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52 Polynésiens engagés dans la Légion étrangère depuis 18 mois


L'adjudant-chef, Antonio Henriques Vicente et les futurs légionnaires : Tearere, Hikitia, Zimeri et Patrick.
L'adjudant-chef, Antonio Henriques Vicente et les futurs légionnaires : Tearere, Hikitia, Zimeri et Patrick.
Papeete, le 1er juillet 2019 - La Légion étrangère a ouvert en janvier 2018 un bureau de recrutement à Tahiti. Au total, depuis 18 mois, 52 Polynésiens se sont déjà engagés pour servir la France dans les rangs de ces troupes d'élite de l'armée.

"Je suis très fier de partir à la Légion étrangère. J'ai vraiment envie que ça change dans ma vie. J'aime quand ça bouge", explique Hikitia, 19 ans, quelques heures avant de quitter pour la première fois son fenua natal.
Hikitia a pris l'avion ce dimanche, en compagnie de quelques autres jeunes Polynésiens. Destination les alentours de Paris d'abord, puis ensuite la ville d'Aubagne, le cœur de la Légion étrangère. C'est dans cette cité près de Marseille, qu'Hikitia et ses copains devront effectuer les ultimes rendez-vous obligatoires avant de signer, s'ils sont aptes, leur contrat d'engagement pour devenir Légionnaires. Pendant cinq ans au minimum, ces jeunes Polynésiens, originaires de Tahiti et des îles, vont servir la France dans ces unités prestigieuses de l'armée. Ils pourront être déployés partout dans le monde. Leurs principales missions seront le combat et l'assaut. En échange de cela, ils seront nourris, logés, blanchis et recevront à leurs débuts une solde équivalant au Smic métropolitain, soit 150 000 francs/net.

LE MYTHIQUE BERET VERT

Les futurs légionnaires dimanche à l'aéroport de Tahiti juste avant d'embarquer.
Les futurs légionnaires dimanche à l'aéroport de Tahiti juste avant d'embarquer.
Mais avant de porter vissé sur leur tête, le mythique béret vert, symbole de ces troupes de combattants d'élite, Hikitia, Tearere, Zimeri et Patrick, sont passés par la case du bureau de recrutement de la Légion étrangère à Tahiti, situé à Pirae. Ouvert depuis janvier 2018 sur le camp du Taaone, le bureau de recrutement a déjà reçu 600 Polynésiens dans ses locaux.
A charge ensuite aux postulants de remplir les conditions pour intégrer la Légion étrangère. Conditions, qui, si elles ne sont pas aussi difficiles qu'un vrai parcours du combattant, sont néanmoins complètes.
"La spécificité du bureau est que, pour des raisons de coûts, on effectue le cursus de recrutement complet ici, alors qu'en métropole il est coupé en trois phases. Les candidats doivent avoir entre 17 et 40 ans. Pour les moins de 18 ans, il faut l'accord des parents ou du tuteur. Le candidat doit pouvoir justifier de son identité réelle avec des papiers en cours (...). On va procéder à une enquête préliminaire, à des tests psychotechniques et sportifs, à une visite médicale et bien sûr les motivations. Si tout est bon, on lui signe un contrat préliminaire et on l'envoie en métropole. Avant de signer définitivement, il fera une visite médicale plus approfondie et rencontrera un psychologue à Aubagne", explique l'adjudant-chef, Antonio Henriques Vicente, responsable du bureau de recrutement à Tahiti.
Sur les 600 postulants, 52 Polynésiens ont été sélectionnés pour servir dans ces troupes de combat. Les principales raisons de recalage sont les échecs aux différents tests, le surpoids ou encore les gros problèmes dentaires "on ne peut pas évacuer un soldat pour une rage de dents en plein combat", précise l'adjudant-chef.

PAS DE CASIER JUDICIAIRE VIERGE OBLIGATOIRE

D'autres motifs peuvent également être sources d'élimination. Les légionnaires ont la réputation d'être "des durs à cuire" et pas seulement à cause de leur tablier en cuir ! Si la Légion est l'école de la 2e, voire de la 3e chance et autorise que certains hommes rejoignant ses rangs aient un casier judiciaire, elle ne transige pas sur certaines actes. Les crimes de sang, sexuels, le trafic et l'usage de stupéfiants ou encore l'abandon familial sont bannis. "La Légion est comme une famille, alors si quelqu'un a déjà abandonné sa famille une fois, il pourrait le refaire", souligne l'adjudant-chef, avant de rappeler la devise de la Légion, qui sera dorénavant celle de Hikitia et de ses copains : "Honneur et fidélité".

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Adjudant-chef Antonio Henriques Vicente

"Les Polynésiens sont réputés pour être de très bons soldats"

"La Légion étrangère comprend 9000 membres dont environ 85% d'étrangers de 154 nationalités différentes. Les nationalités les plus représentées sont le Brésil, le Népal et l'Ukraine. Dans un esprit de brassage culturel, on souhaite qu'il y ait environ 20% de soldats de nationalité française. Les Polynésiens sont français, ils ont été à l'école, ils savent lire et écrire le français. Ils sont réputés pour être de très bons soldats. Beaucoup de Marquisiens ont intégré la Légion, ce sont de vrais aito. Ils respectent les règles. Depuis que nous avons ouvert le bureau 52 Polynésiens ont été recrutés dans la Légion, les retours sont très positifs de part et d'autre. La Légion les considère comme de très bons combattants, avec un très bon esprit de camaraderie et les Polynésiens engagés sont satisfaits de l'expérience qu'ils vivent."


Hikitia, 19 ans, de Mahina

"J'aime le côté aventurier de la Légion"

"Je suis secouriste volontaire. J'ai eu l'occasion de rencontrer la Légion à la foire de mai. J'avais déjà entendu parler de la Légion par le RSMA et j'ai de la famille dans l'armée. Ici, je ne trouve pas de boulot, j'ai fait des études dans un lycée pro. Je fais un peu d'intérim quand je peux, mais rien de long. Je veux aider ma famille avec l'argent que je gagnerai là-bas.
J'ai fait quelques petites "conneries" aussi… mais rien de grave. J'ai envie que ça bouge dans ma vie, de faire quelque chose, j'aime le côté aventurier de la Légion, l'esprit de camaraderie. Je serai fier de porter l'uniforme de la Légion. Je suis sur le territoire français, je me sens français. Ce que je voudrais, c'est pouvoir intégrer le régiment de la Légion des parachutistes".


Informations

Bureau d’Information et Recrutement de la Légion étrangère
Camp du Taaone à Pirae. Bureau BIRLE. Lundi, mardi et jeudi de 6h30 à 16h30 et mercredi et vendredi de 6h30 à 12h.
Tel : 40.46.21.31 ; [email protected]


le Lundi 1 Juillet 2019 à 15:48 | Lu 7509 fois