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70ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle

A l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire de l’appel du Général de Gaulle, une cérémonie présidée par le Haut-Commissaire a eu lieu ce matin au Monument de la France libre, place Tarahoi, en présence du contre-amiral Vichot commandant supérieur des forces armées en Polynésie Française, et des plus hautes autorités du Pays.


70ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle
Après plusieurs discours officiels rappelant le contexte de cet évènement historique et la lecture de l'appel du Général de Gaulle par les élèves du Lycée professionnel de Faa'a, les autorités civiles ont déposé des gerbes au pied du monument de la France libre. La chorale Te Reo Nui, dirigée par Emmanuelle Vidal a ensuite entonné la Marseillaise, avant de laisser les grandes figures de Polynésie saluer les anciens combattants et les délégations.

A la fin de la cérémonie, les invités ont pu se retrouver à la Résidence du Haut Commissariat pour entendre le récit historique de M. Jean Marc Regnault, sur la guerre de 39-45. Les députés maires de Papeete et Papara ont ensuite remis des diplômes d'honneur aux anciens combattants de ce conflit mondial et ont été imités par l'Amiral, le Haut Commissaire et le Directeur de l'ONAC, qui ont remis des récompenses aux élèves du Lycée professionnel pour leurs travaux réalisés dans le cadre de leur participation au concours national de la Résistance et de la Déportation.

Cette rencontre aura en outre permis aux autorités d'inaugurer une belle exposition sur le Général de Gaulle réalisée par la Fondation de la France libre en 2004 et rééditée avec l'aide de l'ONACVG.

Cette exposition itinérante, composée de 27 panneaux est installée pour la première fois en Polynésie française, à la Résidence de Papeete.

Il sera possible pour tous les établissements publics, les communes et les associations de découvrir ces panneaux en s’adressant auprès de la Direction du service des anciens combattants et victimes de guerre de Polynésie française. (Tél : 42 03 24 – [email protected]).

70ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle
L’appel du 18 juin 1940

Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne qui vient d’envahir la Pologne.

Tout comme, ils l’ont fait en 1914-1918 et avec le même élan patriotique, les Etablissements français de l’Océanie vont prendre une part active dans la défense de la métropole.
Dès le déclenchement du conflit, les E.F.O sont mis en état de mobilisation. Ils peuvent fournir 5 000 réservistes, mais ce ne sont que 207 hommes qui suivent l’instruction militaire.

Les Polynésiens ne se sentiront vraiment concernés par le conflit qu’après l’armistice de juin 1940 signé par le Maréchal Pétain. Son annonce plonge les E.F.O dans la stupeur et la consternation. Le désarroi est à son comble lorsqu’aux appels à l’obéissance, lancé par la radio pétainiste de Saïgon, répondent les voix de la B.B.C et du Général de Gaulle qui invitent les français à continuer le combat.

Ainsi s’affrontent les gaullistes du Comité de la France Libre (C.F.L) et les « vichystes » du comité des Français d’Océanie (C.F.O).

Sont ainsi distinguées les grandes familles de Tahiti, notamment les familles LAGARDE, BAMBRIDGE, MARTIN, Edouard AHNNE qui ont soutenu les gaullistes du C.F.L, c’est la raison pour laquelle certaines des rues de Papeete portent leurs noms.

Un référendum est organisé par le C.F.L sur la question de la poursuite du conflit, et donne une majorité écrasante aux partisans du Général de Gaulle.
Dès lors, et sous la pression, le Gouverneur Chasteney de Géry se démet de ses fonctions. Il est remplacé par l’intendant militaire Mansard, puis par Emile de Curton.

Afin de maintenir l’ordre, Curton mène la chasse aux opposants qui sont renvoyés en métropole ou exilés à Maupiti.
La situation intérieure s’tant fortement dégradée, de Gaulle charge le Gouverneur général Brunot de venir ramener le calme à Tahiti.

Outrepassant ses droits, Brunot se fait nommer gouverneur des E.F.O le 18 juin 1941, fait arrêter les gaullistes (dont Curton), et va l’encontre de la plupart des décisions prises sur le C.F.L.

Alerté par la situation, Londres envoie alors à Tahiti le Haut-Commissaire de France pour le Pacifique, Georges Thierry d’Argenlieu. Ce dernier arrive à Papeete le 23 septembre 1941. Il met de l’ordre dans la colonie, renvoyant successivement Brunot, Curton et quelques autres, et installant à leur place le lieutenant-colonel Orselli. Le nouveau Gouverneur dirigera les E.F.O jusqu’à la fin des hostilités.

Le 24 septembre 1941, la première rue de notre République à être baptisée « Rue du Général de Gaulle, se trouve à Papeete.

L’EPOPEE DU BATAILLON DU PACIFIQUE

Dès l’annonce de l’armistice signé par le Maréchal Pétain et dès l’appel du 18 juin 1940, les Polynésiens ont manifesté avec force et détermination leur volonté d’aller se battre pour aider la France à se relever.

Le 2 septembre 1940, l’enrôlement d’un corps expéditionnaire de 300 hommes est organisé. Les volontaires sont essentiellement Tahitiens et leur instruction est assurée par le Commandant Broche, puis par le Capitaine Ravet. Elle se prolonge jusqu’au 21 avril 1941, date laquelle le contingent peut enfin s’embarquer sur le Monovaï pour le Proche Orient, via la Nouvelle-Calédonie et l’Australie.

D’août à décembre 1941, c’est la veillée d’armes au Proche-Orient. Le premier bataillon du Pacifique y perçoit du matériel, en même temps qu’il est incorporé à la première division française libre (D.FL.) du Général Koenig.

En Afrique
Le 29 décembre 1941, la première division française libre descend sur le Caire, qu’elle atteint le 2 janvier 1942. Puis c’est la marche vers l’ouest, au devant de l’ennemi : Rommel et l’Afrika Korps.
Après s’être illustré à Bir-Hakeim, le 1er Bataillon du Pacifique devenu Bataillon d’Infanterie de Marine et du Pacifique (B.I.M.P.) est rattaché à la VIIIe armée britannique.
Il participe à la contre-offensive alliée à travers la Libye et la Tunisie en 1943.

En Italie
Le 17 avril 1944, B.I.M.P. embarque à Bône pour l’Italie, sous les ordres du commandant Magny. Il s’illustre au Monte Casino et en Italie centrale, ayant même l’honneur, le 4 juin, d’être un des premiers bataillons à défiler dans Rome libérée.

En France
Débarqué à Cavalaire le 16 août 1944, le B.I.M.P. contribue à la libération des Hyères, en prenant le Golf Hôtel, aménagé en forteresse par les Allemands. Il participe aux opérations de nettoyage des environs de Toulon.
Après avoir remonté la vallée du Rhône, le B.I.M.P. est à nouveau engagés dans des combats meurtriers dans le Jura et la région de Belfort.

Pour les Tahitiens, la guerre se termine le 21 octobre 1944 à Luxeuil. Mais ce n’est que le 5 mai 1946 que les volontaires du Bataillon du Pacifique, sous les ordres du capitaine Hervé, débarquent à Papeete.

(Sources : TOM 6 du Mémorial polynésien, collection dirigiée par Philippe MAZELLIER Bengt Danielson, 1978 / Terres et civilisations polynésiennes, collection Nathan, Michel LEXTREYT, François MERCERON, 1987).
MESSAGE DE M. HUBERT FALCO - Secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants

APPEL DU 18 JUIN 1940 DU GENERAL DE GAULLE

"Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale.

Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres."


Rédigé par N M le Vendredi 18 Juin 2010 à 14:01 | Lu 1223 fois