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20 détenus accèdent à la journée de défense et de citoyenneté


20 détenus accèdent à la journée de défense et de citoyenneté
FAA'A, jeudi 22 août 2013. Etre des citoyens comme les autres. Comme tous les jeunes âgés de 16 à 25 ans, 20 détenus dont cinq mineurs ont pu passer ce jeudi leur JDC (journée de défense et de citoyenneté) autrefois appelée JAPD (journée d’appel et de préparation à la défense). Un passage obligé pour les tous jeunes Français puisque ce certificat est nécessaire pour passer son permis de conduire ou être inscrit aux diplômes et examens nationaux. Mais lorsqu’on est derrière les barreaux, ce passage obligé est parfois plus difficile à obtenir. La preuve : la dernière fois qu’une JDC était organisée à Nuutania, c’était en 2010.

Pour ces jeunes, une journée pas comme les autres. Or, tout changement dans la routine d’un centre pénitentiaire, rythmée par les deux promenades quotidiennes et les activités, est une aubaine. D’autant plus lorsqu’ils ont en face des professionnels. «Ils sont aussi réceptifs au discours des personnels de l’armée que les jeunes peuvent l’être. Ils ont été informés des métiers de la défense, de leurs droits et devoirs en tant que citoyen. La situation de ces détenus est provisoire. Tôt ou tard ils se retrouveront en liberté et un travail sur leur comportement de citoyen est utile» explique Yvan Colin du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Une journée d’autant plus valorisante qu’elle s’achève par la remise d’un certificat. «Dès qu’ils vivent quelque chose de positif en prison, c’est une action qu’ils vont communiquer à l’extérieur, à leur entourage lors des visites au parloir».

Trois fois par semaine, ce lien avec l’extérieur est vécu comme une bouffée d’oxygène. Ce jeudi, ces 20 détenus ont eu les honneurs des plus hautes autorités : un représentant du commandant supérieur des forces armées, le directeur de cabinet du haut-commissariat et même le procureur de la République. Ce sont de leurs mains qu’ils ont reçu leur certificat, chacun félicitant le promu à l’appel de son nom par des applaudissements nourris.

Car ce certificat est aussi l’espoir d’une vie à l’extérieur des barreaux pour ces jeunes. «J’ai apprécié aujourd’hui de faire autre chose. J’ai appris plein d’informations sur l’armée. Ce certificat, ça peut servir pour plus tard, car j’ai bien l’intention de m’en sortir» témoigne ce jeune détenu, encore mineur. A sa sortie de prison, il aimerait bien postuler au GSMA mais s’interroge sur son passé carcéral pour y être admis. Même espoir pour cet autre détenu, âgé de 19 ans, qui reste néanmoins très lucide sur son avenir. «Ce diplôme c’est utile ensuite pour passer le permis de conduire. Cette année je suis également inscrit à l’école et je passerai mon diplôme national du brevet. Toute activité que je peux faire en prison, je m’y inscris. Je sais que ce sera dur à la sortie, que j’aurai besoin d’être aidé. Je suis en prison depuis deux ans et j’ai encore six ans à faire. Est-ce que ça a beaucoup changé à l’extérieur» ? Ce jeudi, la venue des militaires dans leur quotidien de détenus, c’est un peu la vrai vie qui se manifeste devant eux, la vie de tout le monde, celle de citoyens à part entière, de laquelle ils sont exclus le temps de leur incarcération, mais qu’ils doivent préparer avant de recouvrer leur liberté.


Le directeur de cabinet du haut-commissaire Stéphane Jarlégand, José Thorel le procureur de la République et le colonel Dapsens, représentant le Com Sup étaient présents pour la remise des certificats JDC à 20 jeunes détenus ce jeudi après-midi.
Le directeur de cabinet du haut-commissaire Stéphane Jarlégand, José Thorel le procureur de la République et le colonel Dapsens, représentant le Com Sup étaient présents pour la remise des certificats JDC à 20 jeunes détenus ce jeudi après-midi.

Yvan Colin du service d'insertion et de probation.
Yvan Colin du service d'insertion et de probation.
En prison, toute activité est valorisante

La vie de détenu est monotone. En dehors des deux heures de promenade le matin, ainsi que l’après-midi, les trois parloirs hebdomadaires, les détenus peuvent participer à différentes activités : études, sport, échecs, ateliers artistiques etc… Il y a parfois des événements particuliers : en avril dernier le Fifo est venu faire deux projections de documentaires ; un artiste de slam s’est produit pour les détenus . Mais de 17h30 à 5h30, c’est le retour en cellule. Tous ces événements sont très appréciés car «sinon le temps est long, la prison a sa rigueur (…) Aussi nous essayons de multiplier les partenariats avec différentes associations ou organisations, le but étant de leur proposer des activités de droit commun» explique Yvan Colin du Service pénitentiaire d’insertion et de probation. Le centre pénitentiaire de Nuutania via son association socio-culturelle aligne même une équipe de rameurs de va’a sur quelques compétitions à la journée. Quelques détenus encadrés sont ainsi autorisés de sortie pour les entraînements (une fois par semaine) : il a fallu près de dix ans au service d’insertion pour mettre ce projet sur pied, mais aujourd’hui il a le mérite d’exister.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 22 Août 2013 à 17:01 | Lu 959 fois