
Le stock de vapoteuses confisquées dans un collège illustre l’ampleur du problème (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 16 juin 2025 – Aromatisées et modernes, les cigarettes électroniques s’invitent dans les établissements scolaires, parfois dès le primaire. L’équipe de direction d’un collège de Tahiti a accepté de se confier sur ce phénomène qui prend de l’ampleur depuis plusieurs mois. La fédération des associations des parents d’élèves en appelle à la responsabilité des familles, mais aussi des pouvoirs publics.
Avec des arômes qui pourraient être ceux de bonbons et un design à la pointe de la technologie, les cigarettes électroniques séduisent des consommateurs de plus en plus jeunes. Les vapoteuses, ou vapos, ne sont pourtant pas des objets anodins face aux risques d’addictions. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la banalisation de ces inhalateurs est “préoccupante” : “Les données indiquent que ces produits ne sont pas sans danger et sont nocifs pour la santé. (...) Si leurs effets à long terme sur la santé ne sont pas entièrement connus, nous savons toutefois que ces produits génèrent des substances toxiques, dont certaines sont à l’origine de cancers et d’autres augmentent le risque de troubles cardiaques ou pulmonaires.”
Les établissements scolaires n’échappent pas à ce phénomène de société. À Tahiti, comme dans les îles, la lutte contre le vapotage prolifère au point d’empiéter sur les missions premières du personnel éducatif. “On est facilement sur 10% des élèves qui ont été surpris en possession ou en train d’utiliser une vapo”, confie le principal d’un collège accueillant 600 mineurs, pour lesquels la vente est interdite. “On a des cas toutes les semaines. À chaque fois, on reçoit les parents pour signifier la sanction, qui va de l’avertissement jusqu’à l’exclusion temporaire de plusieurs jours en cas de récidive. Le phénomène s’amplifiant depuis le début de cette année scolaire, au retour des vacances de Noël, on a alerté les familles avec un mot dans le carnet et sur Pronote pour leur dire qu’on serait très vigilants, mais malgré tout, ça continue”, poursuit-il.
Avec des arômes qui pourraient être ceux de bonbons et un design à la pointe de la technologie, les cigarettes électroniques séduisent des consommateurs de plus en plus jeunes. Les vapoteuses, ou vapos, ne sont pourtant pas des objets anodins face aux risques d’addictions. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la banalisation de ces inhalateurs est “préoccupante” : “Les données indiquent que ces produits ne sont pas sans danger et sont nocifs pour la santé. (...) Si leurs effets à long terme sur la santé ne sont pas entièrement connus, nous savons toutefois que ces produits génèrent des substances toxiques, dont certaines sont à l’origine de cancers et d’autres augmentent le risque de troubles cardiaques ou pulmonaires.”
Les établissements scolaires n’échappent pas à ce phénomène de société. À Tahiti, comme dans les îles, la lutte contre le vapotage prolifère au point d’empiéter sur les missions premières du personnel éducatif. “On est facilement sur 10% des élèves qui ont été surpris en possession ou en train d’utiliser une vapo”, confie le principal d’un collège accueillant 600 mineurs, pour lesquels la vente est interdite. “On a des cas toutes les semaines. À chaque fois, on reçoit les parents pour signifier la sanction, qui va de l’avertissement jusqu’à l’exclusion temporaire de plusieurs jours en cas de récidive. Le phénomène s’amplifiant depuis le début de cette année scolaire, au retour des vacances de Noël, on a alerté les familles avec un mot dans le carnet et sur Pronote pour leur dire qu’on serait très vigilants, mais malgré tout, ça continue”, poursuit-il.
“Ça devient infernal à gérer en interne”
L’ampleur du phénomène est telle que les établissements du secondaire, lycées inclus, se retrouvent avec des cartons pleins de vapoteuses. Rien que pour ce collège, une cinquantaine d’unités ont été confisquées cette année. “C’est un fléau qui est en train de nécroser les établissements : en comparaison, on n’a confisqué du paka que sur deux élèves”, remarque la principale adjointe, lassée par cette situation. “On perd notre temps : on a l’impression d’être des policiers. On fait des fouilles visuelles aléatoires en demandant aux élèves d’ouvrir leurs sacs. On en est au stade où les élèves mettent en place des stratagèmes : les plus grands confient les vapos aux petits de 6e ; ils fument dans les toilettes et même en classe en vapotant dans leur gourde sous forme de défi avec un cas de pari d’argent ; certains en viennent à les cacher dans leur short pour les garçons ou dans leur soutien-gorge pour les filles, sachant qu’on ne pourra pas les toucher.”
“Ça devient infernal à gérer en interne, en sachant qu’on reçoit les parents à chaque fois. La plupart ne demandent pas à récupérer la vapo : ils sont même outrés d’apprendre que leurs enfants sont en possession de ces modèles de luxe rechargeables. Mais on sait que d’autres partagent leur vapo avec leurs enfants. On a aussi eu un cas où un parent qui venait récupérer la vapo confisquée à son enfant a agressé verbalement le principal parce qu’on ne pouvait pas répondre à sa demande tout de suite. Une plainte a été transmise au Procureur”, mentionne sa collègue, encore abasourdie par les proportions de cette affaire. Autre point, et non des moindres : l’équipe de direction doit se charger du stockage, mais aussi de l’évacuation de ces déchets électroniques potentiellement dangereux.
Si le chef d’établissement a accepté de témoigner – sous couvert d’anonymat pour ne pas stigmatiser son collège plus qu’un autre, mais avec l’accord de la DGEE –, c’est pour interpeler et sensibiliser les parents sur ce geste qui tend à se banaliser. “On communique beaucoup avec les élèves et les familles pour qu’ils comprennent que malgré le côté ludique, ça n’apporte rien de bon pour eux. On est mobilisés et actifs sur le sujet, mais on souhaiterait que toutes les familles soient aussi inquiètes que nous. On ne juge pas, mais tout seul, on ne peut pas tout faire. Vérifier le contenu du sac de son enfant, ce serait déjà bien : quand on a un vapo mais plus de stylo, on n’est pas dans les meilleures conditions d’apprentissage”, remarque le principal. Au-delà de la prévention, le fait que les sanctions puissent aussi relever du cadre légal avec des verbalisations et des amendes est une autre piste suggérée pour tenter de “calmer” cette flambée en milieu scolaire.
Dès le primaire
Si les collèges et les lycées sont plus particulièrement concernés, les cigarettes électroniques commencent à se frayer un chemin dans les établissements du premier degré, où des élèves ont été surpris à vapoter. “Nous avons des signalements un peu partout autour de Tahiti, en ville comme à la Presqu’île”, déplore Tahia Chung Tien, présidente de la fédération des associations des parents d’élèves, qui a récemment relayé un message de prévention à ce sujet sur les réseaux sociaux. “C’est très tôt... On encourage les parents à regarder ce qu’il y a dans le sac de leurs enfants et à ne pas oublier qu’ils sont leur modèle. Les dangers du tabac font partie des messages de sensibilisation en milieu scolaire, mais il faut aussi sensibiliser les parents. Des APE mènent déjà des actions en ce sens avec le soutien d’associations, comme la fédération de lutte contre les drogues et la toxicomanie”. Outre les parents, la représentante en appelle aussi aux pouvoirs publics. “Le projet de loi du Pays relative à la lutte contre le tabagisme est passé en urgence au Cesec (avis favorable rendu le 27 mai dernier, NDLR) et on attend qu’il passe à l’assemblée. On appelle les autorités à accélérer la mise en œuvre de ces mesures de façon à pouvoir protéger nos enfants.”