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​Manuel Valls sur les essais nucléaires : “Demander pardon pourrait grandir la France”


Photo : AFP
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Tahiti, le 13 mai 2025 - Dans le cadre des auditions de la commission sur la politique française d’expérimentation nucléaire et ses conséquences en Polynésie française, c’est le ministre des Outre-mer, et ancien Premier ministre du président François Hollande, qui a été entendu dans la nuit de lundi à mardi en Polynésie. Il a soutenu les propositions d’étendre la liste des pathologies radio-induites, de céder à la Polynésie l’abri de protection des populations de Tureia et s’est prononcé “à titre personnel” en faveur d’une demande de pardon de l’État à la Polynésie française pour les essais nucléaires.
 

Séance capitale la nuit dernière à l’Assemblée nationale où la commission sur la politique française d’expérimentation nucléaire et ses conséquences en Polynésie française recevait l’actuel ministre des Outre-mer, Manuel Valls.
 
Une audition qui a débouché sur plusieurs propositions du ministre qui devrait être discutées lors de sa venue prochaine “pendant l’été normalement”, a-t-il précisé. La première d’entre-elles est son soutien à l’extension de la liste des pathologies radio-induites. “L’extension de la liste des pathologies radio-induites représente un chantier prioritaire. En revanche, il ne m’appartient pas de déterminer quelles pathologies peuvent avoir un lien avec les essais. Aujourd’hui sont reconnues 23 pathologies. Il faut un élargissement de la liste sur la base de travaux scientifiques internationaux, ce qui évitera toute remise en cause. Il existe un comité aux Nations Unies qui doit rendre une publication en 2026. Tout le monde recommande d’attendre cette publication du comité scientifique des Nations Unies”, a-t-il expliqué.
 
La seconde annonce, est celle de la restitution de l’abri de protection des populations construit sur l’atoll voisin de Moruroa, Tureia. “Il a pour vocation à devenir un lieu de mémoire. Il doit aussi faciliter une transmission aux jeunes générations”, a détaillé le ministre qui explique pour sa part qu’il faut “assumer les choix du passé. La France est redevable à la Polynésie. Il y a un devoir de mémoire : reconnaître les faits et honorer les victimes”.
 
Aussi souhaite-t-il que l’État mette “à disposition tous les biens et documents utiles au projet scientifique du site”. “Nous n’avons pas peur de la mémoire. Et si nous avons peur, nous risquons d’alimenter les mouvements de séparation”, a-t-il précisé. L’État procédera à des travaux de sécurisation de l’abri en amont de la cession de la propriété des bâtiments.
 
Mais alors que Mereana Reid Arbelot l’interrogeait sur le pardon de la France, attendu de François Hollande puis d’Emmanuel Macron lors de leur passage, le ministre des Outre-mer a été très clair. “À titre personnel, je n’ai aucun problème là-dessus, mais l’État, ce n’est pas moi. Sur un dossier aussi sensible, c’est au président de la République de répondre. À titre personnel, je pense que la France se grandit, elle est plus belle, quand elle est juste et qu’elle assume ses responsabilités. Demander pardon pourrait grandir la France.”

Jamais un haut responsable de l’État, encore moins ancien Premier ministre et ancien candidat à la présidentielle, n’avait tenu de tels propos. Un premier signe qu’il reste, un jour, à concrétiser.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mardi 13 Mai 2025 à 18:39 | Lu 5157 fois