Tahiti, le 11 février 2025 – Un charpentier de 30 ans a été condamné mardi à une peine de 8 années de prison pour le viol d'une Américaine en décembre 2022, dans une maison abandonnée proche de Taravao. À la barre, l’accusé a plaidé le malentendu linguistique dans un procès où la notion de consentement a été au cœur des débats.
“À aucun moment, il n'a pu penser qu'il y avait consentement pour un possible échange sexuel”, a déclaré mardi la victime, une Américaine originaire de Caroline du Nord, lors du deuxième jour d’un procès pour viol devant la cour d’assises de Papeete. En décembre 2022, alors qu’elle était de passage en Polynésie, la jeune femme avait sauvagement été agressée sexuellement dans une maison abandonnée aux abords de Taravao. Ce mardi, après une première journée consacrée à l’examen des faits, l’accusé a dû répondre aux questions de la cour et des jurés, avant que les avocats des deux parties ne livrent leurs plaidoiries.
Une randonnée qui vire au cauchemar
Le récit glaçant de l’agression a été livré sans fard par Me Hellec, avocat de la partie civile : “Elle était venue travailler en Polynésie comme nourrice sur un voilier et, lors de son premier jour de repos, elle décide de partir en randonnée, comme elle en a l’habitude chez elle. On lui assure qu’en Polynésie, il n’y a aucun danger, que les gens sont accueillants et bienveillants.” Globe-trotteuse et baroudeuse aguerrie, la victime a déjà voyagé au Guatemala ou au Costa Rica. Ce jour-là, marchand en bord de route, alors qu’elle consulte son téléphone pour s’orienter, un scootériste s’arrête à son niveau, et se propose de l’aider.
Confiance mal placée : la jeune femme monte sur le scooter, pensant qu’il allait la conduire à destination. Or, la barrière de la langue complique les échanges. Très vite, elle réalise qu’il l’emmène ailleurs, loin du sentier prévu. “Il l’a conduite sur un chemin de terre, jusqu’à une maison isolée. Elle se retrouve au milieu de nulle part”, poursuit l’avocat.
Là, l’agression commence. D’abord, des attouchements au niveau des parties génitales, qu’elle repousse à plusieurs reprises, jusqu’à ce que l’homme l’agrippe fermement. “Lorsqu’elle se met à hurler, il lui plaque la main sur la bouche”, relate Me Hellec. L’accusé aurait alors contraint la victime à un cunnilingus forcé, avant de la pénétrer avec ses doigts, puis avec son sexe, dans le vagin et l’anus.
Les examens médico-légaux réalisés le soir-même révèleront des lésions anales, des traces de sang dans les sous-vêtements de la victime, ainsi que des ecchymoses sur son corps et sur sa bouche, là où son agresseur l’avait bâillonnée. “En état de sidération” – un phénomène courant dans les cas de viol –, la jeune femme est ensuite traînée dans une cabane à proximité, décrite comme “crasseuse” par Me Bennouar, autre avocat de la victime. Là, elle subit un nouveau viol “de la manière la plus sauvage qu'il soit […] sans préservatif”.
“Elle est passée du paradis polynésien à l’enfer. À la pire expérience que puisse vivre une femme”, explique Me Bennouar. Après l’agression, l’accusé l’a reconduite sur la route et abandonnée là. Ce n’est que par un éclair de lucidité que la victime photographie avec son téléphone la plaque d’immatriculation de son agresseur. Un élément qui a grandement facilité son identification et son interpellation.
Un rapport consenti pour l'accusé
Deux ans après les faits, la victime a donc traversé la moitié du monde pour affronter son agresseur au tribunal. Pendant deux jours, elle a dû revivre l’horreur de cette nuit-là. “C’est extrêmement traumatisant. Chacun peut imaginer la souffrance d’une femme contrainte à une pénétration forcé [...] elle a dû penser qu'elle allait mourir”, plaide Me Hellec.
“À aucun moment, il n'a pu penser qu'il y avait consentement pour un possible échange sexuel”, a déclaré mardi la victime, une Américaine originaire de Caroline du Nord, lors du deuxième jour d’un procès pour viol devant la cour d’assises de Papeete. En décembre 2022, alors qu’elle était de passage en Polynésie, la jeune femme avait sauvagement été agressée sexuellement dans une maison abandonnée aux abords de Taravao. Ce mardi, après une première journée consacrée à l’examen des faits, l’accusé a dû répondre aux questions de la cour et des jurés, avant que les avocats des deux parties ne livrent leurs plaidoiries.
Une randonnée qui vire au cauchemar
Le récit glaçant de l’agression a été livré sans fard par Me Hellec, avocat de la partie civile : “Elle était venue travailler en Polynésie comme nourrice sur un voilier et, lors de son premier jour de repos, elle décide de partir en randonnée, comme elle en a l’habitude chez elle. On lui assure qu’en Polynésie, il n’y a aucun danger, que les gens sont accueillants et bienveillants.” Globe-trotteuse et baroudeuse aguerrie, la victime a déjà voyagé au Guatemala ou au Costa Rica. Ce jour-là, marchand en bord de route, alors qu’elle consulte son téléphone pour s’orienter, un scootériste s’arrête à son niveau, et se propose de l’aider.
Confiance mal placée : la jeune femme monte sur le scooter, pensant qu’il allait la conduire à destination. Or, la barrière de la langue complique les échanges. Très vite, elle réalise qu’il l’emmène ailleurs, loin du sentier prévu. “Il l’a conduite sur un chemin de terre, jusqu’à une maison isolée. Elle se retrouve au milieu de nulle part”, poursuit l’avocat.
Là, l’agression commence. D’abord, des attouchements au niveau des parties génitales, qu’elle repousse à plusieurs reprises, jusqu’à ce que l’homme l’agrippe fermement. “Lorsqu’elle se met à hurler, il lui plaque la main sur la bouche”, relate Me Hellec. L’accusé aurait alors contraint la victime à un cunnilingus forcé, avant de la pénétrer avec ses doigts, puis avec son sexe, dans le vagin et l’anus.
Les examens médico-légaux réalisés le soir-même révèleront des lésions anales, des traces de sang dans les sous-vêtements de la victime, ainsi que des ecchymoses sur son corps et sur sa bouche, là où son agresseur l’avait bâillonnée. “En état de sidération” – un phénomène courant dans les cas de viol –, la jeune femme est ensuite traînée dans une cabane à proximité, décrite comme “crasseuse” par Me Bennouar, autre avocat de la victime. Là, elle subit un nouveau viol “de la manière la plus sauvage qu'il soit […] sans préservatif”.
“Elle est passée du paradis polynésien à l’enfer. À la pire expérience que puisse vivre une femme”, explique Me Bennouar. Après l’agression, l’accusé l’a reconduite sur la route et abandonnée là. Ce n’est que par un éclair de lucidité que la victime photographie avec son téléphone la plaque d’immatriculation de son agresseur. Un élément qui a grandement facilité son identification et son interpellation.
Un rapport consenti pour l'accusé
Deux ans après les faits, la victime a donc traversé la moitié du monde pour affronter son agresseur au tribunal. Pendant deux jours, elle a dû revivre l’horreur de cette nuit-là. “C’est extrêmement traumatisant. Chacun peut imaginer la souffrance d’une femme contrainte à une pénétration forcé [...] elle a dû penser qu'elle allait mourir”, plaide Me Hellec.

De nombreuses pièces à convictions ont été dévoilé tout au long du dossier. Crédit photo : Thibault Segalard.
L’accusé, un charpentier de trente ans sans antécédents judiciaires, a, quant à lui, maintenu à la barre qu’il n’avait “jamais compris” que la victime n’était pas consentante. Et il affirme ne l’avoir réalisé qu’au moment de sa confrontation avec elle, des semaines plus tard, lors de l’enquête judiciaire en présence des gendarmes. En somme, pour lui ce rapport aurait été totalement consenti, et la victime n'aurait jamais parue “inerte”, mais bien consentante. Même si la barrière de la langue était présente, pour Me Hellec, cela ne constitue pas un argument : “No ou non, c'est la même chose. Pas besoin de parler russe ou mandarin.”
Malgré ses déclarations, l’attitude à la barre de l’accusé n’a guère convaincu. Visiblement désemparé et mis en difficultés par les questions des magistrats, il s’est retranché derrière des “Je ne sais plus”, voire des dénégations pures et simples, notamment sur la pénétration anale. Une posture qui a beaucoup agacé le ministère public : “Vous ne vous êtes pas rendu compte ? C’est aberrant ! L’un est lubrifié naturellement, l’autre non !”, a tonné l’avocat général.
Du point de vue du représentant du ministère public, il s’agit d’un “acte prémédité” : “C’est pour cela qu’il l’a emmenée sur ce chemin. Elle était une proie facile.” Il a requis une peine de douze ans de réclusion sur les quinze encourus.
“Il n'est pas vraiment futé”
Après une courte pause, l’avocate de la défense, Me Eyrignoux, a tenté de donner une autre image de son client. “Rien ne le prédestinait à être en garde à vue, encore moins devant une cour d’assises. Ce n’est pas un serial violeur”, a-t-elle plaidé, ayant bien compris que cette affaire reposait dans sa quasi-totalité sur la notion de consentement.
Tout en reconnaissant qu’il y a bien eu pénétration et que “cette femme n’avait certainement pas envie d’une relation sexuelle”, elle a réfuté toute intention criminelle. Son client ne serait ni violent ni pervers, mais un “rustre”, un homme maladroit qui aurait saisi une opportunité sans mesurer la gravité de ses actes : “Il n'est pas vraiment futé [...]. Ce n'est pas un grand intello”, a-t-elle souvent rappelé.
Elle s’est également attachée à semer le doute dans l'esprit des jurés, remettant en question certains détails : Comment la victime aurait-elle pu se retrouver au-dessus de son agresseur à un moment donné ? “Je n'ai jamais vu ça dans une affaire de viol”. Pourquoi serait-elle remontée sur le scooter après l’agression ? Si une pénétration anale avait eu lieu, les constatations médicales n’auraient-elles pas été plus graves ? “L'anus n'était pas complètement déchiré. Si la pénétration avait été à sec, on aurait quand même eu d'autre constatations médicales”, a-t-elle supposé avant de conclure, plaidant l'acquittement : “J’ai le sentiment que ces deux personnes ne se sont pas comprises.”
Après plusieurs heures de délibérations, la cour et les jurés ont tranchés. L’accusé est reconnu coupable et condamné à 8 ans de prison.
Malgré ses déclarations, l’attitude à la barre de l’accusé n’a guère convaincu. Visiblement désemparé et mis en difficultés par les questions des magistrats, il s’est retranché derrière des “Je ne sais plus”, voire des dénégations pures et simples, notamment sur la pénétration anale. Une posture qui a beaucoup agacé le ministère public : “Vous ne vous êtes pas rendu compte ? C’est aberrant ! L’un est lubrifié naturellement, l’autre non !”, a tonné l’avocat général.
Du point de vue du représentant du ministère public, il s’agit d’un “acte prémédité” : “C’est pour cela qu’il l’a emmenée sur ce chemin. Elle était une proie facile.” Il a requis une peine de douze ans de réclusion sur les quinze encourus.
“Il n'est pas vraiment futé”
Après une courte pause, l’avocate de la défense, Me Eyrignoux, a tenté de donner une autre image de son client. “Rien ne le prédestinait à être en garde à vue, encore moins devant une cour d’assises. Ce n’est pas un serial violeur”, a-t-elle plaidé, ayant bien compris que cette affaire reposait dans sa quasi-totalité sur la notion de consentement.
Tout en reconnaissant qu’il y a bien eu pénétration et que “cette femme n’avait certainement pas envie d’une relation sexuelle”, elle a réfuté toute intention criminelle. Son client ne serait ni violent ni pervers, mais un “rustre”, un homme maladroit qui aurait saisi une opportunité sans mesurer la gravité de ses actes : “Il n'est pas vraiment futé [...]. Ce n'est pas un grand intello”, a-t-elle souvent rappelé.
Elle s’est également attachée à semer le doute dans l'esprit des jurés, remettant en question certains détails : Comment la victime aurait-elle pu se retrouver au-dessus de son agresseur à un moment donné ? “Je n'ai jamais vu ça dans une affaire de viol”. Pourquoi serait-elle remontée sur le scooter après l’agression ? Si une pénétration anale avait eu lieu, les constatations médicales n’auraient-elles pas été plus graves ? “L'anus n'était pas complètement déchiré. Si la pénétration avait été à sec, on aurait quand même eu d'autre constatations médicales”, a-t-elle supposé avant de conclure, plaidant l'acquittement : “J’ai le sentiment que ces deux personnes ne se sont pas comprises.”
Après plusieurs heures de délibérations, la cour et les jurés ont tranchés. L’accusé est reconnu coupable et condamné à 8 ans de prison.