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18 mois requis contre un SDF, le tribunal le relaxe


Tahiti, le 4 juin 2020 - Le tribunal correctionnel a relaxé jeudi un sans domicile fixe auquel il était reproché d’avoir tenté de soustraire une bouteille d’eau et un portefeuille à un autre sans domicile fixe de 77 ans. Au terme des débats, le procureur de la République avait requis 18 mois de prison dont six mois avec sursis assortis d’un mandat de dépôt.

Un multirécidiviste de 34 ans, déjà condamné à 20 reprises pour des vols, a été présenté en comparution immédiate pour répondre d’une « tentative de vol facilitée par l’état d’une personne vulnérable » commise le 3 juin dans le centre-ville de Papeete. Ce jour-là, l’homme de 34 ans avait été interpellé par les agents de la direction de la sécurité publique alors qu’il marchait à « vive allure ».
 
Cette arrestation faisait suite au témoignage d’un autre sans domicile fixe, un septuagénaire handicapé, qui avait accusé le mis en cause d’avoir tenté de lui voler sa bouteille d’eau et d’avoir essayé de lui faire les poches dans lesquelles se trouvaient 1 500 Fcfp et sa pièce d’identité. Placé en garde à vue et alors qu’il était ivre, le trentenaire avait indiqué qu’il ne se souvenait de rien hormis qu’il avait pu voler un portefeuille et qu’il avait effectivement voulu boire un peu d’eau dans la bouteille du vieil homme, car il avait « tellement, tellement soif ».
 

"Etat de santé précaire"

Jugé en comparution immédiate jeudi en état de récidive légale, le prévenu a, à forces de grands gestes et d’allers retours dans son box, nié avoir jamais voulu faire les poches du septuagénaire en expliquant qu’il ne « volait pas les vieux ». Interrogé sur son parcours, le trentenaire a expliqué qu’il était à la rue depuis dix ans et qu’il avait arrêté l’école en quatrième. À la barre, il a évoqué sa « copine », le fait qu’elle l’aime certains jours et d’autres pas en expliquant qu’il ne « comprenait pas » ces revirements.
 
Avant de requérir 18 mois de prison dont six avec sursis assortis d’un mandat de dépôt, le procureur de la République a affirmé que les faits reprochés au prévenu avaient été commis sur « une personne particulièrement vulnérable du fait de son état de santé précaire ». Le représentant du ministère public a par ailleurs justifié la sévérité de la peine requise au regard du casier judiciaire du prévenu qui a déjà été condamné à 22 reprises dont 20 fois pour des vols.
 
Des réquisitions qui ont abasourdi l’avocat de la défense, Me Fromaigeat, qui s’est dit « atterré » que son client soit poursuivi en comparution immédiate : « Il a soustrait une bouteille d’eau à un vieux monsieur et lui a rendu. Tout cela en plein jour et devant tout le monde. Il n’a aucune raison de mentir sur le reste ! »
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé le trentenaire au « bénéfice du doute » en déclarant que le dossier ne comprenait pas « assez d’éléments » pour caractériser l’infraction. Le septuagénaire, qui avait demandé 120 000 Fcfp au titre du préjudice moral, a été débouté.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 4 Juin 2020 à 18:58 | Lu 2525 fois