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​Plan de sauvegarde économique : Accords et désaccords


Tahiti, le 18 mars 2020 - Après avoir demandé à plusieurs reprises à rencontrer le gouvernement pour évoquer l'impact de la crise économique à venir, syndicats et patronat ont finalement été reçus par le président Édouard Fritch accompagné de quatre ministres, qui ont présenté les mesures envisagées par le gouvernement. Accords et désaccords en perspective.
 
Les partenaires sociaux ont présenté mercredi matin une liste de 15 mesures d'ordre général indispensables, selon eux, à la préservation sanitaire du fenua et à la sauvegarde des entreprises et des emplois. Huit heures plus tard, le gouvernement présentait sa copie.
 
Sept mesures communes
 
Le gouvernement a ainsi présenté onze mesures dans un « plan de sauvegarde économique ». Plusieurs d'entre elles font l'objet d'un consensus entre le Pays et les partenaires sociaux. C'est le cas notamment pour les moratoires en matière de paiement des cotisations patronales, sur le remboursement des emprunts contractés, l'accélération des paiements par l'administration et les établissements publics ou l'introduction des plusieurs produits sur la liste de PPN. Elles vont cependant encore faire l'objet de discussions quant à leur modalités d'application. Si certaines mesures étaient communes, celles relatives aux ménages et impliquant des baisses de tarifs sur les factures d'électricité, d'eau ou d'internet ne font pas partie des options gouvernementales. Les pistes visant à développer le numérique – télétravail, dématérialisation – sont écartées.
 
Confinement total et salaire garanti encore sur le tapis 
 
Mais ce sont les deux mesures – confinement total et instauration d'un salaire minimum garanti – qui avaient été considérées comme prioritaires par les partenaires sociaux qui ont cristallisé les débats. Les organisations syndicales et patronales plaçaient comme première mesure la nécessité de procéder au « confinement de l'ensemble de la population à compter du lundi 23 mars 2020 », à l'exception de quelques secteurs d'activité et services publics prioritaires. Une mesure radicale qui se justifiait par des impératifs sanitaires avant que la situation ne devienne intenable. Après 1h30 d'échanges, syndicats et patrons n'ont pas réussi à convaincre le gouvernement de l'impérieuse nécessité de la mesure alors que chaque jour compte. Une position qui s'est traduite par plusieurs mines dépitées à la sortie des discussions.
 
Les doléances des syndicalistes et patrons comprenaient aussi « la mise en place d'un revenu minimum de solidarité pour les salariés (…) et les entrepreneurs individuels en activité, mais empêchés de travailler ». Une façon d'évoquer, sans utiliser le nom, l'instauration rapide d'une allocation-chômage de 120 000 Fcfp alors qu'aucun gouvernement ne s'était résolu jusque-là à étudier cette possibilité. Sur ce point, le gouvernement a demandé à ce que la mesure soit chiffrée avant de prendre éventuellement une position. Les premières estimations faites par les partenaires sociaux tournent autour de 5 à 9 milliards de Fcfp par mois. Un chiffre qu'il va falloir affiner rapidement, une nouvelle réunion est prévue demain jeudi à 14 heures à la présidence.

Rédigé par Sébastien Petit le Mercredi 18 Mars 2020 à 22:40 | Lu 4113 fois