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200 armes et 11 341 munitions illégales à la casse pour éviter des drames dans les foyers


Les fusils 22 long rifle et gros calibres de chasse arrivent en tête de liste des armes collectées.
Les fusils 22 long rifle et gros calibres de chasse arrivent en tête de liste des armes collectées.
PAPEETE, le 11 août 2016 - La campagne "Déposez les armes" avant de commettre l'irréparable, lancée en mai 2015, a permis de mettre hors-circuit un arsenal de revolvers, pistolets et autres fusils de gros calibre qui circulaient sans autorisation en Polynésie française. Il est actuellement à la destruction à l'armurerie du camps de gendarmerie de Faa'a.


"Le but était de dépolluer, en quelque sorte, la Polynésie française d'un certain nombre d'armes non déclarées et d'éviter des drames", lance le directeur de cabinet du haut-commissaire, Frédéric Poisot. "Une arme à la maison, dans un contexte d'alcoolisation par exemple, c'est la porte ouverte à une tragédie".

Un peu plus d'un an après son lancement, en mai 2015, la campagne "Déposez les armes" s'est symboliquement achevée ce jeudi après-midi devant les médias avec ce bilan : près de 200 armes et 11 341 munitions de tout calibre collectées en zone gendarmerie (165 armes et 7 406 munitions) et en zone police (33 armes et 3935 munitions) selon les chiffres du haut-commissariat. Ces armes avaient été collectées entre le 7 mai et le 5 octobre 2015.

Cette campagne avait été mise en place après la mise en application en Polynésie française, le 2 avril 2015, du décret relatif au contrôle moderne, simplifié et préventif des armes. Les possesseurs d'armes et de munitions non déclarées, donc dans l'illégalité, avaient la possibilité de les remettre aux services de police et de gendarmerie contre l'assurance que le parquet n'engagerait pas de poursuites judiciaires le temps de l'opération. La détention illégale d'armes à feu est un délit puni d'une peine maximale d'emprisonnement de 3 ans.

Recyclage en Nouvelle-Zélande

Compte tenu du contexte polynésien et de son isolement géographique, le fenua est encore épargné par la prolifération des armes à feu. "La plupart sont introduites sur le territoire par voie maritime et sont ensuite troquées de main en main", explique le colonel Pierre Caudrelier, commandant de la gendarmerie pour la Polynésie française. La gendarmerie qui se félicite par ailleurs du bilan de cette campagne, considérée clairement comme un succès.

"Si l'on considère que 1 500 armes sont officiellement déclarées, ce chiffre de 200 armes illégales spontanément rapportées aux forces de l'ordre est un bon chiffre" ajoute le commandant Thierry Damerval, adjoint en charge de la police judiciaire. "Même si c'est peu fréquent en Polynésie française, il est déjà arrivé que des individus utilisent des armes factices ou des répliques pour impressionner leurs victimes", renchérit le colonel Caudrelier. "Il y a une violence latente et on ne peut pas écarter que de tels individus passent un jour à l'acte avec des armes réelles s'ils venaient à en avoir entre les mains".

Si aucune arme lourde de type Kalachnikov ne figure à la liste de l'arsenal en cours de destruction, "la plupart des armes collectées étaient en état de marche, non démilitarisées" précise un armurier du camp de gendarmerie de Faa'a. "L'arme la plus ancienne date de la fin du 19e siècle. Sinon ce sont essentiellement des fusils 22 long rifle et des gros calibres de chasse".
Les armes seront découpées à la disqueuse et réduites en petits morceaux. Les métaux et alliages seront fondus et recyclés en Nouvelle-Zélande.


Déposez les armes, c'est toujours possible !

Même si la campagne "Déposez les armes avant de commettre l'irréparable" a pris fin, il est toujours possible de se séparer d'une arme détenue légalement, c’est-à-dire avec une autorisation, ou qui a été déclarée ou encore qui aurait été récupérée dans le cadre d'une succession ou d'un héritage, précise le haut-commissariat : "L'idée est d'éviter des drames en incitant la population qui détient des armes à s'en défaire. Le fait de posséder une arme à son domicile peut inciter le détenteur, un jour, à s'en servir. L'énervement, une bagarre qui tourne mal, un différend familial, peuvent devenir dramatiques si une arme est utilisée". Pour ce faire, il vous suffit de vous présenter au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie la plus proche.

La classification des armes

Quatre catégories sont fondées sur leur dangerosité :

A : Armes et matériels interdits (arme et matériel de guerre).
B : Armes soumises à autorisation (fusils semi-automatiques à capacité supérieure à trois coups, fusils à pompe, Tasers, armes à balles en caoutchouc).
C : Armes soumises à déclaration (fusils semi-automatiques à capacité inférieure ou égale à trois coups, paint-ball de forte puissance supérieure à 20 joules).
D : Armes soumises à enregistrement et armes à détention libre (tir à blanc, historiques et de collection, neutralisées, arme d'épaule à canon lisse tirant un coup par canon, tout autre arme susceptible de constituer un danger pour la sécurité publique).

Les armes seront détruites en petits morceaux, les métaux et alliages fondus et recyclés en Nouvelle-Zélande



Les règles de détention et d'acquisition d'armes à feu


Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 11 Août 2016 à 18:22 | Lu 5605 fois