circuler".
Et l'épidémie de gastro-entérite "à cette période n'a strictement rien d'inhabituel", relève-t-il.
Pour le Dr Ahmed Abdou Mohamed, l'urgence est pourtant là et Mayotte fait déjà "face à un problème de santé publique majeur". Selon lui, "il faut impérativement accélérer la distribution d'eau en bouteille", censée être ouverte à tous à partir de la mi-novembre.