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11 ans après le crash d'Air Moorea : le procès débute


Le procès pour le crash d'Air Moorea ouvre ce lundi matin, à 8h30.
Le procès pour le crash d'Air Moorea ouvre ce lundi matin, à 8h30.
PAPEETE, le 5 octobre 2018. Le procès du crash d'Air Moorea, où 20 personnes ont perdu la vie, débute ce lundi. Il durera trois semaines. Pas moins de 137 personnes se sont constituées parties civiles. Sept prévenus comparaîtront.

Le 9 août 2007, vers midi, un Twin Otter de la compagnie Air Moorea qui venait de quitter l'île sœur s'est abimé en mer entre la pointe Faaupo et la passe de Vaiare, à l'extérieur du lagon. Il y avait à bord 19 passagers et un pilote. Aucun d'entre eux n'a survécu. Les recherches n'ont pas permis de retrouver les corps de cinq victimes.
Après plus de onze ans d'attente, les familles des victimes vont enfin pouvoir connaître les responsabilités de chacun dans le crash.

Le procès, qui débute ce matin, se déroulera jusqu'au vendredi 26 octobre. Pas moins de 137 parties civiles ont été enregistrées. Quatre-vingt personnes seront présentes. Trente-huit d'entre elles viennent spécialement en Polynésie française pour assister au procès.

Hier, le procureur général a accueilli au palais de justice les parties civiles présentes afin qu'elles puissent se familiariser avec les lieux et l'organisation avant l'ouverture du procès. La cour et les représentants du greffe étaient aussi disponibles pour répondre aux questions des parties civiles sur le déroulement du procès et sur son organisation matérielle.
Le procès aura lieu dans la grande salle d'audience du palais de justice, qui peut accueillir environ 150 personnes. Il sera aussi retransmis sur un écran dans la petite salle d'audience.

La décision sera mise en délibéré
Ce matin, l'audience commencera par une présentation générale du dossier avant les vérifications d’usage de l’identité des intervenants. Cet après-midi, les faits (circonstances objectives et témoignages) seront présentés. Demain, c'est l'enregistrement sonore du vol qui sera étudié avant que le tribunal fasse le point sur les ayants-droits des victimes de l'accident. Mercredi matin, une présentation de la compagnie Air Moorea sera faite avec un retour sur les appareils qu'elle exploitait. L'après-midi sera consacrée aux prévenus : quelles étaient à l'époque leurs fonctions et leurs missions. Ils seront aussi interrogés.

Jeudi, le tribunal réalisera l’audition de témoins et détaillera, dans l'après-midi, le panorama des différentes causes envisagées de l’accident. Pour le cinquième jour du procès, les experts judiciaires, médecins et médecins légistes répondront aux questions sur une éventuelle défaillance médicale du pilote.

Le procès reprendra ensuite le lundi suivant, le 15 octobre. L'hypothèse d'une erreur de pilotage sera examinée. Les journées des 16 et 17 octobre, seront dédiées aux expertises sur la rupture du câble de gouverne de profondeur, qui serait à l'origine du crash. La journée de mercredi se terminera par un interrogatoire des prévenus.

Jeudi 18 et vendredi 19, les techniciens et pilotes seront présents pour répondre aux questions du tribunal et déterminer quels ont pu être les manquements dans la maintenance, l'entretien et le contrôle. Un résumé des rapports d’expertises sur les dysfonctionnements éventuels sera présenté vendredi 19.

La dernière semaine débutera par les auditions des responsables techniques cités par la défense, ainsi que les auditions des responsables actuels d'Air Tahiti. La journée du mardi 23 sera entièrement consacrée aux plaidoiries des avocats des parties civiles. Le mercredi 24, le ministère public fera son réquisitoire. Les plaidoiries de la défense sont prévues le jeudi 25 octobre. La décision du tribunal correctionnel ne sera pas rendue à l'issue du procès : elle sera mise en délibéré.

L'association polyvalente d'actions judiciaires, qui vient en aide aux victimes, sera présente tout au long du procès pour apporter un soutien psychologique aux familles.




Les prévenus

Sept personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel du chef d’homicides involontaires au préjudice des vingt victimes. Il s'agit d'abord des sept responsables d’Air Moorea, du service d’Etat de l’Aviation civile en Polynésie, et du Groupement pour la sécurité de l’aviation civile : Freddy Chanseau, Jacques Gobin, Jean-Pierre Tinomano, Didier Quemeneur, Stéphane Loisel, Guy Yeung et Andriamanonjisoa Ratzimbasafy. Ces prévenus encourent des peines de 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende (5.4 millions de Fcfp),
Il y aura d'autre part la société anonyme Air Moorea, personne morale. La personne morale encourt 225 000 euros d'amende (26.8 millions de Fcfp).

Les victimes

Michel Gauché, né en 1944
Jean-Paul Moorea, né en 1945
Jean-Pierre Pierard, né en 1946
Claudio Lillini, né en 1951
Rodney Page, né en 1953
Wendy Page, née en 1954
Hermann Trafton, né en 1956
Bruno Druet, né en 1958
Didier Laurier, né en 1958
Sylvia Teahamai, née en 1963
Eric Sesboüe, né en 1963
Pierre Coissac, né en 1965
Philippe Taputuarai, né en 1969
David Corre, né en 1972
Hélène Lia, née en 1974
Moetia Fourreau, née en 1975
Frédéric Donzel, né en 1970
Chi Ping Lau, né en 1976
Guillaume Ratte, né en 1978
Michel Santurenne, né en 1954

Un procès "hors norme"

En raison du caractère "hors norme " de ce dossier, la chancellerie a accordé le "label procès sensible" à ce rendez-vous très attendu devant la justice par les proches des victimes. Ce dispositif spécial permet notamment une avance totale des frais de transport et de nuitée pour les parties civiles vivant hors de Polynésie française par le ministère de la Justice.

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 8 Octobre 2018 à 01:00 | Lu 1697 fois