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10 ans requis en appel contre Yannick Mai


Tahiti, le 16 mars 2023 – Après plusieurs rebondissements procéduraux, le procès de l'ancien guide touristique, Yannick Mai, s'est déroulé devant la cour d'appel jeudi matin. Alors qu'il est poursuivi pour avoir importé un peu plus de six kilos d'ice dans le cadre d'un trafic organisé avec Moerani Marlier en 2017, dix ans de prison ont été requis à son encontre. En première instance, Yannick Mai avait écopé de neuf ans ferme.
 
Au terme de nombreux revirements judiciaires, l'ancien guide touristique Yannick Mai a comparu devant la cour d'appel jeudi matin pour répondre de l'importation, en 2017, de six kilos d'ice dans le cadre d'un trafic organisé, selon l'accusation, avec le récidiviste, Moerani Marlier.
 
Mais pour comprendre le contexte dans lequel Yannick Mai était jugé, encore faut-il remonter à la genèse de cette affaire, soit au 10 juin 2017 lorsque l'ancien guide touristique avait été interpellé à l'aéroport de Los Angeles en possession de 3,7 kilos de drogue. Cette arrestation était intervenue alors que Yannick Mai faisait l'objet d'une enquête préliminaire diligentée sur le territoire dans le cadre de laquelle il était soupçonné d'avoir coorganisé un important trafic de stupéfiants avec le récidiviste Moerani Marlier. Condamné à 37 mois de prison aux États-Unis, Yannick Mai avait été condamné en son absence, en 2018, par la justice française à dix ans de prison lors du procès en première instance. 

En 2020, lors de son retour sur le territoire, l'ancien guide touristique avait fait opposition à ce jugement et avait cette fois été condamné par le tribunal correctionnel à neuf ans de prison ferme. Après avoir fait appel de cette décision, son avocat avait obtenu l'annulation de la procédure devant la cour d'appel qui avait donc ordonné sa mise en liberté. Cette décision avait fait l'objet d'un pourvoi formé par le parquet général et la Cour de cassation avait annulé l'arrêt et renvoyé Yannick Mai devant la même cour autrement composée. 
 
“Pudeurs de jeune fille”
 
En juin 2022, alors qu'il était libre et donc dans l'attente de son procès en appel, Yannick Mai avait été interpellé dans le cadre de l'importation de 300 grammes d'ice par voie postale aux côtés de deux autres personnes. C'est donc détenu pour cette autre affaire qui fait actuellement l'objet d'une information judiciaire qu'il a comparu devant la cour d'appel jeudi matin. Alors qu'il avait toujours nié une quelconque participation dans le trafic, Yannick Mai a reconnu jeudi à la barre de la cour d'appel qu'il s'était livré en avril 2017 à une importation de “300 ou 400 grammes” sous la contrainte, selon lui, d'un Moerani Marlier qui l'aurait à l'époque menacé avec une arme. 
 
Lors de ses réquisitions, le procureur général a porté une lourde charge contre le prévenu qui a des “pudeurs de jeune fille” dès qu'on lui parle de trafic de stupéfiants. “Même si cela ne plaît pas à la défense, je rappelle que M. Mai est actuellement de nouveau impliqué dans une affaire de trafic d'ice. Au travers des auditions des mis en cause mais aussi de celles de son fils, il est clairement impliqué comme ayant été la tête de réseau.” Avant de requérir dix ans de prison ferme, le procureur général a tenu à rappeler que Yannick Mai, qui n'est pas consommateur d'ice, avait agi par “appât du gain” : “À la barre, il nous parle de ses enfants et ses petits-enfants mais pensait-il à eux quand il vendait cette merde ? Je lui demande un peu de décence”, a asséné le représentant du ministère public en guise de conclusion. 
 
Primodélinquant
 
Face à ces réquisitions de peine maximale, l'avocate de Yannick Mai, Me Isabelle Nougaro a dénoncé un dossier dans lequel tous les autres mis en cause avaient essayé de “faire porter le chapeau” à son client : “Il n'a jamais été entendu dans le cadre de l'information judiciaire. La première fois qu'il a été entendu, c'était en 2020 lorsqu'il est revenu des États-Unis après sa détention et à l'issue de l'exécution du mandat de d'arrêt et après que tout le monde l'a mis en cause. L'ensemble des protagonistes de l'affaire Marlier avait en effet décidé que mon client était l'organisateur de l'ensemble des importations, qu'il était à la tête du réseau et que finalement, les autres n'avaient pas grand-chose à se reprocher.” 
 
Sur la peine requise, l'avocate l'a estimée “excessive” : “Nous sommes sur des faits de 2017. Mon client n'a jamais été condamné, il n'est pas connu dans le milieu des stupéfiants. De plus, il a déjà effectué trois ans de détention aux États-Unis pour des faits que je considère identiques à ceux dont il fait l'objet en Polynésie. Il a déjà fait un an de détention provisoire, ce qui est énorme. Dix ans, c'est excessif à la fois sur sa personnalité, sur les faits qui lui sont reprochés, sur l'ancienneté de ces faits et sur la cohérence du quantum des peines prononcées dans ce type de dossiers”. La cour d'appel rendra sa décision le 6 avril. 
 

 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 16 Mars 2023 à 16:53 | Lu 3184 fois