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43 nouveaux cas de Covid-19, des analyses toujours en cours


Tahiti, le 10 août 2020 - Un bilan provisoire des analyses de prélèvements réalisés ce week-end à l'Institut Louis Malardé faisait état, lundi, de 43 nouveaux cas de Covid-19. Depuis la semaine dernière, on compte dorénavant 50 malades du coronavirus en Polynésie française. Une personne est en cours d'hospitalisation.

Le week-end n'aura pas été de tout repos pour les agents du bureau de veille sanitaire. En effet, après la découverte d’un cluster au restaurant Au Piment Rouge, celui à l’origine duquel on trouve un enseignant, des centaines de personnes ont été dépistées dans le courant du week-end. Les autorités sanitaires ont transmis lundi après-midi un bilan provisoire de l'analyse de ces prélèvements réalisés samedi et dimanche par l'Institut Louis Malardé (ILM). Cet état ne comptabilise que les résultats connus dimanche à 22 heures. Un bilan extrêmement provisoire, donc, qui s'alourdira probablement dans les prochaines heures. Le drive installé à l'ILM a continué de faire des prélèvements toute la journée de lundi. Il doit poursuivre cette activité quelques jours encore pour tester toutes les personnes connues ayant été en contact avec des malades identifiés depuis début août.

Sur cette base, les autorités sanitaires déclarent officiellement 43 nouveaux cas de Covid-19 identifiés ce week-end à Tahiti. Ajoutés au sept formellement identifiés en fin de semaine dernière, on compte donc lundi au moins 50 personnes porteuses du coronavirus identifiées depuis le 15 juillet dernier, date de la réouverture du ciel polynésien. Et tous ces cas ont été identifiés entre le 3 et le 9 août dernier.
"Un patient avec facteur de risque de gravité a été hospitalisé, précise le point de situation diffusé lundi. Parmi les 50 cas, 10 cas ont été contaminés à l’étranger et 38 cas ont été contaminés localement au contact de cas confirmés. Pour deux cas, aucun lien épidémiologique avec d’autres cas n’a pour l’instant été retrouvé. La majorité des cas sont regroupés dans des "clusters" où les contaminations se sont faites au sein de lieux publics fermés et sans respect des gestes barrières. Les cas ont été localisés principalement à Tahiti. Certains cas ont initialement été diagnostiqués à Bora-Bora, Moorea et Rangiroa."
 
"On parle de milliers de cas qui se baladent dans la nature"
 
Un grand nombre de malades ont fréquenté les soirées Fêtes de Bayonne organisées les 31 juillet et 1er août derniers par le restaurant Au Piment rouge où s’est également invité le virus. Problème : ces soirs-là, certains convives sont allés dans au moins deux bars du centre Vaima, au Morrison’s et au Poke Bar, où se trouvaient déjà des centaines de personnes. Et dans la semaine qui a suivi, les convives du Piment rouge ont fréquenté différents restaurants de la place. Un parcours de fête qui rend aujourd’hui problématique l’identification des cas contacts. Des appels sont publiés via les réseaux sociaux par les bars et restaurants concernés pour demander à leurs clients de se présenter à l’ILM pour un test. Plusieurs ont aussi décidé de fermer.
C'est le cas du Belvédère et du Black Garden. Le Morrisson's assure sur Facebook avoir la "confirmation de l’Institut Malardé" qu’il n’est pas sur la liste des lieux infectés "pour l’instant". De son côté, le gérant du Poke Bar annonce la fermeture provisoire de son espace bar. "Pour la restauration, cela reste du 'à emporter' avec la possibilité de manger sur place. Il n'y a pas de service, c'est la différence avec d'autres restaurants". Certains restaurateurs dénoncent le "laisser-aller" des autorités et sont en attente d’instructions "claires", comme le port du masque obligatoire dans les restaurants ou encore la fixation de quotas dans les lieux public clos. " Cela part dans tous les sens, ce qu'ils sont en train de faire ne sert à rien. Ils cherchent des cas mais tout le monde s'est baladé pendant une semaine. Et on parle de milliers de cas qui se baladent dans la nature".  

Les autorités aux abonnés absents

Face à cette apparente explosion des cas Covid+ en Polynésie française et compte tenu du mode de circulation de la maladie, de nombreux professionnels attendent de la part des autorités du Pays et de l’Etat la mise en place d’urgence de "mesures appropriées afin de clarifier cette situation catastrophique", à l’instar du patron du restaurant L’instant Présent qui annonce lundi la fermeture sine die de son établissement à Punaauia.
Aucune intervention officielle n’était prévue dans la journée de la part du président Edouard Fritch, ni du haut-commissaire Dominique Sorain. Le premier est revenu d’une tournée à Rangiroa dans la soirée, tandis que le représentant de l’Etat était en croisière à bord du cargo mixte Aranui.

Dans le communiqué transmis lundi, la direction de la Santé rassure en affirmant que les 50 nouveaux cas découverts depuis la semaine dernière sont en isolement strict, dont trois en centre dédié à Tahiti. 

Avec cette nouvelle vague de contaminations, on enregistre dorénavant en Polynésie française un total de 112 cas d'infections au coronavirus depuis le 10 mars dernier.

​Les garderies pas épargnées

Les restaurants ne sont pas les seuls à être touchés puisqu'un cas "asymptomatique" a été détecté dans une garderie de la côte ouest. "J'ai prévenu tous les parents, les taties ont toutes été testées" nous assure la directrice, Véronique. Elle précise aussi que les gestes barrières ont toujours été respectés : "On a continué à porter les masques, la désinfection des lieux a lieu trois à quatre fois par jour et désormais on va augmenter le nombre de nettoyages." Après ce cas déclaré, d'autres procédures ont été mises en place : "Cela nous fait plus de travail mais ce n'est pas grave, c'est pour le bien-être", nous assure-t-elle. Et sur les recommandations du Bureau de veille sanitaire (BVS), la directrice de la garderie nous précise qu'elle peut continuer à accueillir les enfants.    
Elena, une maman dont l'enfant est inscrit à cette garderie, est inquiète et en colère. Elle affirme avoir eu à plusieurs reprises le BVS et regrette que ses recommandations varient d'heure en heure : "On nous dit que la garderie sera fermée et de rester confiné et le lendemain, on nous dit son contraire (…). On peut aller travailler, que la garderie sera ouverte et que nous ne nous ferons pas tester sauf si les symptômes apparaissent. Notre enfant nous a potentiellement contaminé et on risque de contaminer nos collègues de travail (…). Aujourd'hui on en est presque à se dire qu'il faut qu'on aille voir un médecin et lui demander de nous mettre en arrêt (…). Maintenant que les vols internationaux ont repris, il faut commander des tests car cela ne fait que commencer". 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 10 Août 2020 à 16:04 | Lu 10825 fois