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​On n'arrête plus le virus


Tahiti, le 7 septembre 2020 – "Immunité collective", "changement de stratégie"… La journée de lundi a été marquée par des interventions assez inattendues des autorités sanitaires auprès des partenaires sociaux sur la stratégie de lutte contre l'épidémie de Covid-19, pendant que le nombre de cas continue d'augmenter au fenua.
 
"Le virus est là, le virus circule. Le combat pour empêcher le virus d'entrer n'est plus d'actualité. On est dans un combat d'organisation sanitaire pour accompagner ce qu'on espère le plus vite possible : une immunité de la population." Les propos comme ceux du vice-président du Medef, Olivier Kressmann ont émaillé la journée de lundi, au gré des différentes rencontres entre les partenaires sociaux et les autorités du Pays et de l'Etat. Des propos surprenant pour le grand public, assez nouveaux, notamment sur la notion "d'immunité collective", et parfois difficiles à entendre par les partenaires sociaux eux-mêmes. L'intersyndicale ayant notamment claqué la porte d'une réunion avec les autorités sanitaires du Pays lundi matin, lorsque ces derniers ont expliqué aux partenaires sociaux que le virus circulait désormais davantage en Polynésie qu'en métropole, et que la fermeture des frontières n'était plus d'aucune utilité.
 
"Je laisse le Pays vous expliquer sa stratégie sanitaire pour les prochains mois. Nous on a eu du mal à tout assimiler. Mais il y a des gens qui s'en occupent et qui vont mettre en place les mesures sanitaires qui vont bien", a expliqué le président de la CPME, Christophe Plée, lundi après-midi à la présidence. Une stratégie que le représentant du patronat a tout de même résumé dans la foulée : "Il ne faut pas que l'hôpital et les structures de santé soient débordées d'un afflux massif d'un coup. Comprenez-bien qu'aujourd'hui, il n'est pas question de savoir s'il va y avoir des morts ou pas. Il y en aura. Malheureusement. C'est ce qu'on nous a expliqué. Mais le discours a changé. Le Covid est là. La propagation est là. Malheureusement, il ne faut pas que le nombre de personnes qui arrivent au CHPF soit trop nombreux par rapport à la capacité à les soigner. Voilà, ce n'est pas une bonne nouvelle, mais c'est la réalité."
 
Progression plus rapide qu'en métropole
 
Côté Pays, le point presse sanitaire du lundi a été reporté au vendredi en raison des négociations avec l'intersyndicale. Pas d'explication officielle sur une "nouvelle stratégie" sanitaire. De sources sanitaires au Pays, on confirme néanmoins que la circulation active du virus ne permet plus d'imaginer endiguer l'épidémie à court terme. Et qu'il s'agit désormais en priorité d'éviter la contamination des personnes à risque pour ne pas saturer les services hospitaliers et de tenter ensuite de freiner la propagation du virus en renforçant toujours les gestes barrières.
 
Lundi, le bilan du bureau de veille sanitaire faisait état de 711 cas depuis le 15 juillet, soit 0,26% de la population en Polynésie française contre 0,23% de la population testée positive sur la même période au niveau national. La métropole où les experts alertaient lundi sur le "taux de positivité des tests" de 5,1%. Il s'agit du nombre de personnes testées positives sur le nombre de personnes testées, sur sept jours. Or en Polynésie française, selon les chiffres du bureau de veille sanitaire, ce taux de positivité varie de 4,9%, si l'on tient compte des auto-tests des arrivants au fenua, à 10,5% si l'on ne comptabilise pas ces auto-tests menés en doublon et dont les autorités sanitaires ont expliqués qu'ils étaient très largement négatifs.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Lundi 7 Septembre 2020 à 22:34 | Lu 4345 fois