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1842 : Max Radiguet chez les derniers sauvages...


Un guerrier ou un danseur dans sa tenue d’apparat. « Tous les guerriers étaient presque uniformément vêtus » note Radiguet ; « leur coiffure se composait du tavaha qui, plus haut que les bonnets à poil de nos grenadiers, développait au-dessus de la tête son large éventail de plumes d’un vert sombre. (...) Au dessus de cet ornement (...) pareilles aux pistils des fleurs, de longues aigrettes de plumes de phaéton, à brins blancs et rouges ».
Un guerrier ou un danseur dans sa tenue d’apparat. « Tous les guerriers étaient presque uniformément vêtus » note Radiguet ; « leur coiffure se composait du tavaha qui, plus haut que les bonnets à poil de nos grenadiers, développait au-dessus de la tête son large éventail de plumes d’un vert sombre. (...) Au dessus de cet ornement (...) pareilles aux pistils des fleurs, de longues aigrettes de plumes de phaéton, à brins blancs et rouges ».

PAPEETE le 3 novembre 2019 -  S’il est un livre à lire et relire concernant les îles Marquises, c’est bien celui de Max Radiguet,  « Les derniers sauvages », dont la première édition date de 1861. Ouvrage délicieux par la poésie du texte et d’une rare qualité historique et sociologique par les précisions données, tant sur la chronologie des événements évoqués que sur la biographie des personnages cités.

 

C’est grâce au fin connaisseur des îles Marquises, Jacques Iakopo Pelleau, basé à Nuku Hiva, que nous avons pu entrer en possession de quelques-unes des illustrations que Max Radiguet, qui avait décidément plus d’un talent, a réalisé lors de son passage aux Marquises (dessins et aquarelles) et qui accompagnent généralement en petit format les rééditions de son livre « Les Derniers Sauvages aux îles Marquises 1842-1859 ».


Une société trois fois impactée

L’ouvrage demeure aujourd’hui encore une inépuisable source d’informations sur la vie dans cet archipel qui avait déjà subi, en 1842, trois impacts sociologiques majeurs, la découverte par les Espagnols dès 1595 et par les Européens à la fin du XVIIIe siècle, l’exploitation du santal au début du XIXe siècle (ressource vite épuisée en deux décennies à peine) et enfin l’arrivée plus constante -et désastreuse- des baleiniers. Sans parler des tentatives d’évangélisation, ratées pour les protestants avec Crook (1797-1799), plus ou moins réussies (à l’époque) par les missionnaires catholiques.

En 1842, le jeune Radiguet n’a que vingt-cinq ans. Issu d’une famille bourgeoise très aisée, littéraire dans l’âme, il est secrétaire à bord de la Reine Blanche, navire amiral de la petite flotte que l’amiral Dupetit-Thouars a engagée dans le Pacifique Sud. 

Parvenu aux Marquises, le jeune homme découvre un monde certes complètement déséquilibré par les apports européens (alcool, armes, outils, mais surtout maladies : variole, syphilis, grippe, etc.), mais où des pans entiers de la société tiennent encore debout, vaille que vaille, ici ou là. 


Observer, questionner, interroger...

Radiguet observe, interroge, parle, questionne, demande ; il cherche à comprendre ce dont il est le témoin privilégié : l’occidentalisation d’une population isolée qui, dans l’esprit du colonisateur, a tout à y gagner, alors que Radiguet réalise vite que c’est le contraire qui va et qui ne peut que se produire.

Nous ne donnerons pas plus de détails sur cette odyssée de Max Radiguet aux Marquises, vous renvoyant à son livre mais partageant avec vous ces illustrations d’un monde perdu que nous avons essayé -autant que faire se peut- de légender avec les commentaires que Max Radiguet fit lui-même dans son ouvrage....



Repères biographiques

Les éléments biographiques relatifs à la vie et au parcours de Max Radiguet sont assez partiels, mais une analyse complète de son œuvre, combinée à des recherches dans les archives, permettent de connaître les grandes étapes de son existence. Les voici telles que référencées par « Wiki-Brest, les carnets collaboratifs du Brest et du Pays de Brest ».

 

17 janvier 1816 : il naît à Landerneau , fils de Jean-Isidore Radiguet et de Marguerite-Pauline Poisson, une famille bourgeoise fortunée. 

1823-1830 : le jeune Max fréquente l'école mutuelle de Landerneau dirigée par un capitaine de marine en retraite M. Tourette. 

1830 : il part peut-être en pension à Paris. 

1836 : il est toujours à Paris car le registre du conseil de révision signale son absence avec la mention « étudiant »... 

1837 : après ses études, il part pour Haïti comme secrétaire de bord non inscrit sur le rôle d'équipage. 

1841-45 : secrétaire de bord de l'amiral Dupetit-Thouars, il embarque sur la frégate La Reine Blanche pour un voyage en Amérique du Sud et aux Marquises. 

1845-1862 : après son retour, il passe le plus clair de son temps à Paris où il fréquente la haute société. Visiteur assidu des salons de peinture, il envoie ses comptes rendus à des journaux brestois. 

1856 : publication de son premier ouvrage « Souvenirs de l'Amérique espagnole : Chili, Pérou, Brésil. », Paris, Lévy, 1856. 

1861 : publication de son second et principal ouvrage « Les derniers sauvages : la vie et les mœurs aux îles Marquises, 1842-1859. » Paris, Hachette, 1861. 

1862 : à la demande de sa famille installée à Brest et à Landerneau, il revient de temps en temps au pays natal. Il entreprend un voyage en Bretagne en 1862. 

1862-1882 : il revient à Paris.

1865 : publication de son troisième ouvrage « A travers la Bretagne, souvenirs et paysages », Paris, Lévy, 1865. 

1870 : publication de son dernier ouvrage « L'école de Monsieur Toupinel, scènes de la vie d'enfance », Brest, Lefournier, 1870. 

1882 : âgé et malade, il revient à Brest. Les listes électorales de Brest le font apparaître avec la profession d’« homme de lettres », au 58 de la rue d'Aiguillon. 

1899 : il meurt à Brest à 83 ans, le 7 janvier 1899 ; célibataire et sans enfant. Il est inhumé à Landerneau. 


Rédigé par Daniel Pardon le Dimanche 3 Novembre 2019 à 15:27 | Lu 2426 fois