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2 500 manifestants dans la rue contre l'obligation vaccinale


Tahiti, le 18 septembre 2021 – Plus de 2500 personnes ont manifesté devant la présidence et le haut-commissariat samedi à l’appel du collectif citoyen Te ora o te fenua, pour demander l’abrogation de la loi du 23 août sur l’obligation vaccinale. Un mouvement protéiforme et très critique à l’égard de la gestion de la crise sanitaire par les autorités publiques.
  
Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde”, s’est étonnée Vairea Toomaru, co-fondatrice du collectif organisateur Te ora o te fenua, il y a à peine trois semaines. Si ce groupe citoyen est à l’origine d’une pétition qui rassemble près de 20 000 signataires pour demander l’abrogation de la loi sur l’obligation vaccinale en Polynésie, au nom du respect des libertés individuelles, la marée blanche qui a manifesté samedi à son appel va bien au-delà de ses attentes : plus de 2 500 personnes, massées le long de l’avenue Pouvana’a a Oopa jusque vers midi. 
 
Outre la revendication phare de ce mouvement citoyen, l’appel à manifester prônait aussi l’arrêt de la vaccination des mineurs et un meilleur accès aux traitements alternatifs contre le Covid.  
 
Les manifestants sont progressivement arrivés à partir 7h00. Le pic de mobilisation a été atteint vers 9h30. Difficile à partir de là d’observer une distance minimale entre des groupes de 10 personnes, pacifiques et statiques, promise en théorie aux autorités de l’Etat avant d’obtenir le feu vert pour une telle manifestation en temps de confinement sanitaire. “Au niveau distanciation, c’est difficile à faire respecter”, a reconnu sans peine le commissaire Mario Banner. “On ne va pas verbaliser.” D’autant que les forces de l’ordre mobilisées pour l’occasion n’ont jamais dépassé la trentaine d’agents. En outre, l’autorisation n’a été accordée que pour le côté droit de l’avenue, obligeant la foule à se masser entre le monument aux morts et la présidence, puis dans la rue des Poilus tahitien, au niveau du rond-point de la présidence, une fois condamnée à la circulation. “On a essayé de se mettre à l’écart, les mutoi nous ramène tous dedans”, s’agace Arthur, l’administrateur du groupe Injustice Porinetia. “Je n’ai pas envie de cautionner, que demain on accuse cette manifestation d’être à l’origine d’une augmentation de Covidés.”

Revendications tous azimuts
 
Car dans le foule, si le port du masque à globalement été respecté, rares étaient les manifestants vaccinés. “Du matin au soir, on nous dit piquez-vous. On entend que ça. Je suis là pour que l’on arrête toutes ces âneries”, fulmine Bryan, présent comme “simple citoyen” : “Je n’ai pas envie que demain on pique mon gosse, alors que l’on n’a aucun recul sur ce vaccin. On ne sait pas ce qu’il y a dedans et personne n’est responsable en cas de pépin.” Plus loin, une banderole clame “Le problème, c’est pas le vax. Le problème, c’est le pass”. Un panneau invite : “Pas obliger le vaccin, obliger les câlins”. D’autres affichent des  “Bravo Geros” par ci, "Bravo Theron" par là, visiblement en soutien du tavana de Paea et à son centre municipal médicalisé pour le traitement des patients Covid. 

Des revendications diverses et plus ou moins en accord avec l’appel à l’origine de cette manifestation. Le fait de personnes et de collectifs avec des objets divers qui "se sont greffés" au mouvement initié par Te ora o te fenua, constate Brenda Hoffman, co-fondatrice de Te ora o te fenua : le collectif des femmes de Polynésie et les collectifs Nuna’a a ti’a et Nuna’a pato’i. Et un nombre important de manifestants antis présents à titre personnel pour exprimer leur désapprobation de la gestion de la crise sanitaire par les autorités publiques.

Doléances "entendues"
 
"On ne peut pas empêcher les gens de participer. Chacun est libre de venir et de se battre pour le respect des libertés individuelles", souligne la députée Nicole Sanquer, représentante non-inscrite à Tarahoi. Elle assume être vaccinée, mais elle le rappelle : "J’ai voté contre cette loi. Je suis venue soutenir la population qui se lève contre l’obligation vaccinale." 
 
A 9 heures, une délégation de quatre membres du collectif Te ora o te fenua et de l’association A tamau i te hono a été reçue par un cadre en charge de la sécurité au haut-commissariat. "Nos doléances ont été entendues", témoignait Vairea Toomaru à l’issue. Une heure plus tard, le portail de la présidence s’ouvrait aux émissaires pour un entretien avec les autorités du Pays. Ils ont en réalité été reçus un peu plus d’une heure par des responsables de la plateforme Covid. "Oui, ils nous ont entendus. Mais leur message n’a pas changé : Vaccinez-vous !" a témoigné avec déception Vairea Toomaru au moment de rendre compte à la foule.

La délégation conduite par Vairea Toomaru, après avoir été reçue à la présidence.
La délégation conduite par Vairea Toomaru, après avoir été reçue à la présidence.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 18 Septembre 2021 à 20:49 | Lu 3101 fois