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​Swac de Taaone : la société Boyer plaide son retour en course


PAPEETE, 19 mars 2019 - Après avoir été réintégrée dans l’appel d’offres du Swac de Taaone sur décision de justice en début d’année, la société Boyer a engagé une action en référé pour obtenir l’annulation des procédures de passation de deux des quatre lots de ce marché à des sociétés concurrentes. L’ordonnance du juge des référés est attendue pour ce mercredi matin au plus tard.

Le projet représente un investissement évalué à près de 3 milliards Fcfp. Le système de climatisation au moyen d’eau de mer des profondeurs (Swac) du Centre hospitalier de Polynésie française est censé entrer en exploitation dans le courant du troisième trimestre de 2020 et permettre au CHPF de réaliser une économie annuelle de l’ordre de 350 millions Fcfp, soit près du tiers de sa facture électrique. La capacité attendue de cette installation à terme est de 6 mégawatts de froid.

Après quatre tentatives infructueuses en 2013, 2014, 2015 et 2016, un appel d’offres avait été lancé en septembre dernier en vue de l’attribution des quatre lots de ce marché. Deux d’entre eux sont aujourd’hui au cœur d’un litige qui oppose l’entreprise Boyer et sa filiale Polynésie VRD à une société du groupe Vinci, la SAS Geocean, pour le lot  n° 1 "Ouvrages maritimes", et à la société Interoute, pour le lot n° 4 "Réseau secondaire".

L’instruction à l’audience de cette procédure de référé précontractuel a occupé le président du tribunal administratif durant toute la matinée de mardi. En jeu : la capacité pour la société Boyer de revenir dans la course pour deux marchés d’une valeur acceptée par le Pays de 2,17 milliards Fcfp pour le lot n° 1 et autour de 200 millions pour le lot n° 4.

Le marché des ouvrages maritimes, le lot n° 1,  correspond à la pose de 3 800 mètres d’une canalisation de polyéthylène de haute densité d’un diamètre de 710 mm, entre le littoral de Pirae et un point situé en mer à 890 mètres de profondeur au large. L’offre de la SAS Geocean a été retenue comme la meilleure techniquement pour cette réalisation.

Le marché du réseau secondaire s’intéresse à la pose d’une conduite à terre de 1500 mètres reliant le local technique du Swac, où doit se produire l’échange de froid, et le système de ventilation de la climatisation de l’hôpital.

Après avoir obtenu sa réintégration dans le marché, en janvier dernier, à l’issue d’une précédente procédure en référés, la société Boyer saisit aujourd’hui la justice administrative en urgence pour obtenir qu’il soit enjoint à la Polynésie française de différer la signature des lots n° 1 et n° 4 et d’annuler les décisions d’attribution de ces lots respectifs aux sociétés Geocean et Interoute.

Pour le lot n° 1, la société Boyer a présenté une offre évaluée à 1,1 milliard Fcfp. Une proposition extrêmement compétitive comparée à celles de ses concurrentes exprimées entre 1,9 et 2,17 milliards. L’offre est pourtant jugée par la Polynésie française comme anormalement basse et surtout techniquement trop peu étayée, voire "incohérente" et "inadaptée au besoin" exposé par le cahier des clauses techniques particulières du marché.

Les deux sociétés concurrentes disposent d’une expertise en matière d’installation de Swac. Boyer pour être à l’origine de celui de l’Intercontinental Bora Bora, la SAS Geocean pour celui du Brando de Tetiaroa.

Pour ce qui est du prix, l’avocat de Boyer a expliqué à la barre que, comparé à Geocean, son client économise près de 700 millions Fcfp sur le seul poste de l’importation depuis la France métropolitaine d’engins et d’équipements techniques lourds nécessaires au chantier.  

Pour ce qui est de la qualification technique de son offre, la société Boyer soulève un problème d’impartialité et de conflit d’intérêt entre l’assistant du maître d’œuvre, la société Airaro, et la SAS Geocean. Cette problématique d’impartialité est également soulevée pour contester l’attribution du lot n° 4 à Interoute.

Mais pour le représentant du Pays, "c’est le fouillis de l’offre de Boyer qui explique la faiblesse de sa note technique". Et pour ce qui est de la discrimination dont la société dit être victime dans la sélection des entreprises chargées de la réalisation du Swac du Taaone, il s’est contenté de rappeler que Boyer avait remporté en 2018 près du tiers (28 %) des marchés attribués par la Polynésie française.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 19 Mars 2019 à 16:10 | Lu 1541 fois